«Je n’ai jamais pensé que Polytechnique était un milieu traditionnellement masculin, affirme Hélène-Sarah Bécotte. Je ne me considère pas comme une femme dans un milieu d’hommes. Dans mes cours, mê me s’il n’y a qu’un tiers de femmes, je trouve que ce n’est pas si mal. »
Selon Hélène-Sarah, la représentation minoritaire des femmes à Polytechnique s’explique peut-être par l’image peu attrayante que leur renvoie le milieu. « Les mathématiques, ce n’est pas glamour du tout, et il faut beaucoup de rigueur, croit-elle . C’est un domaine qui manque d’humanité, il n’y a pas de place pour la créativité. Quand tu es enfant, généralement, tu t’imagines maquilleuse ou coiffeuse, tu ne rêves pas de devenir ingénieure . »
Aller à Polytechnique ne faisait d’ailleurs pas partie des premiers objectifs de la doctorante. « Hélène-Sarah a eu un parcours assez étrange, mais intéressant, explique son codirecteur de thèse et professeur en méthodes quantitatives à HEC, Gilles Caporossi. Elle voulait travailler dans l’industrie de la mode, après, elle est allée en administration pour vendre la mode, pour enfin s’intéresser aux mathématiques. Nous sommes toujours friands de ce genre de profils qui explorent différentes choses, qui apportent un point de vue qui sort des sentiers battus. »
De nature confiante, la doctorante confie toutefois les difficultés auxquelles elle a été confrontée.« Les mathématiques, ce n’était pas mon point fort, et je n’ai jamais mis l’accent là-dessus, raconte-t-elle. En arrivant à Polytechnique sans ce background scientifique, j’ai pris conscience que c’était un réel handicap. J’en ai même pleuré, parce que c’est très difficile. »
Le fait d’avoir suivi ce parcours permet à Hélène-Sarah d’avoir des idées différentes de la majorité des gens, selon la doctorante en mathématiques et génie industriel, Marilène Cherkesly. « Hélène-Sarah a toujours l’esprit d’entrepreneur, assure-t-elle. Avec sa créativité, elle arrive à aborder des sujets toujours différents et d’une manière assez novatrice. »
La doctorante a longtemps douté de ses capacités, mais dit avoir réussi à transformer ses doutes en force. Au début, j’avais vraiment l’impression d’être une imposteure parmi tous ces gens plus brillants les uns que les autres qui avaient obtenu des bourses et des prix de reconnaissance, et j’ai dû prouver mes capacités intellectuelles, se souvient Hélène-Sarah Bécotte. Aujourd’hui, j’ai fait mes preuves et je me sens parfaitement à ma place. »
Aujourd’hui intégrée dans son cursus, Hélène-Sarah avoue n’avoir jamais souffert de discrimination liée au sexe. « Je gère assez bien mes relations avec mes collègues masculins, explique-t-elle. Après avoir passé la moitié de mon primaire et tout mon secondaire dans une école de filles, je peux dire aujourd’hui que c’est très simple de travailler avec des hommes. »
Pour la doctorante, le seul obstacle est dans la tête des femmes. « La société a tendance à nous rappeler sans cesse que nous sommes des femmes, déplore-t-elle. Mais ça ne change rien à nos capacités à faire les choses. Être une femme n’est pas une limite, c’est au contraire une force. » De nature combative et fonceuse, Hélène-Sarah Bécotte envisage, une fois son doctorat en poche, d’enseigner ou de travailler dans une entreprise.