Améliorer la représentation de la communauté noire à l’UdeM

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Par Esther Thommeret
lundi 16 mars 2020
Améliorer la représentation de la communauté noire à l’UdeM
Photo : pixabay.com
Photo : pixabay.com
La Faculté de médecine de l’UdeM souhaite accroître la représentation des étudiants noirs dans les études en santé. Un programme de mentorat est proposé aux jeunes des écoles secondaires et des cégeps dans le but de démystifier le parcours d’un étudiant en médecine.

Sur la totalité des étudiants en médecine de l’UdeM, seuls 2 % sont des étudiants noirs, alors que la communauté noire est l’une des plus grandes minorités visibles de Montréal et du Québec, d’après la Faculté de médecine.

La faculté, en collaboration avec le projet  Sensibilisation aux études, à l’université et à la recherche (projet SEUR) et l’aile jeunesse de l’Association médicale des personnes de race noire du Québec (AMPRNQ), met en place un programme afin de favoriser la diversité et l’équité au sein de la communauté universitaire en médecine.

« Le projet consiste à exposer des jeunes du secondaire, pour la plupart scolarisés dans des écoles implantées en milieu défavorisé ou multiculturel, aux études universitaires, explique la coordonnatrice du projet SEUR au sein du vice-rectorat aux relations avec les diplômés, aux partenariats et à la philanthropie, Stéphanie Lebœuf. Ce sont des jeunes qui n’ont pas forcément, dans leur entourage proche, des modèles de personnes qui sont allées à l’université. Notre objectif, c’est de leur donner envie de faire des études, mais aussi de leur montrer qu’elles sont accessibles. »

Un programme de mentorat

Le projet SEUR développe ainsi un programme d’accompagnement personnalisé. « On va travailler avec des jeunes à risque de décrochage scolaire ou qui ont des défis particuliers, ce qui ne les incite pas à poursuivre leurs études, détaille Mme Lebœuf. Chaque jeune est accompagné par un mentor, qui est un étudiant de l’UdeM. »

Dans cette optique, le projet SEUR a également mis en place un système de mentorat plus spécifique pour les jeunes de la communauté noire. « Il est fondamental pour un jeune de cette communauté d’avoir un mentor qui partage les mêmes défis que lui, que ce soit par rapport à la couleur de sa peau ou à sa culture, pour qu’il puisse s’identifier », ajoute-t-elle.

Démystifier le parcours de l’étudiant en médecine        

L’un des objectifs principaux du programme est d’informer les jeunes du secondaire aux études de médecine. « Souvent, ils manquent d’information, ils rêvent d’être médecins, parce que c’est socialement reconnu (…), mais finalement, ils ne savent pas trop en quoi ça consiste, affirme Mme Lebœuf. On passe donc beaucoup de temps à démystifier tout ça. » 

Des étudiants bénévoles en médecine de l’UdeM se déplacent dans les écoles secondaires et les cégeps pour parler du quotidien d’un étudiant en médecine. Ils montrent aux jeunes différents soins administrés à l’hôpital, comme des prises de signes vitaux et des injections cutanées. « Tous ces échanges permettent aux jeunes d’avoir une vision plus large de ce que sont les carrières en santé, et de faire un choix plus éclairé », conclut-elle. Des visites en milieu universitaire et hospitalier sont également organisées.

Faible représentation de la communauté noire

« On retrouve beaucoup de personnes de la communauté noire en sciences infirmières ou en tant que préposés aux bénéficiaires, mais pourquoi n’accèdent-ils pas aux études en médecine ? s’interroge Stéphanie Lebœuf. Est-ce que c’est une question d’empowerment ? Est-ce que c’est une question de financement des études ? Est-ce que c’est une question de manque de représentativité ?» La coordinatrice estime qu’il est difficile de trouver une cause en particulier.

La coordonnatrice du projet SEUR rappelle que lors des entrevues à des fins d’admission à la Faculté de médecine, aucun membre du jury n’est noir. « Les étudiants noirs sont évalués par des blancs, certains aspects culturels ne sont donc pas pris en compte, précise Mme Lebœuf. Mais aussi, la façon de noter est normalisée pour un certain type d’étudiant. » Elle rappelle aussi que très peu de professeurs et étudiants proviennent de la communauté noire.

« C’est reconnu, les patients d’un hôpital ou d’une clinique sont d’origine très variée, souligne-t-elle. Une personne conscientisée, ou qui elle-même vient d’une certaine culture, pourra adopter un comportement plus adapté auprès des patients. » La Faculté de médecine espère que ces mesures récemment mises en place inciteront les étudiants de la communauté noire à se lancer vers des études supérieures dans le domaine de la santé.