Culture

Les équipes reçoivent plusieurs formations pour apprendre à manier différents outils cinématographiques.

DocumenTerre

Depuis 2011, le professeur au Départe­ment de science politique Dominique Caouette offre la possibilité à ses étudiants d’effectuer un stage sur le terrain. Dans le cadre des cours POL3904 – Travaux pratiques, pour les étudiants en économie politique et communication politique, et INT3002 – Stage en milieu de travail, pour ceux en études internationales, les étudiants peuvent produire des moyens métrages documentaires sur un enjeu écologique, humanitaire ou géographique donné. « C’est une façon de produire de la connaissance autrement que par des publications scientifiques qui sont dirigées vers un public cible restreint, explique-t-il. Les documentaires sont produits par des étudiants, pour des étudiants. L’objectif est de les rendre disponibles à tous. » Pour l’instant, six documentaires ont été produits en étroite collaboration avec le centre de recherche Third World Studies de l’Université des Philippines, pour un total de 11 productions en cinq ans.

Cette année, les étudiants travailleront sur le thème de l’accaparement des terres et les enjeux miniers en bénéficiant d’une nouveauté par rapport aux années précédentes. Le projet fait désormais partie du Réseau d’études internationales sur la valorisation et l’exploitation de la nature, des terres et des ressources en Afrique, Asie et Amérique latine (Réinventerra), un consortium d’universitaires de l’UdeM et de l’UQAM qui ont réuni une douzaine de centres de recherche autour du globe pour harmoniser leurs travaux. « Il s’agit avant tout de permettre aux étudiants de réaliser un stage sur le terrain, avec un produit qui dure, explique le professeur . Le documentaire est produit dans un contexte culturel complètement différent du nôtre, mais il faut qu’il s’adresse à tous les publics. »

L’étudiante au baccalauréat en études internationales Lucy Lavirotte a été sélectionnée pour participer au projet. « Avec Réinven­terra, plus d’enjeux seront couverts que l’année dernière, raconte-t-elle. On est tous très motivés, car les thèmes de cette année nous tiennent à cœur. » Divisés en trois équipes de deux, les étudiants de l’UdeM seront envoyés aux Philippines et en Indonésie, où ils collaboreront avec des étudiants locaux pour traiter des enjeux miniers, de l’huile de palme et de l’agroforesterie. Les sujets et les angles exacts qui feront l’objet de chaque documentaire d’une vingtaine de minutes seront arrêtés au contact des différents environnements. « Il y a notamment la question de la stérilisation des terres et du déplacement des populations, explique Lucy . On va préciser notre sujet sur place. »

En mai prochain, les étudiants s’envoleront vers l’Asie du sud-est. Après une semaine d’adaptation où ils se familiariseront avec leur nouvel environnement, le projet débutera par une période de préproduction. « On commencera le travail par un mois de recherche et d’écriture, où on clarifiera le sujet, on prendra contact avec les ONG [NDLR : organisations non gouvernementales] locales et on fera du repérage pour optimiser le tournage », explique Lucy. Après trois semaines de tournage, les étudiants auront cinq semaines de montage afin d’assembler le documentaire avant de revenir à Montréal.« Tout au long du stage, on tiendra un blogue avec des articles, des vidéos, raconte l’étudiante. Le montage final se fera sur place. A notre retour fin août, on projettera le documentaire à l’université et ailleurs. »

Une approche différente

L’étudiant au baccalauréat en économie politique David Lévi exprime le désir des six étudiants d’adopter un angle original pour leur projet.« Les thèmes qu’on a sont assez génériques et bien connus, comme l’huile de palme, affirme-t-il. Je pense qu’on a tous envie d’avoir un point de vue un peu différent, une approche plus centrée sur les gens que sur les données scientifiques. » M. Caouette encou­rage d’ailleurs la créativité de ses étudiants en leur offrant une liberté de choix importante. « La beauté de la chose, c’est que chaque documentaire a sa personnalité, sa couleur particulière, dit-il. Selon les sensibilités des participants et leurs opportunités, ils ont tous choisi différentes façons de traiter leur sujet. À chaque fois, c’est une surprise, on ne sait pas d’avance la forme que cela prendra. »

25mars2015La nature inédite du stage permet aux étudiants de s’immerger dans la culture locale pour mieux traiter des enjeux qui l’entourent, selon Lucy . « On a une grande autonomie par rapport à d’autres types de stages, ça nous donne la possibilité d’être plus créatifs », se réjouit-elle.

Depuis leur intégration au projet à l’issue de plusieurs entrevues de sélection début mars, les étudiants se préparent au départ . « Cette année, les étudiants se sont vraiment bien organisés pour aller chercher du financement ! » raconte M. Caouette. Outre les ateliers de formation techni que qu’ils suivent pour maîtriser les outils de prise de vue, de son et les applications de montage, les six partenaires rassemblent des fonds pour optimiser leurs moyens techniques et couvrir leurs dépenses sur place. « On tient des cafés éphémères et on a organisé une soirée récemment, explique Lucy. On va en réorganiser une si on trouve le temps ! » Une page de soutien sur le site de financement collaboratif KissKissBankBank sera ouverte par l’équipe avant le départ.

« Si le documentaire est bon, on pourrait l’envoyer à des festivals, ou une télévision… mais il faut qu’il y ait du niveau ! » s’enthousiasme David, conscient du projet unique qui l’attend. L’année dernière, un documentaire produit par les étudiants de M. Caouette au Bangladesh a obtenu une récompense lors du Festival du Film Étudiant de Québec. Grisées par le travail des équipes précédentes et par la perspective du départ, les équipes de cette année entendent faire de leur mieux pour valo­riser le fruit de leur travail.13A

 

Partager cet article