Volume 22

«Lorsqu’on est une femme, jeune en plus, il faut prouver que l’on sait travailler fort.» – Daria Camilla Boffito postdoctorante en génie chimique à Polytechnique
Crédit photo : Isabelle Bergeron

Bûcher pour se démarquer

Spécialiste des biocarburants, Daria a déjà une carrière impressionnante à l’aube de ses trente ans. Elle a complété un doctorat en production de biodiésel en l’espace de trois ans à l’Université de Milan. Sa superviseure de l’époque, Claudia L. Bianchi, témoigne de la détermination de la jeune scientifique. « Elle voulait toujours terminer le travail le plus rapidement possible et était prête à faire des heures supplémentaires pour y arriver, relate-t-elle. En un mot, elle est chevronnée. » La doctorante est également récipiendaire de la plus prestigieuse bourse canadienne aux études postdoctorales, la bourse Banting, ce qui a confirmé son désir de rester à Montréal pour ses recherches.

« J’ai toujours été passionnée par la science , raconte Daria Camilla Boffito. Depuis l’école primaire, c’est mon domaine de prédilection. » Ce qu’elle aime le plus de son milieu, c’est son aspect concret, le fait de pouvoir apprécier les fruits de son travail rapidement. « En plus, cela me permet d’utiliser ma créativité », renchérit-elle. Daria entretient notamment sa passion pour l’écriture en rédigeant un livre sur l’art de la rédaction dans le domaine de la science.

Des inégalités encore tangibles

Pour ne laisser aucun préjugé lié à son sexe ou à son jeune âge la freiner, elle a mis les bouchées doubles.« Lorsqu’on est une femme, jeune en plus, il faut prouver que l’on sait travailler fort », juge-t-elle. Et elle en a convaincu plus d’un.« Elle sait où mettre ses énergies, confirme son superviseur au postdoctorat, Gregory Patience. Elle est vraie, dynamique et proactive. Lors de notre rencontre, j’ai tout de suite voulu travailler avec elle. »

Malgré ses efforts, Daria a déjà été victime ­d’étiquetage. « En Italie, et dans une récente entrevue aux États-Unis, on m’a demandé si j’étais mariée, avant même de m’interroger sur mon parcours professionnel ou académique », remarque-t-elle. Une telle question sous-tend selon elle, une peur des employeurs qu’une femme interrompe son travail en raison d’une grossesse. Par contre, elle souligne que c’est un phénomène répandu qui n’est pas propre à la science.

Claudia L. Bianchi pointe une autre réalité à laquelle font face les femmes du domaine ­scientifique. « Certaines femmes se sentent privilégiées d’avoir fait leur place dans le domaine et ont ainsi moins tendance à négocier leurs conditions de travail lors de leur entrevue », soutient-elle. Daria, elle, a la chance d’avoir obtenu des bourses, ce qui ne la place pas dans un tel contexte, du moins pour le moment.

Daria Camilla reste tout de même optimiste concernant la place des femmes dans le monde de la science. « Un superviseur de doctorat est déjà assez occupé, il ne se souciera même pas du fait que son élève soit un homme ou une femme », dit-elle à la blague. Gregory Patience estime, lui aussi, ne pas faire de distinction entre les sexes. Selon lui, c’est d’abord l’ardeur au travail qui est la clé du succès dans le domaine scientifique.

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