« Ça a été un chantier pour que tous les groupes de supporters s’entendent » : les avis divergent sur la nouvelle identité du CF Montréal

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Par Romeo Mocafico
mardi 9 mars 2021
« Ça a été un chantier pour que tous les groupes de supporters s’entendent » : les avis divergent sur la nouvelle identité du CF Montréal
Une pétition a notamment été lancée afin que le club conserve son ancien nom, l'Impact de Montréal. Crédit : abdallahh via Flickr, CC BY 2.0
Une pétition a notamment été lancée afin que le club conserve son ancien nom, l'Impact de Montréal. Crédit : abdallahh via Flickr, CC BY 2.0

L’Impact de Montréal a officiellement laissé sa place au Club de foot de Montréal le 14 janvier dernier. Le revirement stratégique du club de soccer, qui inclut un nouveau nom et un nouveau logo, n’est pas du goût de tous, et de nombreux supporters historiques continuent de faire entendre leur mécontentement dans une lettre adressée à la direction. André Opzoomer, taulier du collectif 1642 MTL, fait part du ressenti de son groupe et explique les divergences qui peuvent exister au sein même des groupes de supporters.

Propos recueillis par Romeo Mocafico

Quartier Libre : Le club a adopté un nouveau nom et un nouveau logo. Que pensez-vous de ce changement d’identité ?

André Opzoomer : On a retiré une partie de notre histoire, de notre fierté, pour un logo qui ne représente pas tellement la ville. Ça ne rime à rien pour la plupart des Montréalais. Le nouveau logo est beaucoup plus petit, il n’est pas très représentatif de Montréal. Tout le rebrand est basé sur le froid, avec le flocon de neige. J’ai l’impression qu’on amplifie un cliché. Le soccer est un sport qui se joue l’été. C’est surtout le fait de ne pas avoir pu collaborer pour l’un des grands chantiers de notre club qu’on trouve très triste.

Q. L.: Vous n’avez pas été consultés en amont de cette décision ?

A. O. : On n’a pas été consulté en amont. C’est dommage, car on aurait pu aider. On est des clients réguliers, on fait des kilomètres pour voir le club. On a un sentiment d’appartenance à celui-ci. 

On est un groupe qui a une grande fierté d’avoir collaboré avec le club dans le passé, que ce soit pour la cloche (1642 MTL fait retentir une cloche dans les tribunes à chaque but marqué, NDLR) ou au niveau de l’usage correct des fumigènes dans le stade. À l’époque, par exemple, au moment où est venu le temps de réguler cette affaire, on s’est assis avec le club, avec le service d’incendie de Montréal, puis on a collaboré avec eux.

Q. L.: Ces sentiments sont-ils partagés par l’ensemble des groupes de supporters ?

A. O. : Je ne peux pas vraiment parler pour les ultras 127 ni pour tous les autres groupes signataires de la lettre. Eux ont leur manière de voir les choses. Ça a été un chantier pour que tous les groupes de supporters s’entendent, car nous avons tous nos idéologies. Les ultras et les supras font leurs choses de leurs côtés, et nous, nous faisons les choses différemment.

Nous sommes plutôt collaboratifs, plutôt ouverts aux différents points de vue. Dans notre groupe, nous avons des personnes qui sont pro-rebranding et d’autres qui sont en défaveur de ce qu’il se passe. Nous sommes capables de vivre avec des membres qui ont des opinions divergentes.

Q. L.: Qu’implique cette position pour votre groupe ?

A. O. : Notre prise de position fait que nous allons probablement perdre des membres. Nous sommes conscients de l’image que nous avons, à savoir celle d’un groupe collaborateur. Pour certaines personnes, ça ne fait pas de vagues, mais pour d’autres…

Q. L.: Une pétition a également été lancée pour que le club garde son ancien nom. Avez-vous le sentiment d’avoir été entendus par la direction du club depuis la sortie de la lettre et des différentes actions entreprises par les groupes de supporters ?

A. O. : Non. Il n’y a pas eu de retour de la direction par rapport à la lettre. De notre côté, nous voyons le dialogue comme une force. Nous en parlons à l’Association indépendante des groupes de supporters, qui défend nos intérêts. Nous discutons aussi avec les autres groupes de supporters, nos alliés. Nous avons envoyé une lettre à tous nos interlocuteurs réguliers pour pouvoir nous asseoir avec eux. Nous attendons la suite.

Q. L.: Allez-vous continuer à appeler le club l’Impact de Montréal ?

A. O. : Oui, carrément. On va continuer à l’appeler l’Impact. Je te donne un exemple. Ça m’arrive de jouer le capo, c’est-à-dire que je suis la personne qui fait démarrer les chants dans le stade. Je peux te le dire tout de suite : il n’y a pas un chant qui va changer. « Allez l’Impact, on veut une victoire ! », ça ne changera pas.