Bras de fer alpin

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Par Chloé Dioré de Périgny
mercredi 13 février 2019
Bras de fer alpin
La pétition a été lancée le 27 janvier dernier. Crédit photo : Benjamin Parinaud.
La pétition a été lancée le 27 janvier dernier. Crédit photo : Benjamin Parinaud.
Les cégépiens encadrés par les Carabins ne peuvent désormais plus prendre part aux courses universitaires de la Fédération internationale de ski (FIS). Devant cette réduction des effectifs, des skieurs sont inquiets pour la survie du circuit universitaire.

En une semaine, la pétition « Sauvons le circuit universitaire de ski alpin », lancée par un groupe d’étudiants et d’acteurs du circuit universitaire a recueilli plus de 2 900 signatures pour soutenir les 17 cégépiens exclus des compétitions du Réseau du ski étudiant du Québec (RSEQ) en janvier dernier. « Laisser les cégépiens s’entraîner au sein des équipes universitaires est la meilleure option pour qu’ils continuent à pratiquer un sport au niveau élite tout en continuant leurs études », déclare l’ancien skieur des Carabins Vincent Lajoie, qui s’est entraîné avec eux.

Il explique qu’à la sortie du secondaire, la majorité des collégiens se retrouvent devant un vide pour concilier leur passion de la glisse et leurs études, car les cégeps n’ont pas d’équipes de ski. « S’ils arrêtent tous de s’entraîner pendant deux ans parce qu’ils ne sont pas assez motivés pour continuer dans leurs petits clubs de montagne, ils pourront difficilement reprendre une fois à l’université », avance Vincent. Les meilleurs skieurs pourront certes intégrer les équipes provinciales, mais selon lui, ces programmes restent trop exigeants pour pouvoir suivre des études à temps plein à côté. L’étudiant de HEC craint également qu’en réduisant les effectifs des courses universitaires, à terme, la pérennité du circuit soit menacée.

Les organisations réagissent

« Le circuit universitaire n’est nullement à risque ; il est là, il a toujours été là et continuera à être là, insiste le directeur général de Ski Québec alpin (SQA), Daniel P. Lavallée. On l’a dans nos cœurs et on continuera à l’accueillir. » Depuis plusieurs années, l’organisme qui supervise le ski alpin souhaite réduire les effectifs des cégépiens dans les courses universitaires. L’entente a été finalisée l’année dernière, mais aucun des collégiens encadrés par les Carabins et le Rouge et Or de l’Université Laval (UL) ne semblerait en avoir eu connaissance avant d’être mis au ban des compétitions des 19 et 20 janvier derniers, 24 heures avant le début des courses. L’évènement a mis le feu aux poudres. « L’entente était claire pour tout le monde quand elle a été signée en août 2018, soutient M. Lavallée. Pourquoi les parents d’élève n’ont pas été avertis ? Ça échappe à tout le monde et c’est scandaleux. »

Le président-directeur général du RSEQ, Gustave Roel, regrette qu’il y ait eu une mécompréhension sur la date d’application du nouveau règlement et que les collégiens n’aient pas été avertis plus tôt. « Le SQA a interprété qu’on devait l’appliquer dès cette année alors qu’on pensait pouvoir autoriser les cégépiens à concourir encore un an », déclare le représentant du ski étudiant. Il ajoute que le mandat de régir l’activité sportive appartient à SQA ; le RSEQ a beau représenter les universités dans cette situation, il doit se plier aux lois de la Fédération.

Une politique équitable?

M. Lavallée stipule que la réduction des effectifs cégépiens est une décision juste, car seuls les skieurs encadrés par les Carabins et le Rouge et Or de l’UL avaient le droit de participer aux courses universitaires de la FIS. « Quand les collégiens des autres clubs nous demandent pourquoi ils ne peuvent pas bénéficier du même droit, on ne sait pas comment leur répondre », dit le directeur général de SQA. Les collégiens pourront continuer à s’entraîner dans leur équipe universitaire, et auront l’embarras du choix pour leurs compétitions parmi les autres circuits fédérés, précise-t-il.

« Il est où le point de continuer à faire partie d’une équipe si tu ne peux pas participer aux compétitions ? », rétorque Vincent. Pour l’ancien skieur de l’équipe du Québec et de l’équipe canadienne de développement, le problème n’est pas le nombre de courses proposées, mais le fait de pouvoir bénéficier d’un encadrement sportif de haut niveau, tout en poursuivant ses études. C’est ce qu’offraient les programmes universitaires. « Le cégep est une phase difficile pour la plupart des jeunes et leur donner la possibilité de faire partie d’une équipe universitaire, c’était une belle transition », explique-t-il.

Chacun ses intérêts

Pour M. Lavallée, ce débat sur les effectifs concerne essentiellement la gestion des circuits. Il estime nécessaire que les universités comprennent leur réalité. Le directeur indique que lorsque les catégories d’âge de la FIS sont passées de 15 à 16 ans, le SQA a perdu 50 % de sa clientèle féminine et 40 % des hommes. « On veut travailler avec les universités, mais on a nos propres réalités, soutient-il. Répartir graduellement les effectifs cégépiens c’est éviter qu’il y ait trop de monde dans les courses universitaires et que cela cannibalise les autres circuits. »

Vincent confirme l’effervescence que connaissent les circuits universitaires, qui concentrent de plus en plus de talents. Il reconnaît les réalités de SQA, mais se désole que la Fédération empêche un circuit d’être accessible pour en garder un autre en vie, surtout quand il s’agit d’une meilleure option pour les athlètes désirant poursuivre leurs études.