Volume 22

Selon la doctorante Zhihui Yi, malgré une vision très traditionaliste des genres encore très présente en Chine, les femmes sont de plus en plus présentes dans le monde universitaire de son pays.
Crédit photo : Isabelle Bergeron

De la Chine au Canada

Zhihui Yi travaille actuellement sur les transistors électroniques organiques, un sujet de recherche qui requiert des connaissances en biologie, en électronique, en chimie, en physique et en génie. Des percées dans ce domaine pourraient faciliter la vie de certains malades, en permettant l’utilisation d’implants électroniques pour l’administration de médicaments dans des zones précises du corps humain, comme le cœur.

« Zhihui est talentueuse, travaillante et confiante , c’est une chercheuse déterminée et débordante d’enthousiasme », affirme un collègue du programme de la doctorante, Prajwal Kumar. Celui qui travaille avec Zhihui Yi depuis deux ans estime avoir beaucoup appris à ses côtés.

« En Chine, la plupart des gens sont trop gênés pour communiquer ou demander de l’aide, mais ce n’est pas mon cas, déclare Zhihui Yi. Si je ne comprends pas quelque chose, j’irai poser des questions. Si on ne peut me répondre, j’irai trouver quelqu’un qui le peut. »

Zhihui n’est pas intimidée par le fait d’étudier dans une école et un domaine qui ont la réputation d’être traditionnellement masculins.« Je n’ai pas l’impression qu’on accorde de l’importance au sexe de la personne, assure-t-elle. Si tu as des connaissances et le désir de les partager, tu seras accueillie à coup sûr. »

Quatre des six étudiants du groupe de recherche de M. Cicoira sont d’ailleurs des femmes. Le professeur reconnaît toutefois qu’il y a un débalancement dans la représentativité des genres aux cycles supérieurs et en sciences.« Il y a peu de femmes professeures en sciences et en génie et très peu de mères, indique-t-il. Parfois les femmes considèrent que leurs choix sont moins importants que ceux de leur partenaire. »

Émergence féminine en Chine

Si elle estime qu’une vision traditionaliste des genres est encore très présente en Chine, Zhihui juge cependant que les mentalités évoluent rapidement. Malgré un certain déséquilibre, surtout aux cycles supérieurs, les femmes sont de plus en plus présentes dans le monde universitaire. « Je crois que c’est attribuable à la nouvelle politique ­gouvernementale qui interdit aux familles d’avoir plus d’un enfant, dit-elle. Unique, l’enfant devient très important au sein de la famille, que ce soit un garçon ou une fille. Les parents seront portés à l’encourager à entreprendre des études supérieures. »

Ayant elle-même vécu des expériences professionnelles positives, elle considère qu’il n’existe pas de phénomène de discrimination envers les femmes. « Après la maîtrise, j’ai décroché un excellent emploi à l’Académie chinoise des sciences, l’institut le plus reconnu en Chine, raconte-t-elle. Nous étions trois candidats. Les deux autres étaient des garçons ; l’un détenteur d’une maîtrise, l’autre d’un doctorat. C’est moi qu’on a choisie. »

Une question de confiance

Pour Prajwal Kumar, la confiance de Zhihui est le trait de caractère duquel découlent ses réussites. « Je n’oublierai jamais ce qu’elle m’a dit un jour : “Peu importe ce que tu perds dans le courant de la vie, pourvu que ce ne soit pas ta confiance” », se souvient-il.

Zhihui est notamment récipiendaire du prix Gilles-Brassard du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, récompense d’une valeur de 10 000 $ pour ses accomplissements en recherche interdisciplinaire.

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