Autobiographie d’une punaise de lit

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Par Sandra Mathieu
mercredi 9 février 2011
Autobiographie d'une punaise de lit

Exclusivité dans Quartier Libre. En cette période d’épidémie incontrôlée dans la métropole et dans plusieurs régions du monde, nous avons mis la main sur les mémoires d’une Cimex lectularius globe-trotteuse. Petite histoire d’une punaise de lit montréalaise d’adoption.

Quand je consulte mon arbre généalogique, je suis toujours impressionnée de réaliser à quel point nous étions nombreuses avant la Seconde Guerre mondiale. On peut ensuite noter une baisse significative des naissances, causée par le DDT, cet insecticide meurtrier. Depuis quelques années, il semble y avoir un baby-boomexpliqué par notre mutation qui nous rend plus résistantes.

Pour ma part, je suis née d’une famille nombreuse en Asie. J’ai roulé ma bosse, autant dans des refuges pour sans-abri que dans des hôtels cinq étoiles. Plus récemment, j’ai voyagé dans une valise par avion, dans un sac à main au moyen du train, sur un foulard au cinéma et dans un bas de laine à la buanderie. J’ai finalement élu domicile dans un immeuble montréalais. Je partage mon nouvel appartement avec quelques milliers de mes cousins éloignés ainsi qu’un coloc humain. Nous affectionnons particulièrement son matelas.

Ma famille s’agrandit à une vitesse phénoménale grâce aux deux à quatre oeufs que je ponds chaque jour. Nous formons une belle troupe unie avec notre allure de pépin de pomme. Nous travaillons et mangeons de nuit, et les affaires vont bien. Aujourd’hui, c’est jour de fête ; notre endormi a invité une copine.

Le début de la fin

Ce matin, je me suis cachée dans le sommier avec quelques membres de ma progéniture, car nous avons été démasquées. Je le sais parce qu’un faisceau de lumière nous a identifiées dans la nuit. L’amante a dû souffrir de nos morsures, ce qui lui a mis la «punaise à l’oreille». Nous avons pourtant bien pris soin d’engourdir notre victime lors de chaque attaque, mais, dès son réveil, elle a aperçu les petites traces de sang sur les draps. Puis, après avoir téléphoné à son propriétaire, notre hôte a commencé à montrer les signes qui ne mentent pas : il s’est mis à passer l’aspirateur dans la chambre, à vider les tiroirs et à placer tous les vêtements et la literie dans des sacs de plastique… et il a quitté l’appartement.

J’ai peur. Le monsieur qui ressemble à Darth Vader vient de briser le silence de mort qui régnait ici. J’ai déjà entendu à travers les branches que, si on ne meurt pas lors de sa première visite, il vaut mieux prendre ses «pattes à son cou», car notre assassin reviendra. Je sens le nuage de fumée chimique s’approcher de moi, et, cette fois, il s’agit d’un produit commercial beaucoup plus fort que lors de mes précédentes évasions. En plus des découvertes entomologiques imminentes, on prétend qu’un registre qui permettrait de cartographier notre progression pourrait voir le jour à Montréal. Est-ce la fin des punaises dans la ville aux mille clochers ? Je me sens faiblir… Adieu monde cruel…

PUNAISES DE LIT : MODE D’ EMPLOI

Pour tout savoir sur les punaises de lit, leur mode de propagation, les endroits où on les a détectées en Amérique du Nord, les signes de leur présence, les précautions à prendre et les méthodes pour les exterminer, voici quelques bonnes adresses :

– punaise.info

– santepub-mtl.qc.ca

– exterminateur.com