Culture

Le gagnant d'UdeM en spectacle, Julien-Claude Charlebois, est également employé des SAÉ. Le jury est toutefois composé d'experts indépendants, affirme l'un des coordonnateurs des SAÉ. Photo : Jacob Côté

À la croisée des arts

«On accueille tous les arts scéniques, indique le coordonnateur des arts de la scène des Services aux étudiants (SAÉ), Dominic Poulin. On est ouvert à tous les talents et à toutes les propositions. Ça peut être du slam, du théâtre, de la musique, de la jonglerie et ainsi de suite. » C’est ainsi, selon lui, que des disciplines artistiques diverses comme le chant et l’humour se retrouvent côte à côte, en compétition.

Andromède, un duo formé par deux étudiantes de dernière année au baccalauréat en interprétation jazz, Roxane Reddy et Marie-Neiges Harvey, a ainsi concouru à la finale du 28 novembre. « On se dit, depuis le cégep, qu’on va faire quelque chose ensemble, mais on ne trouvait jamais vraiment l’occasion », précise Marie-Neiges.

C’est lors d’un spectacle de jazz au bar l’Escalier, il y a plusieurs mois, que s’est formé le duo. « Les chanteuses jazz peuvent avoir du mal à s’imposer en tant que musiciennes, explique Roxane. On s’est dit : « On va montrer qu’on est capables de faire du jazz intéressant. On va faire un show, et ça va être deux chanteuses ! » »

Lorsque les deux jeunes femmes ont aperçu une affiche pour les auditions de l’UES, peu avant la date limite de participation, elles se sont lancées dans l’aventure avec un spectacle plus pop que jazz, selon elles. « On a joué deux compositions originales, une de moi et une de Roxane, développe Marie-Neiges. Je joue de la guitare, elle joue de la basse, et on chante ensemble. »

Bien avant les prix de 400 $, 300 $ et 200 $ réservés aux trois meilleures candidatures, c’est l’expérience professionnalisante que constitue la victoire qui motive les chanteuses. « On ne veut pas nécessairement gagner pour le prix en argent, mais ce serait bon surtout pour notre dossier, a souligné Roxane avant la finale. Ça nous donnerait une tribune si on veut jouer dans des festivals ou des salles de spectacles. » Selon elles, remporter le concours aurait représenté également une belle façon de finir leurs études de musique.

Fais-moi rire

L’humour était également au rendez-vous lors de la finale. Étudiant en science politique à l’UdeM, Nicolas Michaud a livré une interprétation d’un numéro réalisé par l’humoriste André Sauvé, en hommage au groupe humoristique Paul et Paul. « J’avais prévu de faire un numéro de création, mais j’ai manqué de temps, confie Nicolas. Comme je ne voulais pas me défiler, j’ai pris un numéro que je connaissais par cœur. Une heure avant les auditions, je l’ai répété à quelques reprises et j’ai pu le livrer sur scène. » Plus habitué au théâtre d’interprétation, Nicolas voulait participer à l’UES depuis quatre ans, mais le bon moment lui échappait à chaque fois, d’après lui. Cette année a été la bonne, puisque son talent l’a amené jusqu’en finale, malgré le stress des auditions. « C’est toujours la même chose, déclare -t-il. On ressent un très grand trac, ce que je considère être une bonne chose, car cela signifie que ça me tient à cœur. »

Pour Nicolas, la victoire n’est pas un objectif en soi. « Pour moi, l’important, c’était de réussir ces auditions afin de pouvoir remonter sur les planches, a-t-il affirmé avant le concours. Gagner m’apporterait beaucoup de joie, mais pour moi, c’est vraiment l’interprétation du numéro en tant que tel qui est la plus grande victoire. » Cette expérience représente également un défi et un dépassement de soi pour le jeune humoriste qui souffre de phobie et d’anxiété sociale. « Je pense que retourner sur les planches m’a apporté l’opportunité nécessaire pour que je puisse continuer à pratiquer mon courage et pour mieux affronter les obstacles de la vie que je vis quotidiennement », avoue-t-il.

