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Illustration : Lydia Képinski

Des moyens pour contrer la détresse

« Je garde du temps pour des projets qui me passionnent vraiment, comme le théâtre ou les voyages, et du temps pour voir mes amis ou pour faire du sport , indique l’étudiante en médecine à l’UdeM, Mariane Paquette. Ça m’aide.» L’étudiante qui a complété trois ans du programme a pris une année sabbatique et voyage en ce moment au Pérou, après avoir visité le Maroc et la Colombie plus tôt cette année.«J’avais l’impression que j’avais besoin d’un an pour réaffirmer mes choix et vivre autre chose, juge-t-elle. Pour développer une autre partie de moi que la médecine ne me permet pas toujours d’exprimer.»

Les études en médecine laissent peu de place à la vie sociale à tel point qu’au Québec, près d’un étudiant sur cinq a déjà pensé à se suicider, selon un sondage de la Fédération des médecins étudiants du Québec (FMEQ). «Ils sont soumis à une vie très exigeante, explique le professeur titulaire au Département de chirurgie et directeur du Bureau d’aide aux étudiants et résidents de la Faculté de médecine de l’UdeM, Ramses Wassef . Ils sont dépassés par les exigences.»

Selon le professeur titulaire, les mêmes soucis se retrouvent chez les étudiants en droit ou à HEC où les études demandent beaucoup d’efforts.«Les études en médecine sont exi­geantes sur le plan des connaissances à acquérir, des attitudes et des aptitudes à développer», ajoute le D r Wassef.

Les résidents sont des étudiants qui effectuent un stage pratique de deux à six ans en milieu hospitalier . «Les exigences en médecine atteignent leur sommet lors de la résidence», explique l’étudiante en médecine de l’UdeM, Justine Munger.

Mariane a fait son parcours secondaire dans un programme d’éducation internationale, ses études collégiales dans le programme enrichi de sciences, lettres et arts du Collège André-Grasset. Même si cette dernière a toujours suivi une formation accaparante, son passage aux études supérieures a marqué une étape dans son cheminement étudiant. «J’ai commencé à ressentir de l’anxiété à l’université, reconnaît-elle . J’ai consulté un médecin et le Bureau d’aide aux étudiants en médecine de l’UdeM.»

Si certains étudiants décident d’arrêter momentanément leurs études pour se reposer ou se ressourcer, d’autres étudiants suivent le parcours sans interruption. «J’ai vécu certaines périodes au cours desquelles j’étais confrontée à un plus haut niveau de stress, avoue Justine. Pour le vaincre, j’en ai parlé à des collègues en médecine, mais également à des gens hors du programme, qui pouvaient m’offrir une perspective différente.» Justine Munger fait aussi du sport et organise son temps pour avoir des soirées ou des journées durant lesquelles elle n’étudie pas.

Des services pour faire face

La prévention de la détresse psychologique est une préoccupation pour la Faculté de médecine de l’UdeM. «Moi et mes collègues, on rencontre toutes les cohortes au moins une fois par année pour parler de l’importance de l’équilibre de vie et de l’importance des moyens de prévention, relate le Dr Wassef. C’est-à-dire une bonne gestion du stress, un sommeil régulier, de saines habitudes alimentaires, la pratique d’activités physiques et une vie sociale avec les parents ou les amis .» Il y a même des cours de méditation qui sont offerts aux étudiants, selon le professeur.

Même si différentes études révèlent que les étudiants en médecine présentent le plus haut taux de dépression, on ne peut pas dire que cela s’applique à la consultation du Centre de soutien à la réussite (CÉSAR) de l’UdeM. «Je ne pourrais pas dire qu’il y a une faculté qui se démarque dans les consultations», indique la psychologue et coordonnatrice du CÉSAR, Dania Ramirez.

Après le décès de l’étudiante, les responsables de la Faculté de médecine ont rencontré les résidents du CHUM et d’autres centres pour leur apporter un soutien psychologique. «Très rapidement, on a rencontré les gens de cette unité pour les écouter et partager leur peine, affirme le Dr Wassef. On a rencontré ensuite les étudiants du même programme.»

Selon le sondage de 2012 de la FMEQ, 70 % des étudiants et étudiantes en médecine n’ont jamais utilisé les services d’aide psychologique offerts par leur université.

Deux facteurs qui peuvent contribuer à la détresse des résidents

• le changement constant de milieu de travail: dix hôpitaux ou plus

• les évaluations hebdomadaires – voire quotidiennes – effectuées par les superviseurs

Source: Fédération médicale étudiante du Québec (2012)

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