À bout des punaises

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Par Etienne Fortier-Dubois
lundi 26 septembre 2016
À bout des punaises
L'étudiante Gillian Mortier-Ardois et ses colocataires ont vécu un certain stress, dans la mesure où elles avaient difficilement accès à toutes les affaires entreposées sur le balcon, dans des sacs plastiques. Crédit photo : Maude Auberson-Lavoie
L'étudiante Gillian Mortier-Ardois et ses colocataires ont vécu un certain stress, dans la mesure où elles avaient difficilement accès à toutes les affaires entreposées sur le balcon, dans des sacs plastiques. Crédit photo : Maude Auberson-Lavoie
En cette période de rentrée, beaucoup d’étudiants emménagent dans un nouvel appartement et certains auront la malchance de découvrir chez eux une invitée indésirable: la punaise de lit. Pas de panique toutefois, car être jeune et en forme permet de se débarrasser plus facilement de ces locataires gênants.
« On remarque plus de symptômes d’anxiété, de perturbation du sommeil et beaucoup plus d’isolement social » Stéphane Perron, professeur adjoint de clinique au Département de médecine et au Département de médecine sociale et préventive de l’école de santé publique de l’UdeM

Selon le spécialiste en gestion parasitaire, Harold Leavey, les étudiants sont exposés aux infestations de punaises de lit, car ils se déplacent davantage et habitent souvent dans de grands édifices avec de nombreux logements. « Aujourd’hui, la jeunesse bouge, et il y a davantage de promiscuité, c’est aussi ce qui cause la contamination rapide », indique-t-il.

Un avis partagé par le professeur adjoint de clinique au Département de médecine et au Département de médecine sociale et préventive de l’école de santé publique de l’UdeM Stéphane Perron. « Les endroits où il y a beaucoup de circulation et beaucoup de personnes sont plus à risque d’avoir des punaises, peu importe le milieu », explique-t-il. L’inexpérience est aussi un facteur de contamination, selon la coordonnatrice du centre du logement et d’emploi hors campus (HOJO) de l’Université Concordia, Leanne Ashworth, indiquant que beaucoup d’étudiants ne savent pas qu’ils ont des punaises avant plusieurs mois.

C’est le cas de l’étudiante au baccalauréat en communication Gillian Mortier-Ardois, qui affirme ne pas avoir remarqué immédiatement ses nouveaux locataires. « Nous nous sommes rendu compte de la présence de punaises une fois que ma colocataire a eu vraiment beaucoup de piqûres, raconte-t-elle. Elles ont eu le temps de se multiplier et de se disperser dans l’appartement. »

Une meilleure réactivité

D’après Stéphane Perron, les étudiants arrivent cependant à réagir plus vite. « Ils sont parfois insouciants, c’est pour cela que les punaises rentrent la première fois, mais ils sont aussi jeunes, intelligents et dynamiques donc ils ont amplement les capacités de tout mettre en œuvre pour se débarrasser des punaises », développe-t-il. Pour lui, la raison est simple : préparer le logement aux traitements demande beaucoup de temps et d’énergie aux locataires, car il s’agit de laver et de déplacer tout ce qui est en tissu et en bois à l’extérieur de l’appartement. « Les gens qui ont des incapacités physiques ou mentales ne peuvent pas s’occuper eux-mêmes de tout cela », explique M. Perron.

Dans les résidences par exemple, les étudiants font un effort collectif pour venir rapidement à bout des punaises. Lorsque le problème persiste, c’est souvent à cause d’un manque de coopération des propriétaires ou d’un traitement inadapté, selon M. Leavey, qui préconise que tout l’immeuble soit traité, et non chaque appartement individuellement.

Une source d’anxiété

Une étude sur les liens entre santé mentale et punaises de lit, dirigée par Stéphane Perron, met en lumière le stress que peut provoquer ce fléau chez les personnes aux prises avec des infestations récurrentes. « On remarque plus de symptômes d’anxiété, de perturbation du sommeil et beaucoup plus d’isolement social », commente M. Perron.

Des punaises de lit ont élu domicile chez l’étudiante au baccalauréat en enseignement du français au secondaire, Catherine Boudreault en 2015. « C’était vraiment traumatisant et envahissant, j’aurais vraiment pu faire une grosse déprime », dévoile-t-elle. Si des cas extrêmes de suicide dans une situation d’infestation ont été relayés dans les médias, M. Perron précise que ces personnes avaient déjà des problèmes de santé mentale. Les étudiants ne sont donc pas un groupe à risque en matière de santé mentale liée aux infestations de punaises.

« On n’invitait plus personne, raconte Gillian. Mais on n’était pas spécialement préoccupées par le fait que ça se répande, on avait juste envie que ça se finisse et on en parlait autour de nous. » S’il y a donc des risques que les étudiants rencontrent ces insectes envahissants durant leurs cursus, leur vivacité permettra certainement d’en venir à bout.