Volume 21

Bannir Facebook de l’UdeM?

Jouer sur son téléphone mobile ou se connecter sur Facebook durant les cours sont des activités quotidiennes pour beaucoup d’étudiants. Si certains se laissent facilement déconcentrer, faudrait-il pour autant bannir l’accès aux réseaux sociaux à l’UdeM ? 

À ce jour, il n’est pas question pour l’UdeM de bannir les sites comme Facebook ou Twitter de la connexion internet du campus.     « Ce n’est pas un projet qui est sur la table », affirme le porte-parole de l’Université, Mathieu Filion. Étudiants et professeurs règlent leur différend autour des réseaux sociaux en classe, sans que l’établissement intervienne. 

Pour l’étudiant à la maîtrise en philosophie Arnaud Theurillat-Cloutier, ce ne serait pas une mauvaise chose de les interdire. « Les gens sur Facebook me dérangent en classe, dit-il. Quand je vois un écran ouvert devant moi, ça me déconcentre. » L’étudiant fait partie des personnes qui n’ont pas de compte Facebook. Selon lui, un des problèmes des réseaux sociaux est d’accélérer les interactions sociales. « Nous sommes prisonniers de cette rapidité, de l’immédiateté, expose- t-il. Quand on ne répond pas rapidement à un texto ou à un message, les gens pensent qu’il y a un problème. » Il souhaite plus d’espaces où les gens prendraient le temps de réfléchir. 

D’autres étudiants possèdent un compte Facebook, mais ne peuvent pas s’y connecter pendant les cours. L’étudiant au baccalauréat en physique Marc-Antoine Demers explique qu’en classe, il travaille principalement avec du papier et un crayon. Au tableau, le professeur écrit des démonstrations que les étudiants doivent recopier. « On n’a tout simplement pas le temps d’aller sur Facebook pendant nos cours », assure-t-il. 

Contrairement à son collègue en physique, la coordonnatrice à la vie étudiante de l’Association étudiante en communication de l’UdeM (AECUM), Joliane Roy, est active sur Facebook pendant ses cours. Elle n’est pas d’accord quand on dit que le site empêche de bien saisir ce que dit un enseignant. Elle explique que les professeurs ont parfois de la difficulté à capter son attention. « Il faut que je fasse quelque chose de mes mains, raconte-t-elle. Au primaire et au secondaire, je gribouillais sur une feuille. Maintenant, Facebook, c’est ma feuille de papier. Ça me permet d’écouter le professeur. »

Même constat du côté de l’étudiant en troisième année du baccalauréat en droit Dominique Noël, qui avoue être « tout le temps sur Facebook » en cours. « J’ai plus de problèmes d’inattention quand je ne suis pas sur Facebook », révèle-t-il. Il dit avoir des conversations à plusieurs sur le chat du réseau social pendant les cours. « On se donne de l’information quand on comprend mal ce qu’un professeur vient de dire, ou sinon on s’in- forme sur les activités des étudiants en droit le midi ou le soir pour y participer », expose-t-il. Il assure toutefois avoir de bons résultats scolaires. Il juge que bannir le réseau social de l’Université est une mesure qui n’a pas sa place. « Nous n’avons pas à traiter les étudiants universitaires comme au secondaire », souligne-t-il. Selon lui, Facebook est un outil essentiel pour s’envoyer des notes de cours ou établir un réseau sur le campus. 

Un complément à Studium

Le professeur agrégé au Département de psy- chopédagogie et andragogie Bruno Poellhuber voit plusieurs possibilités dans les nouvelles technologies. « Elles peuvent être au service de l’apprentissage et avoir une contribution positive », souligne-t-il. Une plateforme comme Facebook offre plusieurs avantages que Studium n’a pas, par exemple la possibilité pour les étudiants d’échanger plus spontanément sur un cours ou de commenter publique- ment un devoir. « Avec Facebook, nous sommes au courant des discussions autour d’un cours, on suit le fil d’actualité et on peut parler d’un travail à l’intérieur d’un groupe », ajoute l’ externe de l’AECUM Claude Wolfshagen.

M. Poellhuber mentionne que sur Facebook, le contrôle est entre les mains des étudiants, alors que sur StudiUM, c’est le professeur qui est en charge. Il se sent interpellé par l’absence des professeurs dans les groupes Facebook et aimerait qu’ils y soient plus présents. « Si le professeur voyait les discussions autour d’un cours, il pourrait intervenir en fonction de la discussion et s’ajuster », explique-t-il.

Bruno Poellhuber voit toutefois un problème avec l’utilisation des réseaux sociaux ou des textos pendant un cours. « Il n’y a pas énormément de recherche sur la question, mais elles tendent à prouver que les réseaux sociaux sont une grande source de distraction potentielle », révèle-t-il. Il ne pense pas qu’il faille pour autant bannir les réseaux sociaux de l’Université. Le chercheur entamera cet automne une étude à l’UdeM pour documenter de façon plus exhaustive le phénomène. 

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