S o i r é e c o u n t r y à NDG
Bar country réservé aux membres et situé dans les confins de NDG, le Wheel Club ouvre
ses portes au public les lundis pour ses fameuses soirées «Hillbilly ». Musiciens, cow-boys,
étudiants, joueurs de fléchettes et danseurs en ligne se côtoient dans cet endroit où aucune
musique produite après 1965 n’est permise.
Cela fait plusieurs années que je viens ici tous les lundis », avoue, en ricanant, un quidam dans la cinquantaine. «Même si je ne viens pas les autres jours, je suis quand même membre. J’ai ainsi 50 sous de rabais sur la bière et 25 sous de rabais sur les shooters. Les autres soirs, les membres ne font que jouer aux fléchettes, ça ne m’intéresse pas», ajoute-t-il.
Les membres du Wheel Club doivent débourser une cotisation de 25 $ par année. En échange, ils reçoivent un macaron de membre et des rabais sur l’alcool du bar. L’entrée est gratuite pour les non-membres les lundis (ce qui ne comprend ni macaron ni rabais sur les spiritueux).
Rencontres intergénérationnelles
« J’adore voir différentes générations se réunir sous un même toit », raconte Lilly, qui vient de terminer un DEC en art dramatique au Collège Dawson. J’ai déjà vu des enfants de six ans danser avec des dames qui devaient avoir plus de 70 ans ». Après avoir pris un moment pour observer le spectacle des jeunes gens aux bras tatoués jouant une partie de billard avec des sexagénaires à l’allure country, il faut prendre un moment pour s’attarder au décor authentiquement kitsch.
Les murs du club sont ornés de photos jaunies soulignant les meilleurs moments de l’établissement country de NDG. On y trouve aussi des citations de taverne du style «Ma femme est partie avec mon meilleur ami. Je m’ennuie de lui.» Les tables sont recouvertes de vieilles nappes qui donnent au Wheel Club une allure de centre communautaire. Sur la piste de danse, des dames âgées enseignent les rudiments de la danse en ligne à de jeunes adultes habillés à la fine pointe de la mode cow-boy. Les performances musicales donnent une bonne raison de se déhancher les lundis soirs au Wheel Club: une multitude de musiciens se relaient sur scène pour offrir le meilleur honky tonk, bluegrass, hillbilly et western swing.
La philosophie du Wheel Club «L’idée derrière ces soirées est de préserver un son particulier, raconte Mel, un retraité qui arbore f i è r e m e n t l e m a c a r o n d e membre. C’est pourquoi le fondateur de ces soirées, Bob Fuller, oblige les musiciens à jouer de la musique produite avant les années 1965. Aussi, tous les instruments doivent être acoustiques», précise-t- il.
Originaire de la Nouvelle-Écosse, Bob Fuller a fondé les soirées Old Time Country Music Club of Canada il y a maintenant 45 ans. Au début, ces soirées se déroulaient les lundis soir au bar Blue Angel. Lorsque ce bar a été démoli, Bob a essayé quelques bars avant de s’installer définitivement au Wheel Club. «Il est maintenant dans un fauteuil roulant, le pauvre homme. Pourtant, lorsqu’il était encore présent au Club, il jouait souvent de la basse avec les autres musiciens et se plaisait à montrer son immense collection de 45 tours», compatit Mel.
Une communauté réunie par la musique
«C’est un endroit vraiment merveilleux », estime Bobby Dove, nom d’artiste d’une des habituées de la place. « Tout le monde est très ouvert et s’accepte mutuellement», renchérit-elle avant de grimper sur scène pour chantonner un air de Woody Guthrie. La chanson terminée, la foule applaudit chaudement. Des sons de cloche de vache déferlent à travers le bar en guise d’approbation.
Wheel Club,
3373, boulevard Cavendish, ouvert tous les lundis à partir de 20 heures
Old time music et hillbilly
Au départ, la musique rurale du sud des États-Unis a deux origines géographiques. À l ’oues t , el le v ient des régions de plantations de coton où se trouvaient une population immigrante irlandaise, écossaise, anglosaxonne, mais aussi espagnole, française, indienne, polonaise, italienne, et des esclaves africains. À l’est, la musique du «Vieux temps » (Old Time Music) se serait développée dans les massifs des Appalaches. À ses origines, le country est le plus souvent joué au violon sur des tempos très syncopés, à la manière des musiques traditionnelles tziganes, par exemple. C’est seulement dans les années 1920 que l’appellation « hillbilly » (musique des montagnes, désignant
les paysans) est utilisée par l’industrie naissante du disque pour désigner la musique destinée au public rural blanc.