Guy Breton a pris la parole à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain le 14 février dernier afin de répondre à la question : «De quelle université avons-nous besoin, collectivement ?»
Le rôle social de l’université
L’une des leçons principales que M. Breton a tirées de son expérience à l’UdeM est que les campus sont les « vitrines des tendances sociales ». D’après lui, les jeunes se servent des universités comme terrain d’exercice et souhaitent y retrouver un climat d’études bienveillant. Autrement dit, ils s’attendent à un lieu qui accueille l’identité et les convictions de chacun, exempt de toute forme de harcèlement. « À vous qui serez leurs futurs employeurs, soyez prévenus : ce que nos étudiants nous demandent aujourd’hui, ils vous le demanderont demain, annonce-t-il. Et si vous ne connaissez pas encore le sens des termes “non binaire” ou “antispécisme”, il est temps de l’apprendre. »
Dans ce sens, M. Breton a partagé ses préoccupations au sujet du financement accordé aux universités québécoises, étant donné le rôle ce celles-ci dans la formation des jeunes citoyens. « Ce qui est désolant, c’est qu’on a cessé de chercher des solutions durables à un problème qui persiste : le sous-financement des universités québécoises par rapport aux universités du reste du Canada », déplore-t-il.
D’après lui, l’UdeM et l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) sont deux établissements comparables à tous points de vue, mais une différence persiste : leur financement respectif. Afin de former un étudiant, l’UdeM dépenserait en moyenne 10 000 $ par an, contre 15 700 $ pour UBC. « C’est 57 % de plus pour des ressources, des professeurs et du soutien aux études, précise-t-il. Cela fait longtemps que les universités québécoises font des miracles avec moins de moyens que les autres universités du Canada. »
Une ouverture sur le monde
Lors de son allocution, M. Breton a également mis l’accent sur l’importance d’une internationalisation de l’expérience étudiante québécoise. « Au lieu de s’inquiéter de l’afflux d’étudiants étrangers dans nos universités, occupons-nous d’envoyer les étudiants québécois ailleurs dans le monde », déclare-t-il.
À l’inverse de la France, le recteur estime que les Québécois ne réalisent pas assez de séjours d’études à l’étranger. Il souhaite que les étudiants puissent avoir la chance d’acquérir de solides compétences interculturelles et internationales, qui sont maintenant très recherchées sur le marché du travail. « L’enjeu, c’est qu’ils soient aussi bien outillés pour réussir dans la vie que leurs les étudiants du Canada anglais, des États-Unis et d’Europe », dit-il.
Travailler en équipe
D’après M. Breton, les jeunes n’arriveraient pas assez bien préparés à l’université, ce qui peut avoir comme conséquence première le décrochage scolaire. « Au Québec, un étudiant sur cinq abandonne ses études universitaires avant d’obtenir un diplôme », mentionne-t-il.
Les raisons de l’abandon sont diverses, mais selon le recteur, il serait possible d’anticiper ces obstacles en amont si les cégeps, les collèges et les universités communiquaient davantage entre eux. « Les établissements collégiaux et universitaires devraient travailler ensemble, estime-t-il. Ces deux acteurs de l’éducation postsecondaire ne se parlent pas suffisamment. »
Breton a montré son enthousiasme concernant l’ouverture d’une école primaire sur le nouveau campus MIL. « L’éducation est un continuum qui va du CPE à la retraite, on n’a jamais fini d’apprendre, conclut-il. Une école primaire qui ouvrira ses portes dans un quartier universitaire, j’y vois un symbole fort pour le Québec. »
Près de 700 personnes ont participé à ce déjeuner-causerie afin de réseauter avec les différents acteurs impliqués dans la communauté universitaire et udémienne. L’évènement, présenté par Bell, a été organisé en collaboration avec, entre autres, SNC-Lavalin et Hydro-Québec.