Bienvenue au Paradis

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Par SarahEmilie.Nault
mercredi 29 septembre 2010
Bienvenue au Paradis
Journée portes ouvertes. Crédit: Gracieuseté Le Paradis.
Journée portes ouvertes. Crédit: Gracieuseté Le Paradis.

Avant 2005, la ville de Rimouski était un « no man’s land » culturel, jusqu’à ce que six organismes culturels investissent dans un vieux cinéma sur le point de fermer ses portes pour y créer le Paradis.

Les Montréalais croient toujours qu’il ne se passe rien en dehors de leur ville, dit Cybel Chagnon, responsable des espaces en location et des communications du Paradis et originaire de Montréal. Pourtant, il y a une grande offre culturelle dans les régions. C’est particulièrement vrai dans le Bas-du-Fleuve.» En effet, ça bouge à Rimouski. La ville compte notamment un festival de jazz, un festival de films pour enfants, et un salon du livre («le plus ancien au Québec», souligne Cybel Chagnon).

Journée portes ouvertes. Crédit: Gracieuseté Le Paradis.

Si les étudiants de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) et du cégep local de même que les Rimouskois et Rimouskoises peuvent se frotter aux arts en tous genres, c’est aussi grâce à la Coopérative de solidarité Paradis. Ouverte en 2005 dans un cinéma qui avait vu de meilleurs jours, l’endroit regroupe six organismes au but commun: stimuler la création et la diffusion d’oeuvres artistiques dans la région.

Le tout a débuté avec Claude Fortin et son centre de production et de diffusion de cinéma régional, le Paraloeil. Dès 2002, son organisme fait l’acquisition de l’Audito, un vieux cinéma tombé en difficultés avec l’arrivée d’un concurrent, et y offre des projections, en plus de formations en montage vidéo et en production. Depuis 2005, cinq autres organismes ont rejoint le Paradis : Caravansérail (art visuel), les Éditions du Berger Blanc (éditeur du journal Le Mouton NOIR), la Ligue d’improvisation de Rimouski, Tour de bras (musiques d’improvisation et arts sonores) et le Théâtre l’Exil.

«Les fondateurs n’ont eu aucune aide, aucune subvention, se rappelle Sarah Landry, agente de développement au Conseil de la culture du Bas-Saint-Laurent. Ils ont démonté les sièges de certaines salles un à la fois et ils se sont autofinancés. Mais, au début, c’était précaire.»

Vocation communautaire

Loin d’être un club fermé, le Paradis a choisi d’offrir ses services à la communauté rimouskoise. «Nous voulions que ce lieu puisse servir à d’autres que nous », dit Claude Fortin. Ainsi, le Paradis ouvre ses portes aux artistes en herbe, comme aux plus expérimentés. Sa salle rouge peut accommoder 225 personnes debout, tandis qu’à l’étage la salle bleue accueille 120 personnes dans les anciens sièges fixes du cinéma. « Attrait non-négligeable, le Paradis offre la seule salle de cinéma avec un permis d’alcool », affirme Cybel Chagnon. S’ajoutent à cela équipements, ateliers et formations. Les utilisateurs peuvent de plus compter sur cinq employés à temps plein, un gérant de café, douze membres de soutien et un organisme culturel de soutien. Aujourd’hui, près de 50 % des activités sont réalisées par des non-membres.

«C’est un lieu où les gens peuvent se rencontrer et qui permet une communauté artistique commune et colorée », explique Cybel Chagnon.

L’endroit a aussi donné un nouveau souffle à la vie culturelle de la région. Entre 1995 et 2005, Rimouski a connu un « un creux historique» en terme d’activités culturelles, raconte Sarah Landry. « Le Paradis a vraiment créé une industrie culturelle, surtout autour de Paraloeil, dit celle qui a également siégé sur le conseil d’administration du Paradis. On voit des cinéastes qui viennent s’installer ici, des couples d’artistes qui choisissent Rimouski ou des jeunes qui décident de ne pas partir. C’est difficile à quantifier, mais on le sent. » Elle ajoute que la majorité des artistes diffusés au Caravansérail et au Paraloeil provient de l’extérieur de la région.

Le Paradis a d’ailleurs reçu de nombreuses distinctions pour souligner son apport à la vie communautaire. En 2008, la Ville de Rimouski lui a remis le Prix organisme culturel rimouskois de 2008. L’organisme a aussi remporté en 2005 le Prix Cirque du Soleil qui souligne l’engagement culturel et social dans la communauté dans le cadre du Concours québécois en entrepreneuriat.

Maintenant, l’équipe du Paradis souhaite déménager ses locaux du quartier résidentiel où ils se trouvent vers le centre-ville, afin d’être plus accessible. Le déménagement permettrait aussi de sortir des locaux «beaux mais vieillots», comme les décrit Sarah Landry. Le projet est coûteux et les démarches s’annoncent longues. Et bien que la situation financière de l’endroit s’améliore, le Paradis, comme toutes les coops, n’a pas droit à des subventions gouvernementales. «On peut avoir des subventions pour l’équipement, explique Sarah Landry, mais les coops tombent dans un vide juridique.»

En collaboration avec Patrick Bellerose