Campus

Entrée du pavillon Jean-Brillant. Crédit photo : Camille Dufétel

Consignes sanitaires : adaptation, questionnements et inquiétudes

Impossible d’y échapper : des bornes de gel hydroalcoolique et des masques de procédure neufs accueillent désormais la communauté universitaire dans les pavillons. Dans les couloirs, des flèches vertes et des croix rouges ont été apposées sur les portes d’accès pour préciser le sens de circulation. Des affiches sur le lavage des mains ont également trouvé leur place sur les murs.

Bouleversée par la pandémie, l’UdeM a dû s’adapter pour accueillir ses étudiants et étudiantes pour la rentrée 2021. Des règles sanitaires exigées à la fois par le ministère de la Santé et des services sociaux et le Comité de coordination COVID-19 de l’Université encadrent ce retour en classe. Parmi elles : le masque de procédure obligatoire en intérieur, la distanciation physique d’un à deux mètres selon les conditions, ou encore la désinfection des mains. Les gestes barrières imposés sur le campus n’ont pas surpris l’étudiant en première année au baccalauréat de mathématiques Cédrik Carrière. « Nous vivons avec ces gestes depuis un an et demi, deux ans, donc nous sommes habitués maintenant », témoigne-t-il.

Une distanciation parfois difficile à maintenir
L’un des gestes barrières qui semble toutefois source de plus de questions sur le campus est celui de la distanciation. Selon les informations du site Web Info COVID-19 de l’Université de Montréal, la règle de la distanciation physique ne s’applique pas lorsque les étudiants et étudiantes sont dans les salles de cours. Pourtant, à l’entrée de chacune d’elles, des affiches sur la distanciation d’un à deux mètres sont présentes. Dans certaines classes, des étiquettes de couleur au niveau des chaises indiquent la distance à respecter. Ce qui peut sembler être une incohérence correspond plutôt, selon l’Université, à un « affichage préventif » qui lui permettra de « s’adapter rapidement si les directives devaient changer au cours du trimestre selon l’évolution de la situation épidémiologique. » L’UdeM ajoute d’ailleurs que cet affichage sert aussi à rappeler les règles qui s’appliquent en dehors des heures de cours dans les salles de classe.

Pour se tenir à distance des professeurs et des professeures, qui peuvent retirer leur masque en respectant une distance de deux mètres, la communauté étudiante est également invitée à ne pas s’asseoir au premier rang. Toutefois, si l’espace manque dans la salle de classe, elle est autorisée à  s’y asseoir et en l’absence de la distanciation de deux mètres avec les élèves, le corps enseignant doit alors porter un masque. L’étudiante en première année au baccalauréat en mathématiques Sandrine St-Cyr soutient cette mesure. « C’est une chance que les professeurs puissent enlever leur masque, sinon, nous ne comprenons rien quand ils le portent, explique-t-elle. Mais c’est sûr que ce serait plus simple si nous pouvions l’enlever aussi en classe. » Cédrik Carrière note cependant que la distanciation physique n’est pas possible dans tous les cours. « Par exemple, si un professeur ne se sert pas du micro en classe, il est inaudible à partir de la septième rangée, précise-t-il. Dans ce cas-là, tout le monde doit se rapprocher et nous sommes donc tous collés les uns aux autres. »

Sandrine St-Cyr déplore aussi l’impossibilité de toujours respecter une distanciation convenable. « Nous sommes vraiment beaucoup d’étudiants en cours, précise-t-elle. Donc, c’est sûr que si nous sommes cent à être assis à moins d’un mètre dans la classe, ça pose problème. » Du côté du personnel de l’Université en contact constant avec les étudiants et les étudiantes, le constat semble le même. La commis au Service d’impression de l’Université de Montréal (SIUM) Sheyna Dumarsais juge également que la distanciation est difficile à maintenir convenablement en intérieur. « Je continue d’appliquer les gestes barrières, mais la distanciation est plus difficile quand tout le monde marche dans les corridors, par exemple », admet-elle.

 

Le passeport vaccinal sur le campus

Une preuve de vaccination électronique est désormais obligatoire pour les activités dites « non essentielles » sur le campus. Le passeport est requis pour les activités sportives et pour accéder aux espaces intérieurs et extérieurs du CEPSUM. Cette preuve vaccinale est aussi demandée pour les activités culturelles, comme les spectacles ou le Ciné-Campus, les cérémonies de collation des grades et les activités organisées de socialisation ou de réseautage. L’enseignement et la recherche sont considérés comme des activités essentielles et ne sont donc pas soumis à cette règle. Quant aux personnes réticentes à la vaccination qui souhaiteraient participer aux activités non essentielles, la réponse est catégorique: « Elles ne peuvent pas, déclare Geneviève O’Meara. Ces activités ne seront pas accessibles tant que cette règle sera effective. »

 

Des règles propres à chaque lieu et à chaque situation ?

