Volume 22

Illustration: Mélaine Joly

À vos marques…Party!

On n’y échappera jamais. Chaque année, il y aura une controverse liée aux initiations universitaires. En plus de la chanson des étudiants en droit de l’Université Laval qui a semé l’émoi à Québec, l’étudiant en médecine à l’UdeM Gabriel Dion se serait fait expulser du bar Le St-Sulpice pour avoir embrassé un autre étudiant lors d’une activité d’intégration de son association étudiante. Gabriel Dion a perçu dans l’action du portier de l’établissement un geste homophobe et l’a dénoncé dans les médias dimanche dernier.

La Fédération des associations étudiantes de l’UdeM (FAÉCUM) s’est empressée d’exprimer son soutien. « Ce comportement homophobe est tout simplement inacceptable, a laissé savoir le secrétaire général de la FAÉCUM, Vincent Fournier Gosselin, par voie de communiqué. Les étudiants ont subi un préjudice en raison de leur orientation sexuelle et nous demandons au bar de corriger la situation de manière non équivoque. »

Il n’est effectivement pas normal, en 2014, que deux hommes qui s’embrassent se fassent expulser d’un bar. Toutefois, la réaction très rapide de la Fédération a été étonnante. Le communiqué de presse a été lancé quatre heures à peine après la sortie de la nouvelle dans les médias. À ce moment, Le St-Sulpice n’avait toujours pas réagi officiellement ni fourni sa version des faits.

Lundi, le propriétaire du bar Le St-Sulpice, Maurice Bourassa, a nié tout acte homophobe et a insisté pour dire que les gais étaient bienvenus dans son établissement. Selon sa version des faits, Gabriel Dion était à l’horizontale sur une rampe d’escalier et bloquait la circulation. Toujours selon lui, l’expulsion aurait eu lieu à la suite de plaintes de la part de d’autres clients. Une nouvelle prise pour les initiations universitaires.

Il faut admirer la capacité de la FAÉCUM à croire, à appuyer et à défendre ses étudiants. Ce geste rapide est-il dû à une volonté forte de vouloir concrétiser ses orientations ? Rappelons que le secrétaire général, Vincent Fournier Gosselin, a comme mandat pour cette année de « développé [r] un discours quant à l’intégration des personnes de toutes orientations et identité sexuelle ».

Vouloir remplir ses engagements est très louable. D’autant plus que l’on reproche presque toujours aux politiciens de ne pas le faire. Mais dans l’instantanéité, la prudence est toujours de mise. À l’ère de Twitter, nos entités dirigeantes ressentent le besoin de réagir rapidement. C’est d’ailleurs une des spécialités de Denis Coderre. Mais un gazouillis mal placé est plus vite pardonné qu’un communiqué de presse et une entrevue à la télévision.

La Fédération aurait fait preuve d’autant de proaction en signifiant qu’elle surveillerait la situation de près et ne laisserait pas des gestes homophobes gâcher les activités d’intégration de l’université.

La FAÉCUM est un organisme politique, et par conséquent militant. Sur les enjeux d’éducation, il est normal de la voir effectuer des sorties médiatiques percutantes. Personne ne s’en formalisera car elle agit alors comme groupe de pression.

Mais lorsque la Fédération milite pour des droits qui sortent du cadre universitaire, aussi légitimes soient-ils, elle devrait faire preuve de plus de prudence. À tirer l’alarme sur toutes les situations, on peut rapidement perdre sa crédibilité. Celle qui a été durement acquise et qui serait encore plus longue à rebâtir.

Peut-être que la fébrilité de la rentrée aura fait réagir la FAÉCUM trop rapidement. Ou alors celle causé par l’expulsion du bar Le Boudoir d’un couple gai il y a quelques semaines à Québec. Peut-être que cette démonstration d’homophobie

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