Le réveil ne suffit pas à y échapper. Les cauchemars réguliers peuvent même poursuivre les individus éveillés, et avoir des répercussions sur leur quotidien. Si certains étudiants rêvent de l’université, cette institution ne hante pas toutes leurs nuits, et des techniques existent pour en diminuer le nombre.
«Je fais souvent le cauchemar que j’arrive en retard à mon cours, assure l’étudiante en traduction à l’Université Concordia Karina Guevara. Il m’arrive aussi de rêver d’avoir dormi une journée complète et d’avoir raté mon examen. »
Pour la psychologue à l’Hôpital Maisonneuve- Rosemont et doctorante à l’UdeM Jessica Lara- Carrasco, il est habituel pour les étudiants de rêver de l’université. « Il n’est pas rare que les périodes de stress soient accompagnées d’une recrudescence de rêves troublants chez les gens », explique-t-elle.
Ces moments sont donc plus propices à causer des cauchemars liés à l’université. « Ça m’est arrivé quelques fois d’imaginer que je ne me réveillais pas pour un examen important, soutient l’étudiante en littérature française à l’UdeM Marion Guignet. C’est embêtant parce que, me connaissant, ça pourrait arriver. »
Certains cauchemars peuvent aller jusqu’à perturber la nuit d’une personne au point de la laisser sans sommeil. « Je suis souvent poursuivie ou bien encastrée dans un bloc dans mes cauchemars, et j’ai l’impression que ma vie est en danger, affirme Marion. À mon réveil, je ne suis plus capable de me rendormir. »
Selon l’étude menée par les chercheurs du Département de psychologie de l’UdeM Antonio Zadra et Geneviève Robert, les cauchemars sont davantage axés sur des menaces physiques telles que les agressions ou les viols alors que les mauvais rêves sont caractérisés par des conflits psychologiques. Contrairement à la croyance selon laquelle les cauchemars génèrent de la peur, des chercheurs de l’UdeM ont plutôt découvert qu’ils véhiculent des sentiments de dégoût, de tristesse, de culpabilité et de confusion.
éléments déclencheurs
Plusieurs facteurs peuvent provoquer des cauchemars durant une nuit de sommeil, dont la prise de médicaments, une affection neurologique dégénérative ou des événements traumatisants. « Trois éléments entrent en jeu dans l’apparition de ce trouble parasomniaque : l’arrivée d’un événement récent particulièrement stressant, le degré de sensibi lité face à une situation et l’émotion engendrée par un incident », convient Mme Lara-Carrasco.
Les personnes sensibles émotionnellement sont plus susceptibles de faire des cauchemars. « Ce genre de personne n’extériorise pas son stress, constate la psychologue. C’est dans son sommeil que toute cette tension se relâche et se transforme en cauchemar afin d’extérioriser le trop-plein d’émotions. »
Un quotidien perturbé
Selon la psychologue et étudiante au doctorat, les cauchemars créent beaucoup d’émotions et de désagréments chez les individus. « Des cauchemars à répétition peuvent causer de la peur et de l’anxiété au quotidien chez les personnes, explique-t-elle. Les gens commencent à craindre l’heure du coucher et deviennent insomniaques. »
Faire des cauchemars à répétition n’est pas dérangeant pour l’étudiante en traduction Karina Guevara. « Ça ne nuit pas à ma qualité de vie, constate-t-elle. Je suis juste un peu fatiguée, mais je fonctionne quand même bien durant la journée. »
Contrairement à l’étudiante, certaines personnes souffrant de ce trouble n’arrivent plus à faire la distinction entre le rêve et la réalité. « Si, par exemple, une personne rêve constamment qu’elle a un accident de voiture, elle peut alors décider de ne pas prendre sa voiture, de peur que cela lui arrive pour de vrai », explique la psychologue.
Selon Mme Lara-Carrasco, si certains individus n’arrivent pas à se calmer ou à se rendormir après un cauchemar, d’autres réussissent à l’oublier très vite. C’est le cas de l’étudiante en littérature française Marion Guignet. « Mes cauchemars ne restent dans ma tête que pendant une heure après m’être réveillée », affirme l’étudiante.
L’étudiante en traduction fait au moins un cauchemar par semaine. « Je rêve souvent de rats, de serpents, d’accidents de voitures et de batailles sanglantes », remarque-t-elle.
Selon elle, cinq minutes suffisent pour se calmer et retourner dans les bras de Morphée.
Il existe plusieurs thérapies qui peuvent aider à vaincre les cauchemars. Mme Lara- Carrasco propose des techniques de visualisation grâce auxquelles les individus apprennent à modifier leurs cauchemars, des thérapies cognitives comportementales qui visent à substituer des pensées et des actions réelles et positives à des comportements et des idées négatives. Elle assure que chacune de ces techniques est efficace, mais qu’il faut savoir laquelle convient le mieux à chaque individu.
UN CAUCHEMAR, C’EST QUOI ?
Les cauchemars, qui appartiennent à la famille de la parasomnie, aussi appelée troubles du sommeil, ne sont pas les seuls dérèglements vécus par certains individus. Le somnambulisme et les terreurs nocturnes appartiennent aussi à cette catégorie.
L’étudiante au doctorat et psychologue jessica Lara-carrasco explique que les cauchemars surgissent durant la phase paradoxale de notre sommeil, qui survient quatre ou cinq fois par nuit. « À ce moment-là, notre cerveau est très actif et notre corps devient alors paralysé, précise-t-elle. Notre cerveau désactive la partie qui maîtrise nos peurs, et c’est ainsi que les émotions négatives prennent le dessus. »