Société

Hausse possible des tarifs douaniers entre le Canada et les États-Unis : ce qu’il faut savoir

À la suite de l’annonce de Donald Trump d’augmenter les tarifs douaniers de 25 % sur tous les produits en provenance du Canada et du Mexique, plusieurs élu·e·s et expert·e·s craignent des répercussions économiques désastreuses pour le Canada.

« Le 20 janvier, pour l’un de mes nombreux premiers décrets, je signerai tous les documents nécessaires pour imposer au Mexique et au Canada des tarifs douaniers de 25 % sur TOUS les produits entrant aux États-Unis », a publié le président désigné des États-Unis sur son compte Truth Social le 25 novembre dernier.

« Cette taxe restera en vigueur jusqu’à ce que les drogues, en particulier le fentanyl, et tous les immigrants illégaux arrêtent cette invasion de notre pays ! », a-t-il ajouté.

Pourtant, « le Canada et les États-Unis entretiennent l’une des relations les plus solides et étroites au monde, en particulier en matière de commerce et de sécurité frontalière, ont rappelé la vice-première ministre du Canada, Chrystia Freeland, et le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, dans une déclaration commune le 25 novembre dernier. Aujourd’hui, le Canada achète plus des États-Unis que la Chine, le Japon, la France et le Royaume-Uni réunis. » En effet, selon les données de Statistique Canada de l’année 2023, 79 % des exportations du Canada sont à destination des États-Unis et 49 % des importations du Canada en proviennent.

Les échanges commerciaux entre le Canada et les États-Unis

Dans un article publié sur Radio-Canada, le journaliste Stéphane Bordeleau passe en revue les échanges commerciaux entre les deux pays, qui ont représenté près de 1 000 milliards de dollars canadiens en 2023. Son enquête révèle notamment que :

  • le secteur de l’énergie représente 198,1 milliards de dollars canadiens. Les États-Unis importent 84 % des biens produits au Canada (principalement du pétrole), qui, en retour, en exportent 16 %;
  • le secteur de l’automobile représente 168,1 milliards de dollars canadiens. Le Canada exporte vers les États-Unis environ 50 % en véhicules et matériel automobile et en importe tout autant;
  • Les biens de consommation représentent 69,1 milliards de dollars canadiens. Le Canada en exporte près de 81 % vers les États-Unis.

Des retombées sur les consommateur·rice·s

Selon une récente analyse de la Chambre de commerce du Canada (CCC), si Donald Trump mettait à exécution cette mesure, « le PIB du Canada se contracterait de 2,6 % (soit environ 78 milliards de dollars canadiens), ce qui représente une perte d’environ 1900 dollars par an et par personne. »

« Ne vous méprenez pas [] le choc serait tout aussi négatif pour l’économie américaine », rappelle toutefois l’économiste en chef de la CCC, Stephen Tapp. L’analyse de la CCC mentionne en effet que « le PIB américain encaisserait un recul de 1,6 % (soit environ 467 milliards de dollars), ce qui correspond à une perte annuelle de 1300 dollars par Américain. »

Au bout du compte, les entreprises importatrices et les consommateur·rice·s américain·e·s seraient les plus touché·e·s et payeraient le prix de cette décision.

Vives réactions de la classe politique

De nombreux·ses élu·e·s ont réagi à ce qui pourrait être un coup de bluff de la part du milliardaire américain. Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, menace de « couper l’approvisionnement en énergie » aux États-Unis. « Je ne veux pas en arriver là, mais ma priorité est de protéger l’Ontario, les Ontariens et les Canadiens, dans l’ensemble, puisque nous sommes la plus grosse province », a-t-il souligné.

Quant au premier ministre du Québec, François Legault, il a assuré sur son compte X de « tout mettre en œuvre pour éviter des tarifs de 25 % sur tous les produits qu’on exporte aux États-Unis. L’intégrité des frontières doit être la priorité du gouvernement fédéral. »

Dans le doute, Ottawa a mis au point un plan d’action de 1,3 milliard de dollars canadiens censé sécuriser la frontière. Le gouvernement prévoit notamment de donner plus de moyens à l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) pour faire des tests aux points d’entrée.

Malgré cette « collaboration » avec le prochain gouvernement Trump, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a indiqué, le 13 décembre dernier, être prête à « se battre pour chacune des jobs au Québec et au Canada. » Le gouvernement fédéral envisage d’ailleurs de taxer en retour certains produits américains.

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