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Campements propalestiniens : de l’autre côté du miroir

L’organisme StandWithUs Canada, qui a pour mission de « soutenir Israël » et de « combattre l’antisémitisme », a organisé une manifestation adjacente aux campements étudiants du campus de l’Université McGill le 2 mai dernier. Selon lui, environ 500 personnes se seraient présentées pour témoigner de leurs craintes en lien avec la montée de l’antisémitisme au cours des derniers mois.

« Le mouvement palestinien n’est pas intrinsèquement antisémite, explique le directeur général de StandWithUs Canada, Jesse Primerano. Nous croyons en l’autodétermination et en la liberté du peuple palestinien. Nous ne manifestons pas contre cela, nous manifestons contre la forme que ce mouvement a prise. »

M. Primerano souligne que des propos tels que « From the river to the sea », « Glory to our martyrs» ou « Globalize the Intifada » heurtent la mémoire des personnes juives et augmentent le sentiment de crainte chez des étudiant·e·s qui ne se sentent déjà pas en sécurité.

Bien que StandWithUs Canada ait une mission d’éducation non partisane, il fournit activement des ressources aux étudiant·e·s afin d’augmenter la portée de ses revendications. Le directeur général précise que l’organisme n’est pas au front pour soutenir un côté en particulier ou un gouvernement plutôt qu’un autre. Sur la présence de drapeaux israéliens au sein des rassemblements, il affirme que contrôler qui apporte quoi à quel moment est difficile.

M. Primerano désire cependant voir les campements propalestiniens démantelés. « Plusieurs slogans qu’on y retrouve sont antisémites, estime-t-il. De plus, occuper un terrain d’une telle manière est contre la politique de l’Université. » À la question de savoir si des parallèles sont à faire entre les tactiques illégales du mouvement palestinien aujourd’hui et les moyens illégaux ayant été utilisés pour sauver la vie des personnes juives au cours du 20esiècle, le directeur général ne désire pas se prononcer.

Vue d’ensemble

illustration voix juives

Une conversation entre les groupes propalestiniens et les groupes proisraéliens devrait avoir lieu, selon M. Primerano. « Les deux groupes militants partagent les mêmes valeurs pacifiques, nous croyons aux mêmes choses, assure-t-il. Ce sur quoi les deux parties ne sont pas d’accord, c’est la question de savoir qui blâmer pour le manque de liberté. L’incapacité d’avoir une conversation ne fera que créer un fossé supplémentaire. »

Pour ce qui est de l’État d’Israël, StandWithUs Canada estime que se réserver le droit de critiquer la politique, les décisions et les actions du gouvernement est tout à fait juste, de la même manière qu’engager une réflexion analytique du gouvernement canadien ne signifie pas nécessairement être anticanadien. La différence, selon l’organisme, se fait ressentir lorsque sont proférés des appels pour la destruction du seul état juif dans le monde.

Le musée ajoute sa voix

Dans le contexte des mouvements étudiants, le Musée de l’Holocauste Montréal a également organisé le 2 mai dernier une conférence intitulée « Enseigner l’Holocauste et apprendre ce qu’est l’antisémitisme ».

La directrice adjointe du musée, Audrey Licop, partage le même point de vue que son homologue de StandWithUs Canada. « Le débat, c’est correct, acquiesce-t-elle. J’aimerais qu’on sache et qu’on accepte ce qu’est un débat. Ce n’est pas de gagner un match, mais de s’écouter, d’opposer des arguments et peut être nous-mêmes d’avancer en entendant comment l’autre pense. Ce n’est que progresser. »

Elle ajoute également avec entrain que la communauté juive montréalaise n’est pas une entité uniforme. Elle explique, par exemple, que le musée n’entretient pas nécessairement de liens avec le regroupement Voix juives indépendantes, dont certains membres ont rejoint les campements propalestiniens. D’un point de vue personnel, elle avoue également ne pas être en accord avec l’entièreté de son message non plus.

 « Deux Juifs se rencontrent, ils discutent, et à la fin de la conversation, ils ne font pas deux partis politiques, mais trois », illustre avec humour la directrice adjointe pour qualifier les points de vue divergents au sein de la population juive.

À la recherche de réponses, nombreux sont celles et ceux qui se précipitent vers le musée, particulièrement depuis six mois. En attendant, le conflit israélo-palestinien continue d’envahir l’imaginaire des communautés et l’écho se fait entendre à plusieurs coins de rue de la ville.

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