Près d’un sportif sur deux a déjà subi une commotion cérébrale, un choc qui peut nuire gravement à l’état de santé d’un étudiant athlète, selon le Dr Ellemberg. « Les signes d’une commotion cérébrale peuvent évoluer en s’aggravant », explique-t-il. Les victimes peuvent avoir des maux de tête amplifiés, une fatigue accrue ou encore des états de confusion de plus en plus intenses.
Si l’objectif majeur du protocole mis en place par le professeur est d’assurer que le sportif soit immédiatement retiré du jeu, il « prévoit [aussi] un retour progressif sur les bancs d’école, qui va se poursuivre avec un retour à l’activité physique adapté en fonction des symptômes qui se manifestent », souligne le Dr Ellemberg. Toutefois, le recours à cette marche à suivre ne remplace pas la consultation avec un médecin.
Le protocole, qui se présente sous la forme d’un document PDF*, offre une procédure à suivre en plusieurs étapes. Lorsque le sportif reçoit un coup direct ou indirect à la tête, au visage ou au cou, cette démarche permet de vérifier les signes et symptômes, et d’opter, au besoin, pour une période de repos complet. Plus tard, le blessé devra suivre les étapes de retour progressif au jeu, à la suite de l’approbation du médecin. « Ce protocole offre une grande amélioration par rapport aux autres, car il est plus précis, plus individualisé, plus détaillé », pense l’étudiant à la maîtrise en sciences de l’activité physique William Sauvé, qui a lui-même subi une commotion cérébrale lors d’une pratique d’arts martiaux mixtes, un sport de combat de style libre.
Pour le kinésiologue au Centre d’Intervention en Commotions Cérébrales Christophe Alarie, qui a lui-même subi plusieurs commotions cérébrales, le protocole sert à « protéger le joueur ». En complément, l’application Cerveau Sport permet de conserver l’historique du joueur ainsi que d’encadrer un retour au jeu afin d’éviter les éventuelles aggravations des symptômes existants. Ces informations sont enregistrées et constituent un dossier sportif permettant aux médecins et aux professeurs de mieux connaître leurs patients.
« C’est une bonne idée, pense l’étudiante au doctorat en sciences de l’activité physique Véronik Sicard. C’est fait pour que tout le monde puisse l’utiliser sans avoir de connaissances dans le domaine des commotions cérébrales. »
Syndrome du deuxième impact
Pour Christophe Alarie, il existe un véritable syndrome du deuxième impact. « Si l’on n’est pas guéri d’une commotion, on est plus à risque d’en avoir une autre », assure-t-il. Selon lui, au terme de trois traumatismes, des dommages permanents peuvent être observés chez les victimes.
C’est par exemple le cas de l’étudiant William Sauvé, qui a vu ses symptômes s’amplifier à sa dernière commotion cérébrale, qu’il compte aujourd’hui comme étant sa neuvième. Il remarque qu’il a un temps de réaction ralenti ainsi que des difficultés à se concentrer.
Véronik a quant à elle subi une commotion cérébrale à l’âge de 16 ans alors qu’elle faisait partie d’une équipe de cheerleading, puis une autre en faisant du soccer. « Encore maintenant, j’ai de légers symptômes, ça fait plusieurs années et ce n’est jamais vraiment parti à 100% », affirme l’étudiante. Aujourd’hui, à 23 ans, elle souffre régulièrement de troubles de concentration, de maux de tête, de fatigue ou encore d’amnésie post-traumatique.
« La commotion cérébrale peut aussi évoluer vers un œdème, une enflure cérébrale ou encore une hémorragie », prévient le Dr Ellemberg. Les symptômes peuvent donc s’amplifier ou encore disparaître pour laisser leur place à d’autres. Grâce aux nouvelles marches à suivre et à son application, le professeur souhaite faciliter la communication entre les différents intervenants médicaux et offrir un outil efficace d’aide aux étudiants athlètes.
*Disponible sur le site : centre-commotion.ca/protocole