Au rythme de l’écriture

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Par Sophie Chevance
vendredi 1 décembre 2017
Au rythme de l'écriture
Kevin Lambert a lancer son premier roman au printemps dernier à la librairie Le Port de tête. (Photo : Archives Quartier Libre | Marie Isabelle Rochon)
Kevin Lambert a lancer son premier roman au printemps dernier à la librairie Le Port de tête. (Photo : Archives Quartier Libre | Marie Isabelle Rochon)
Plusieurs doctorants de l’UdeM se sont distingués sur la scène littéraire cet automne, notamment à l’occasion du Prix de poésie Radio-Canada et du Prix des libraires du Québec. Bien souvent, leur recherche universitaire et leur processus de création sont intimement liés.
La connaissance des genres littéraires me permet, par exemple, de faire des choix libres et délibérés au cours de la création.
Marie-Hélène Constant, Doctorante en littératures de langue française

«Le passage entre l’écriture académique et littéraire peut être extrêmement violent, confie l’étudiante au doctorat en littératures de langue française et auteure du poème Les jetées, Marie-Hélène Constant. J’ai du plaisir à rédiger dans le cadre de mes recherches, mais les textes que je publie hors du contexte universitaire me donnent de l’oxygène. La poésie me permet de laisser des silences significatifs. » Par l’agencement de peu de mots, par des images et par l’instauration de courtes scènes photographiques, la chercheuse trouve un souffle, un rythme d’écriture, une forme de dépouillement.

C’est sur un coup de tête et dans le secret absolu que Marie-Hélène a présenté sa candidature au Prix de poésie Radio-Canada. « C’était une façon de me déjouer, de me mettre à l’épreuve », raconte l’étudiante, qui ne s’attendait pas à ce que son poème soit finalement sélectionné parmi plus de 1000 textes soumis.

Le doctorant en recherche-création et écrivain Kevin Lambert a publié au printemps dernier son premier roman, Tu aimeras tout ce que tu as tué. Après avoir remporté le Prix Découverte du Salon du livre du Saguenay-Lac-Saint-Jean, son livre est maintenant en lice pour le Prix des Rendez-vous du premier roman et le Prix des libraires 2018.

L’écriture lui permet de développer une plus grande sensibilité dans la lecture et la recherche. « On voit les textes littéraires autrement, dit-il. On laisse les lunettes théoriques et historiques habituelles pour actualiser les œuvres afin de les faire dialoguer avec le présent et d’appréhender nos recherches de façon plus créative. » Il travaille actuellement à l’écriture de son deuxième roman.

Une écriture consciente

« Nul besoin d’aller à l’université pour devenir écrivain, indique la professeure au Département des littératures de langue française de l’UdeM Catherine Mavrikakis. Mais parfois, le fort rapport que les étudiants développent avec certaines œuvres au cours de leur cheminement les pousse à vouloir écrire eux aussi. »

La créativité de Marie-Hélène est nourrie par le regard critique et l’acuité à la lecture, des compétences qu’elle a développées au fil de son parcours universitaire. « La connaissance des genres littéraires me permet, par exemple, de faire des choix libres et délibérés au cours de la création, d’explorer ou de soumettre à l’expérimentation certains genres », explique-t-elle.

Pour Kevin, les lectures que nécessitent ses recherches sont essentielles à son processus de création. « Lire d’autres auteurs me permet de voir comment ils s’y sont pris, révèle-t-il. Cela m’aide à écrire, à aller plus loin, à voir les choses autrement. »

L’existence de programmes universitaires qui associent la recherche et la création répond aux attentes de nombreux étudiants et offre un espace stimulant, d’après Mme Mavrikakis. « La pratique permet d’éprouver et d’enrichir la pensée littéraire, affirmetelle. C’est une autre posture face à la littérature. » Cette union favorise, selon elle, les passerelles entre les différents types d’écriture.