Jacques-Olivier Chartier a participé à trois albums sous des étiquettes classiques reconnues. Il a additionné les prestations avec de prestigieux orchestres américains en plus de performer aux côtés de grands noms de la musique baroque. D’ici quelques jours, l’étudiant de 23 ans joindra sa voix de ténor à l’Orchestre métropolitain sous la direction de Yannick Nézet- Séguin, tout en terminant sa maîtrise en chant à l’UdeM. Portrait.
«Je vois ça comme une belle occasion d’apprendre mon futur métier », lance Jacques-Olivier Chartier quand on lui demande ce qu’il attend de sa collaboration du 22 décembre prochain, alors qu’il interprétera l’Oratorio de Noël de Jean-Sébastien Bach aux côtés de Yannick Nézet-Séguin.
Lui qui, à l’adolescence, prévoyait faire carrière en criminologie était loin de se douter qu’il aurait l’occasion un jour de vivre de sa passion. «C’est mon professeur de chant de l’époque qui m’a convaincu de m’essayer à l’université. Je suis un petit gars de la Mauricie. Je ne savais pas trop si ça allait fonctionner dans la grande ville.» Pourtant, à chaque Noël vers l’âge de quatre ans, Jacques-Olivier trépignait d’impatience en attendant le moment où il pourrait grimper sur la table pour pousser la note et épater la galerie. Cinq ans plus tard, il entre à la Maîtrise des petits chanteurs du Cap-de-la-Madeleine.
Depuis, il parcourt l’Amérique du Nord avec l’ensemble Les Voix Baroques aux côtés des réputés chanteurs Matthew White et Shannon Mercer. Trois albums enregistrés sous les étiquettes ATMA et Analekta figurent déjà dans sa discographie. Il donne des spectacles avec de prestigieux orchestres, dont le Portland Baroque Orchestra et le Pacific Musicworks de Seattle. Une feuille de route impressionnante pour un si jeune chanteur. «Je me sens choyé d’être encore aux études et de côtoyer tous ces musiciens extraordinaires», affirme-t-il.
Futur expatrié
Même si Montréal est une ville active sur la scène de la musique baroque, Jacques-Olivier est conscient que ce n’est pas le style le plus en vogue au Québec, ni ailleurs au pays. « En Amérique du Nord, on est très axé sur l’opéra, dit-il. La musique ancienne, c’est en Europe que ça se passe.» Dès l’année prochaine, le jeune ténor compte bien tenter sa chance outremer pour éventuellement y faire sa vie. «Je dois aller là-bas si je veux apprendre des plus grands maîtres comme Philippe Herrewege, un géant de la musique ancienne.»
«Je me pratique déjà à ne pas trop m’ennuyer », lance à la blague la mère de Jacques- Olivier, Paule Brunelle, rejointe par téléphone à son domicile de Champlain. Elle et son mari économisent pour leur fils depuis longtemps.
«Nous l’avons toujours beaucoup encouragé et s’il faut s’endetter, eh bien, on s’endettera! Il faut qu’il puisse découvrir d’autres styles et s’ouvrir l’esprit.» Un défi qu’est prêt à relever l’étudiant. «Je vais devoir travailler fort pour me tailler une place parmi les grands du métier, avoue Jacques-Olivier. C’est très difficile, mais une fois que c’est fait, c’est pour la vie.»