Amendements au projet de loi no 2 : la communauté étudiante réagit

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Par Paul Fontaine
mardi 9 novembre 2021
Amendements au projet de loi no 2 : la communauté étudiante réagit
Photo : Sharon McCutcheon sur unplash.com. Libre d'utilisation.
Photo : Sharon McCutcheon sur unplash.com. Libre d'utilisation.

Les articles du projet de loi no 2, jugés transphobes par de nombreux groupes de défense des droits des personnes trans, intersexes et non binaires, seront amendés. C’est l’annonce qu’a effectuée le mardi 9 novembre le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, qui a souligné que le recours à la chirurgie pour changer de sexe sur son acte de naissance ne sera finalement pas nécessaire.

« C’est un petit soulagement, mais en même temps, ça reste juste des mots », confie la personne étudiant en troisième année au baccalauréat d’anthropologie et membre du groupe LGBTQIA+ de l’UdeM l’Alternative, Oli Paré. Le discours « général » du ministre Jolin-Barrette et le manque de précisions au sujet des amendements proposés sont peu convaincants, selon Oli.

« Pour moi, tant que [Simon Jolin-Barrette] n’a pas pris les mesures nécessaires pour enlever ces articles, ce n’est pas fini », affirme Oli, qui ajoute rester « sur ses gardes » le temps que le projet de loi soit corrigé.

Un retour en arrière

Lors de son dépôt le 21 octobre dernier, le projet de loi n2 avait secoué la communauté trans du Québec. « Les groupes LGBTQIA+ que je suis ont été choqués par ça, poursuit Oli. Nous n’avons pas eu l’impression que Simon Jolin-Barrette a fait ses recherches avant de proposer ses décisions. » La nécessité de recourir à une chirurgie pour changer de sexe sur son acte de naissance avait d’ailleurs été abolie du Code civil en 2013.

La candidate au doctorat en sciences de la réadaptation et membre de l’Alternative Mélanie Le Berre parle donc d’un projet de loi surprenant. « Ça ne répondait pas à un besoin, explique-t-elle. Et puis [Simon Jolin-Barrette] était tellement fier de l’annoncer… C’était vraiment en décalage. » L’étudiante estime que ce faux-pas du ministre représente un abus envers la communauté trans, et elle considère qu’un exercice pour rassurer la population est de mise. Elle espère également que les personnes concernées par ce projet de loi seront davantage consultées.

Une mobilisation efficace

Une fois la première onde de choc encaissée, plusieurs personnes membres de l’Alternative se sont concertées sur le réseau Discord pour formuler une réponse à ce projet de loi. « Nous nous sommes organisés un peu plus officiellement, détaille Mélanie. Nous avons publié sur Discord des liens vers des ressources pour nous opposer au projet de loi, dont la pétition de Manon Massé, ainsi qu’un document compilant les articles [controversés]. »

L’étudiante se dit satisfaite de la mobilisation des derniers jours. « Ça fonctionne de se regrouper et d’exposer pourquoi c’est une mauvaise idée, souligne-t-elle. […] Faire ressortir les statistiques [de suicide chez les personnes trans] et expliquer qu’un an d’attente pour une chirurgie, c’est un an de détresse, ça a fonctionné. »