Pour connaître en détail les exigences sanitaires sur le campus, des courriels d’information quasi hebdomadaires renseignent la communauté universitaire sur les règles à suivre, lesquelles peuvent sensiblement varier d’un endroit à un autre, et d’une situation à une autre. Le site Web Info COVID-19 récapitule d’ailleurs dans un tableau les consignes détaillées en fonction des différents lieux du campus. Parmi celles-ci, le masque est obligatoire dans les zones de travail individuel des bibliothèques et devient « recommandé mais non obligatoire » si une distanciation d’au moins deux mètres est maintenue dans les salles de travaux d’équipe ou d’étude en groupe fermées (en bibliothèques ou ailleurs). Dans les lieux de restauration et dans « tout autre endroit où l’on est autorisé à consommer de la nourriture/breuvage », la distanciation n’est pas non plus toujours la même : la distance de deux mètres autorisée pendant la consommation est réduite à un mètre si la personne ne mange pas ou ne boit pas. Sous les chapiteaux extérieurs, le masque est obligatoire si ceux-ci sont « fermés », mais peut être retiré s’ils sont « ouverts sur au moins trois côtés ». Dans les salons étudiants ou dans les salles pour le corps professoral, le masque est également « recommandé, mais non obligatoire », en respectant la distance des deux mètres.

« Je suis bien consciente que cela peut être confus, admet la porte-parole de l’UdeM, Geneviève O’Meara, au sujet des exigences concernant la distanciation. Mais ce sont les règles avec lesquelles nous devons vivre. Je dirais que dans le doute, gardons nos distances et notre masque. »

Les masques mis à la disposition de la communauté universitaire à l’entrée des bâtiments soulèvent une autre interrogation : faut-il les remplacer systématiquement? « Je me lave les mains en arrivant dans un bâtiment, mais si j’ai déjà changé mon masque durant la matinée, je garde le même quand je sors et rentre dans un nouveau bâtiment, détaille Cédrik Carrière. Je crois que si tu as le masque « bleu » (NDLR de procédure), les agents (NDLR de la Direction de la prévention et de la sécurité) ne te disent rien, contrairement aux masques en tissu. » Mme O’Meara affirme que les masques de procédure portés avant d’arriver sur le campus, ou entre les bâtiments, ne sont pas à changer automatiquement, mais qu’ils sont mis à la disposition de celles et ceux qui le souhaitent. Quoi qu’il en soit, l’Université assure véhiculer le même message à toute la communauté. « C’est difficile de dire « Je ne l’ai pas eu ou je ne l’ai pas vu », déclare la porte-parole. En tant qu’étudiant ou employé, tout le monde a une responsabilité de lire ses courriels. »

Des mesures qui pourraient se renforcer d’ici l’hiver ?

L’autre sujet qui inquiète la communauté étudiante porte sur l’évolution de la quatrième vague de la pandémie menée par le variant Delta. Le risque d’un retour aux cours en ligne cet hiver plane-t-il au-dessus du campus? Cédrik Carrière se soucie de la situation. « Ce n’est pas la même chose d’avoir cours en ligne, estime-t-il. Tu es laissé à toi-même, tu n’as pas nécessairement de repères et les professeurs ne sont pas toujours présents quand tu en as besoin. » Mme O’Meara admet que l’amélioration des services sanitaires sur le campus peut être une solution. « La rentrée est une période d’adaptation, souligne-telle. Certains ajustements doivent encore être faits. » Elle ne précise toutefois pas quels pourraient être ces ajustements. La porte-parole de l’UdeM ne cache pas la possibilité d’un durcissement des règles sanitaires d’ici l’hiver. « Si la pandémie nous a appris quelque chose, c’est que tout peut changer rapidement, rappelle-t-elle. Si des mesures doivent évoluer, cela sera envisagé. » Malgré les sourires derrière les masques, la rentrée laisse donc la communauté universitaire dans l’incertitude. Pour sa part, Sheyna Dumarsais relativise. « Qu’on soit confiné ou pas, de toute façon, il fait très froid l’hiver, on ne pourra pas sortir. »

 

 

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