« Un accompagnateur coûte entre 50 et 75 $ de l’heure, souligne l’étudiante à la maîtrise en musicologie et ancienne coordonnatrice aux affaires académiques de l’Association des étudiant-e-s de musique de l’UdeM (AEMUM), Catherine Harrisson-Boisvert. Cela peut représenter jusqu’à 750 $ par session de frais afférents cachés pour un étudiant et ce n’est pas tout le monde qui peut se permettre ça. » Jusqu’à l’an dernier, chaque étudiant en première et deuxième année de baccalauréat en interprétation avait droit à dix heures d’accompagnement gratuites par session.
L’UdeM a décidé de supprimer totalement cette enveloppe budgétaire après l’avoir déjà considérablement réduite en 2010. « Nous sommes passés de 4 000 heures d’accompagnement à 400 heures par session en 2010, rappelle le président du Syndicat des chargés et chargées de cours de l’UdeM (SCCCUM), Frédéric Kantorowski. Les étudiants avaient de l’accompagnement pendant les trois ans de leur bac, aujourd’hui cela passe à zéro. »
Du côté de l’Université, on souligne que cette décision a été prise pour des raisons budgétaires.« Cela a été fait dans le cadre de compressions dans toutes les unités, soutient le porte-parole de l’UdeM, Mathieu Filion. C’était même avant d’apprendre les coupes récentes du ministère de l’Éducation. » Cette enveloppe représentait environ 40 000 $ de dépenses par session.
Un déclin musical
Les étudiants craignent que la coupe des pianistes accompagnateurs nuise à leur cheminement scolaire. « On perd un encadrement professionnel et pédagogique qui risque d’affecter la qualité des récitals », croit Catherine Harrisson-Boisvert.
Pourtant, l’UdeM n’est pas de cet avis. « À la suite des coupes d’heures de 2010, la qualité des performances n’a pas diminué selon les échos que nous avons reçus, indique Mathieu Filion. Oui l’offre d’enseignement a diminué, mais nous devions réduire le budget. »
Plusieurs étudiants devront ainsi débourser des centaines de dollars afin de se préparer adéquatement pour leurs examens de fin de session.« Cela varie d’un instrument à l’autre, mais c’est la norme d’avoir un accompagnateur pour son examen, affirme Catherine. Les étudiants sont donc un peu obligés de le faire et il n’y a pas eu de changement dans les exigences pédagogiques des professeurs. »
Pour ceux qui n’ont pas les moyens, peu d’options de rechange sont disponibles. « Le décanat nous dit que c’est assez compliqué de mettre en place d’autres mesures à cause de la convention collective des accompagnateurs », rapporte Catherine.
Le Syndicat des chargés de cours défend effectivement ardemment ses membres. « Nous nous sommes battus pour mettre fin à l’arbitraire, souligne M. Kantorowski. Ce sont des professionnels qui gagnent leur vie et il ne faut pas qu’on retourne à un système de marchandage. »
Le Syndicat et l’Association ont lancé une pétition pour faire pression auprès de la direction de l’Université.