Campus

Aires de restauration : une logistique complexe

À l’Université de Montréal, la communauté étudiante mange… où elle le peut. Le retrait de tables et de chaises dans les différentes aires de restauration représente un réel défi pour les personnes qui dînent sur le campus. Tables de pique-nique, gazon, aménagements extérieurs sur la rue Jean-Brillant, parcs : voilà les différentes options que les étudiants et étudiantes prennent en considération quand vient le temps de se trouver une place pour la pause du midi. Conscients que ces options ne sont possibles qu’en fonction de la météo, d’autres optent pour les restaurants, leur propre appartement, voire leur véhicule.

Certaines personnes font également le choix des chapiteaux installés par l’université en face des pavillons Claire-McNicoll et André-Aisenstadt. Le directeur des Services à la communauté de l’UdeM, Sébastien Richer, précise que l’établissement a également mobilisé le Hall d’honneur du pavillon Roger-Gaudry à des fins d’aménagement de restauration, pour permettre à près de 56 étudiants et étudiantes d’y dîner tout en respectant une distanciation de deux mètres entre chaque personne.

Dîner en classe: possible, mais…

L’étudiante en troisième année au baccalauréat en design d’intérieur Vanessa Casséus et celle en troisième année au baccalauréat en microbiologie et immunologie Ritch Deyna Delcy, interrogées par Quartier Libre, expliquent pour leur part adhérer à l’option des salles de classe. Toutefois, la communauté étudiante a-t-elle le droit de manger dans une salle de cours ? Le lundi 20 septembre dernier, l’Université a annoncé dans un communiqué qu’elle pouvait manger dans les classes si celles-ci sont vides et si elle respecte la distanciation de deux mètres.

La décision de l’UdeM suscite néanmoins quelques critiques, notamment de la part de la présidente du Syndicat général des professeurs et professeures de l’UdeM (SGPUM), Audrey Laplante. « Ce n’est pas possible d’accueillir tous les étudiants dans les cafétérias, donc on les encourage à manger en salle de classe, mais personne ne fait de surveillance : cela fait que les salles de classe sont occupées de 8 heures le matin à 10 heures le soir sans aucune ventilation », a-t-elle déploré sur les ondes de la station de radio CISM, dans le cadre de l’émission Quartier Libre du vendredi 17 septembre dernier. « On peut s’interroger sur la qualité de la ventilation dans les salles de classe et se demander si celles-ci sont sécuritaires pour les étudiants et les professeurs », a-t-elle ajouté.

Le mercredi 1er septembre dernier, le SGPUM avait d’ailleurs condamné « unanimement l’intransigeance de l’UdeM » et exigé des gestes concrets, parmi lesquels l’installation de lecteurs de dioxyde de carbone (CO2) dans les salles de classe afin d’évaluer la qualité de l’air. Interrogée à ce sujet par Quartier Libre, la porte-parole de l’UdeM, Geneviève O’Meara, a répondu que de nouveaux tests menés sur la qualité de l’air et la présence de CO2 seraient effectués en octobre et que l’Université suivrait tout le processus « de façon transparente ».

Trouver de la place… à HEC Montréal ou dans les cafés de l’UdeM ?

À l’inverse des autres pavillons de l’UdeM, comme le pavillon Jean-Brillant et celui de la Faculté de l’aménagement, à HEC Montréal, l’accès aux tables pour dîner ne semble pas être un problème, selon certains membres de la communauté étudiante. « La différence ne se remarque pas tant que ça par rapport à avant la pandémie, estime l’étudiant en troisième année en comptabilité à HEC Montréal William Roc. On n’a pas vraiment de difficulté à se trouver des tables. » HEC Montréal et Polytechnique Montréal sont en effet des « cousines de l’Université de Montréal » et « leur gestion est vraiment indépendante », précise M. Richer.

De nombreux étudiants et étudiantes les considèrent ainsi toutes deux comme une bonne option pour trouver de la place sur l’heure du midi, tandis que d’autres tentent le plus souvent sans succès de repérer les différents bars et cafés du campus, dont plusieurs sont encore fermés à l’heure actuelle. Mme O’Meara assure pourtant avoir donné l’autorisation d’ouvrir à ceux qui en ont fait la demande. « Certains cafés ont pris la décision d’ouvrir sans offrir de services alimentaires alors que d’autres, pour des raisons qui leur appartiennent, ont décidé de ne pas ouvrir », explique-t-elle.

Qu’en est-il de cet hiver ?

Si aujourd’hui, la communauté étudiante parvient à s’organiser comme elle le peut, en profitant notamment des espaces extérieurs, que se passera-t-il lorsque les températures chuteront drastiquement ? Une partie de ses membres, comme l’étudiant en troisième année au baccalauréat en sciences de la communication Théo Darmana, pourra se rendre à son domicile, si celui-ci se situe à proximité du campus. Une autre partie, en revanche, à l’image de l’étudiante en première année au baccalauréat en travail social Juliette Robert, devra « aller à l’intérieur et prier pour qu’il y ait une table de libre. »

Plusieurs étudiants et étudiantes estiment que l’Université devra revoir l’organisation de ses différentes aires d’aménagement cet hiver, les pavillons étant, de leur point de vue, susceptibles d’être encore plus achalandés en raison des conditions météorologiques. « Avec l’automne, le temps est doux, c’est moins un challenge, souligne Juliette. Pour l’hiver, il devrait y avoir plus de tables ». Les salles de classe vides et les corridors risquent de devenir les seules options possibles.

L’étudiant en première année à la maîtrise en environnement et développement durable Christopher Massé croit également que l’UdeM doit apporter des changements afin d’offrir plus d’aires de restauration à la communauté étudiante cet hiver, en ajoutant des tables et des chaises ou en ouvrant d’autres lieux de restauration. « Une équipe travaille à temps plein pour améliorer les espaces », précise M. Richer à ce sujet.

Le directeur des Services à la communauté de l’UdeM ajoute que les décisions prises pour les aires de restauration, à l’exception de HEC Montréal, de Polytechnique Montréal et de la cafétéria Local Local, proviennent du Comité de coordination COVID-19 de l’Université, lequel suit les normes dictées par la Santé publique. Une fois celles-ci communiquées aux universités, chacune d’elles doit trouver des façons d’aménager les aires de consommation sur ses campus. « Les normes de la Santé publique, nous les avons connues, je crois, à la deuxième ou troisième semaine du mois d’août », révèle M. Richer, qui mentionne que le délai a donc été très court pour trouver des solutions et s’adapter.

Au-delà de cette logistique complexe, les étudiantes et étudiants interrogés par Quartier Libre ont affirmé se sentir en sécurité avec les mesures mises en place dans les aires de restauration.

 

 

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