Les femmes constituent une minorité en mathématiques. Cette session-ci à l’UdeM, les femmes représentent 35 % des étudiants au baccalauréat en mathématiques fondamentales. Les chiffres chutent à 15 % pour la maîtrise et 18 % pour le doctorat.
Cette réalité se transpose dans la plupart des programmes de sciences pures. Les mathématiques sont en cinquième position des programmes avec le moins de femmes à l’UdeM, derrière le baccalauréat en philosophie (26 %), en génie (22 %), en physique (16 %) et en informatique avec (11 %).
En 2005, le président de l’Université Harvard, Lawrence Summers, affirmait que ce sont des différences innées entre femmes et hommes qui font que moins de femmes réussissent en sciences pures. La controverse provoquée par sa déclaration l’a forcé à démissionner de manière prématurée l’année suivante.
Dans plusieurs universités aux États-Unis, au Massachusetts Institute of Technology et à Princeton par exemple, des réseaux de femmes en mathématiques se sont formés au cours des dernières années pour offrir du soutien aux étudiantes.
Un premier réseau nommé Femmes en Math Montréal vient d’être créé dans la métropole par Edith Viau, une étudiante en deuxième année au baccalauréat en mathématiques pures à l’UQAM. Entrevue avec la fondatrice du groupe pour comprendre ses motivations
Quartier Libre : Qu’est-ce qui vous a incité à créer le groupe « Femmes en Math Montréal»?
Edith Viau: Les femmes sont une minorité en mathématiques pures, et mes expériences au quotidien m’ont fait me rendre compte que parfois nous pouvons être plus à l’aise de partager nos idées et travailler entre nous. Le groupe est là aussi pour rendre hommage à l’histoire et à la place des femmes en mathématiques. Je trouve que les découvertes des femmes en mathématiques ne sont pas assez mises de l’avant.
QL : Quelle est votre vision pour le groupe ?
EV: Le réseau est un projet participatif. Il y aura un noyau de quelques personnes qui s’occuperont de la coordination. À ce noyau se grefferont des projets proposés par les membres. Je pense par exemple à des conférences par des professeures en mathématiques, à des journées carrières, à des exposés dans les écoles secondaires ou dans les cégeps pour encourager les filles à aller en mathématiques, à un programme de mentorat ou encore à un blogue. Le réseau servira aussi de groupe de soutien.
QL : À qui le groupe s’adresse-t-il ?
EV: Femmes en Math Montréal est ouvert à toute femme en mathématiques à Montréal, que ce soit à l’UQAM, à l’UdeM, à Concordia ou à McGill. Les étudiantes au baccalauréat, autant que celles à la maîtrise, au doctorat ou encore les professeures sont les bienvenues.
QL : Qu’est-ce que ça signifie en fait être une femme en mathématiques ?
EV: La grande majorité du temps, il n’y a pas de problème. Les professeurs autant que les collègues sont très encourageants. Mais occasionnellement, je rencontre des préjugés et je sens que les hommes sont davantage mis de l’avant. Quand je dis que j’étudie en mathématiques, les gens présument que je suis en enseignement des mathématiques et non en mathématiques pures. Les études ont même démontré que les femmes autant que les hommes pensent que les femmes sont moins bonnes en mathématiques, alors je sens toujours que je dois en faire plus pour me prouver. Il y a une époque où ce sexisme était conscient. Je pense que de nos jours cette perception est à un niveau inconscient.
QL : Pourquoi y a-t-il peu de femmes en mathématiques ?
EV: D’après moi, c’est un cercle vicieux ; peu de femmes choisissent de s’inscrire en mathématiques, car il y a justement peu de femmes dans ce domaine. Les filles ne veulent pas aller dans un milieu dominé par les hommes, et il n’y a pas beaucoup de modèles féminins qui sont présentés aux jeunes. C’est comme dire aux femmes qu’elles ne peuvent pas réussir en mathématiques. En fait, tout est dans la perception. Je trouve que trop de gens sont mal informés sur le vrai visage des mathématiques.