« On m’avait vaguement parlé du sexisme sur les terrains, mais en lisant les témoignages choquants, on réalise l’ampleur du phénomène », déclare l’étudiante en première année au baccalauréat d’anthropologie Alice Rivard.
Créée en 2019, l’exposition itinérante a été coécrite par trois docteures en archéologie : Ségolène Vandevelde (titulaire d’un baccalauréat d’anthropologie obtenu à l’UdeM en 2013), Béline Pasquini et Laura Mary. Toutes trois dénoncent un sexisme systémique dans l’accès à l’emploi ainsi que dans l’utilisation de matériel inadapté aux femmes. Repoussée à cause de la pandémie, l’exposition se tient pour la première fois à l’UdeM, jusqu’au 1er avril.
Des témoignages poignants et des visuels parlants
Les positions accroupies des femmes archéologues propices aux remarques déplacées et désobligeantes ressortent dans de nombreux témoignages. Alice, qui envisage un stage sur un site d’archéologie cet été, ne cache pas son inquiétude. « Les femmes ne devraient pas se soucier de leur sécurité sur le terrain, déplore-t-elle. Cette mise en garde permanente épuise l’énergie mentale et altère la concentration au travail. »
À travers une vingtaine de témoignages illustrés par plusieurs artistes ainsi que des récits audios et vidéos rapportés dans le cadre du projet « Paye ta truelle », les récits font état de comportements inappropriés voire d’agressions sexuelles sur les chantiers.
Sensible à l’art, Alice salue l’émotion des visuels. « Les illustrations m’ont interpellée, car elles mettent en avant l’essence du message », souligne-t-elle. « Les images permettent de marquer les esprits », avait déjà confié Mme Vandevelde, créatrice du projet et cofondatrice de l’association Archéo-Ethique, dans une entrevue à UdeM Nouvelles*.
À l’origine de la venue de l’exposition à l’UdeM, le professeur adjoint au Département d’anthropologie de l’UdeM Christian Gates St-Pierre ajoute que l’exposition a une vocation pédagogique. « Celle de provoquer le débat de manière à éveiller les consciences, car le sexisme est omniprésent, mais on n’en parle que très peu dans notre champ d’études », précise-t-il.
Des pistes de solutions en réponse aux discriminations
L’ignorance, l’aveuglement volontaire et le manque de formation, sont, selon M. Gates St -Pierre, des causes qui révèlent de la nécessité de former les étudiant·e·s à l’éthique dans son Département.
En réponse à ces discriminations sexistes et sexuelles, l’exposition met en avant le label « Chantier Ethique » à destination des responsables des sites de fouilles. Porté par le projet « Paye ta truelle » et l’association Archéo-Ethique, il suggère des conseils pour pallier ces comportements et a pour mission d’assurer un environnement de travail confortable et sécuritaire pour les femmes.
Dans la même démarche de sensibilisation, le concours annuel éthique présenté par le Regroupement étudiant d’archéologie de l’UdeM (RÉAUM) a été mis en place. Celui-ci introduit des mises en situation que les étudiant·e·s doivent résoudre en prenant compte des acteurs impliqués pour aboutir à des solutions concrètes. « L’exposition m’a vraiment aidé pour répondre aux problèmes éthiques lors du concours, explique l’étudiante en deuxième année au baccalauréat en anthropologie Corinne Doré. À présent, je pense être en mesure de savoir comment réagir si je fais face à ce type de situation. »
L’exposition Archéo-sexisme est présentée jusqu’au 1er avril gratuitement du lundi au vendredi de 8 h 30 à 15 h 30 dans la salle d’exposition du Carrefour des arts et des sciences du pavillon Lionel-Groulx.