Culture

L’oeuvre de béton gris foncé devant le CEPSUM est divisée en trois parties et crée un effet de désordre calculé (Crédit photo : Pascal Dumont).

Art sur le campus : Une oeuvre entre ciel et terre

La sculpture en trois parties Topographie/Topologie de Pierre Granche transfigure le terrain devant le CEPSUM depuis 32 ans. Pour certains étudiants, cette oeuvre de béton ressemble aux pyramides aztèques et s’apparente à un escalier. D’autres croient qu’elle détonne trop dans la verdure.

L’oeuvre de béton gris foncé devant le CEPSUM est divisée en trois parties et crée un effet de désordre calculé (Crédit photo : Pascal Dumont).

« Je trouve que les structures de béton jurent avec l’espace vert et prennent de l’espace pour peu d’attrait visuel. Je n’y vois pas une réelle esthétique », pense Virginie, étudiante en communication. Divisée en trois parties, l’oeuvre de béton gris foncé de Pierre Granche donne un effet de désordre calculé qui jure avec le terrain plat qui l’entoure. Ce désordre est particulièrement visible dans la partie de droite, où l’on voit huit gros morceaux de béton se projeter dans les airs dans tous les sens et pointant vers le ciel.

« Elle me fait penser aux pyramides aztèques au Mexique», trouve Maude, une étudiante en nutrition. Pierre Granche utilise la géométrie de la pyramide tronquée précolombienne qui est un symbole reliant la terre et le ciel. Selon le site Art pour tous, la pyramide de la partie de gauche représenterait le mont Royal qui se trouve à l’arrière. Comme une étoile à huit branches égales vue de haut, cette section permet au gazon de s’insérer dans la structure et de donner un effet de contraste.

La partie du milieu de l’oeuvre est faite comme un escalier de huit marches d’un pied chacune, mesurant 45 pieds de long en tout, à exactement 45 degrés du trottoir. «J’avais déjà remarqué l’oeuvre, mais je pensais que c’était des escaliers ou un truc de béton», remarque Sarah, une étudiante en droit. Sur chacune de ces marches est gravé un chiffre qui marque le niveau d’élévation du site par rapport à la mer.

Un parcours udemien

Décédé en 1997, Pierre Granche était un spécialiste en intégration des arts à l’architecture et à la nature. Il a réalisé plus d’une centaine d’oeuvres à l’extérieur comme à l’intérieur de bâtiments, dont une vingtaine d’oeuvres d’art public. «L’oeuvre se fond vraiment dans le décor», constate Marie, étudiante en génie des mines à l’école Polytechnique.

Pierre Granche voyait la recherche comme l’élément central de l’art, selon ce qu’on peut lire sur le site Art pour tous. Il abordait la création artistique presque comme une science : il élabore plusieurs plans, esquisses et maquettes avant de faire le projet concret.

Comme la recherche est à la base de toute sa pratique, Pierre Granche a aussi été professeur à l’ancien Département des arts plastiques de l’UdeM pendant 22 ans. Il faisait collaborer ses étudiants, qu’il appelait son équipe, à ses projets. Cela permettait de créer une atmosphère propice à la recherche et à l’émulation.

Toutes les archives qui documentent le travail de réflexion de Granche ont été léguées à l’UdeM. Le Fonds Pierre Granche qui contient plus de 1 314 objets, plans, moules et maquettes est conservé au Centre d’exposition de l’UdeM. Il n’a servi qu’une seule fois en 2002 pour l’unique exposition retrospective de l’artiste, à Rimouski.

 

À propos de Pierre Granche

Il est né à Montréal en 1948 et y est décédé en 1997. Il reçoit son diplôme de l’École des beaux-arts de Montréal en 1969. Tout au long de sa carrière, il a fondé sa création artistique sur des recherches portant sur la géométrie et la topologie structurale. Il a enseigné à l’UdeM en arts plastiques de 1975 à 1997.

Il est surtout connu pour ses oeuvres d’art public, notamment la structure lumineuse au métro Namur et l’installation sculpturale de métal de la Place-des-Arts, visible de haut de l’extérieur ou du rez-de-chaussée, à l’intérieur.

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