Au nom de la rose

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Par Ansou Kinty
lundi 1 décembre 2014
Au nom de la rose
La présidente du conseil d’administration de l’École polytechnique de Montréal, Michèle Thibodeau-Deguire, est la première femme diplômée en génie civil de Polytechnique.
Crédit photo : Courtoisie École polytechnique de Montréal
La présidente du conseil d’administration de l’École polytechnique de Montréal, Michèle Thibodeau-Deguire, est la première femme diplômée en génie civil de Polytechnique.
Crédit photo : Courtoisie École polytechnique de Montréal
Pour commémorer les 25 ans de la tragédie survenue le 6 décembre 1989, l’École polytechnique de Montréal lance cette année la bourse de l’Ordre de la rose blanche en hommage aux victimes de ce drame. D’un montant de 30 000 $, la bourse sera octroyée annuellement à une étudiante canadienne qui souhaite poursuivre des études supérieures en génie.

Le 6 décembre 1989, un homme pris d’un coup de folie est entré avec une arme à l’École polytechnique, a tué 14 femmes et a blessé plusieurs autres personnes. Parmi les victimes décédées, 13 étaient étudiantes et une était employée. « La bourse de l’Ordre de la rose blanche a été créée en mémoire des femmes qui ont été tuées lors des événements du 6 décembre, explique la directrice des communications et des relations publiques à l’École polytechnique de Montréal, Chantal Cantin. À Polytechnique, en tant qu’institution, nous sentons que nous avons un devoir de mémoire. »

Donner de l’espoir au féminin

Au-delà du devoir de mémoire, cette bourse permettra en quelque sorte de rebâtir ce qui a été détruit dans le passé. « Le drame a mis fin de manière abrupte à la carrière de ces jeunes filles-là, se rappelle la présidente du conseil d’administration de l’École polytechnique de Montréal et présidente du jury de l’Ordre de la rose blanche, Michèle Thibodeau-Deguire. Donc avec cette bourse, il y a une jeune fille qui va poursuivre ses études. » Mme Thibodeau-Deguire est la ­première femme à avoir décroché un diplôme de Polytechnique, en 1963.

Les organisateurs du concours invitent les 49 établissements canadiens qui ont un département de génie à soumettre une candidature. « Les universités intéressées vont devoir organiser leur propre concours pour déterminer leur finaliste », précise Mme Cantin.

C’est un jury composé de huit membres de différentes universités canadiennes qui choisira la lauréate de l’Ordre de la rose blanche. Trois critères de sélection seront considérés pour l’obtention de cette bourse : le dossier académique (30 %), les réalisations techniques (35 %) et l’engagement social (35 %). La première lauréate sera connue en décembre 2015.

L’étudiante de quatrième année en génie mécanique à l’École polytechnique de Montréal et potentielle candidate à cette bourse, Sabrina Watelle, voit d’un bon œil cette initiative. « Je trouve que c’est une belle occasion de pousser une femme qui a un doute par rapport à la poursuite de ses études aux cycles supérieures », indique-t-elle. Elle-même admet qu’elle hésite encore entre l’intégration au marché du travail et l’entrée au ­deuxième cycle.

Cette année, parallèlement à cette bourse, l’École polytechnique de Montréal a lancé la première Semaine de la rose blanche qui débutera le 1er décembre. À cette occasion, des roses blanches virtuelles seront vendues pour amasser des fonds afin de permettre à des jeunes filles issues de milieux défavorisés de s’initier aux sciences et au génie.

Depuis 2005, le Comité permanent sur le statut de la femme de l’UdeM remet la bourse du 6 décembre, d’un montant de 5 000 $, à un étudiant ou une étudiante au cycle supérieur qui poursuit des recherches sur la violence faite aux femmes.