Évaluer la diversité artistique

Si le concours de l’UdeM est ouvert à toutes les propositions artistiques, des numéros originaux aux interprétations, il est néanmoins encadré par des consignes strictes. « Il faut être étudiant à l’UdeM, le numéro doit être en français et doit durer huit minutes ou moins » détaille M. Poulin. Il ajoute que la proposition scénique ne peut pas être changée et doit rester la même des auditions jusqu’à la finale d’Univers-cité en spectacle s’il y a lieu. « En revanche, les candidats peuvent améliorer leur numéro », rappelle le coordonnateur. Pour ce faire, un mentorat est offert aux candidats pour améliorer la mise en scène de leur numéro, l’interprétation ou encore la pratique de l’instrument.

Danse, chant, théâtre, humour… Comment faire concourir des disciplines aussi variées ? Les auditions sont évaluées par un jury diversifié, composé d’un étudiant en musique, d’une comédienne et d’un artiste de théâtre. Les caractéristiques communes à chaque art scénique sont donc l’objet de cette évaluation, selon M. Poulin. « Le jury analyse chaque numéro en fonction de différents critères comme la présence sur scène, la présentation, l’originalité, ou encore la performance scénique », précise -t-il.

Le coordonnateur explique que cette liberté artistique attire les artistes en herbe de l’Université. « Il y a eu des inscriptions aux auditions en très grand nombre cette année, se réjouit M. Poulin. On a eu vingt-deux numéros inscrits au concours. » Les sept finalistes de cette année ont été sélectionnés parmi ces vingt-deux numéros, par un jury différent de celui de la finale.

Après le concours

Ancien étudiant en littérature française à l’UdeM et désormais étudiant à l’UQAM en communication culturelle, Jamil Assoum a remporté la dernière édition de l’UES. Après deux participations à la finale locale, le rappeur, connu sous le nom de J.A.M, a accédé à la finale nationale d’Univers-cité en spectacle, dont il a remporté les honneurs en mars dernier. « En tant qu’artiste émergent, j’étais et je suis toujours à la recherche du plus d’opportunités possibles, précise-t-il. En plus, ce genre d’expérience, c’est ce qui m’anime. »

Depuis sa victoire à l’UdeM en spectacle, J.A.M a sorti l’album Barrières, fait plusieurs concerts et participé au Festival international de la chanson de Granby l’été dernier. « N’importe quel concours aide, affirme-t-il. En plus, tu rencontres d’autres artistes autant passionnés que toi, c’est très inspirant. Avoir un jury qui te juge te rend plus fort et te prépare pour le prochain spectacle. » Le rappeur, désormais suivi par plus de mille personnes sur sa page Facebook, pense que l’UES l’a aidé à se faire reconnaître. « La FAÉCUM m’a contacté pour faire un spectacle, annonce- t-il. Puis, à chaque fois que j’envoie mon dossier quelque part, le fait que je sois arrivé premier montre que j’ai de l’expérience. Peut-être que les shows que j’ai réalisés par la suite l’ont été en partie grâce à l’UES. » Le fait d’avoir remporté ce concours a donc facilité son lancement de carrière, selon lui.

Le duo montréalais Titelaine, composé de Gabrielle Legault et Loukas Perreault, a animé une partie de la soirée avec une prestation hors-concours. Ces deux diplômés de l’UdeM et ont été finalistes à l’UES en 2018 et en 2019. Photo : Jacob Côté
Le duo montréalais Titelaine, composé de Gabrielle Legault et Loukas Perreault, a animé une partie de la soirée avec une prestation hors-concours. Ces deux diplômés de l’UdeM et ont été finalistes à l’UES en 2018 et en 2019. Photo : Jacob Côté

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