Neuf pièces traversées par le bleu et la femme. C’est grossièrement résumé, mais en même temps, ce sont les références qui peuplent les chansons riches en textures de Bleu Jane. L’album est dense, a dit le musicien en entrevue au journal Le Devoir. Certes, on reste perplexe, dans l’énigme, mais nous sommes aussi assaillis par des images qui peuvent s’éloigner du terrain d’inspiration de Julien Sagot.
Ce n’est pas un album d’ambiance selon lui, pourtant, les ambiances s’entrechoquent, portées par une voix grave et des paroles torturées, remplies de perles allégoriques. Il y a quelque chose de sublimement glauque. On constate aussi que Sagot est un manipulateur de sons, car l’électronique se marie avec l’acoustique pour un résultat expérimental parfois grinçant.
Sur « Les sentiers de terre », les voix de Gainsbourg et Sagot se mélangent, rejointes par Frannie Holder (Dear Criminals). « Bleu corail électrique » donne envie de remettre au goût du jour l’amour par missive interposée. Avec « Les sentiers de terre » et « Ombres portées », s’imagine aisément un couple d’adolescents qui découvrent les joies de l’amour dans un sous-sol mal insonorisé ou un premier slow dans un gymnase mal décoré d’une série B. Images kitsch pour des chansons loin de l’être, mais avec une portée tellement unique que l’esprit peut bien lui associer ce qu’il veut. Et surtout, avec cette impression que tout peut basculer dans l’horreur.
L’univers est particulier et se découvre d’une nouvelle façon à chaque écoute. Parfois, notre oreille se fait distraite et d’autres fois, un élan nous secoue, par exemple, sur « Bleu Jane » qui donne presque le vertige. Dans cette création, un artiste original et audacieux s’illustre. Celui-ci sera sur la scène du Quai des Brumes pour un lancement gratuit, ce jeudi 6 avril.