«J’ai vraiment eu l’impression de retourner au secondaire, raconte l’étudiante en études est-asiatiques Danièle Bien-aimé, qui a participé cet été à un échange étudiant avec l’Université Kanazawa au Japon. La journée est composée de cinq périodes de 90 minutes. Les classes sont plus petites, et on s’assoyait tous à nos pupitres en bois.»
Selon le responsable des cours de japonais de l’UdeM, Michel Richard, les grands amphithéâtres se font rares au Japon. «Les Japonais sont habitués depuis le primaire à des classes de 30 à 40 personnes, explique-t-il. Ce ratio continue généralement jusqu’à l’université, si bien qu’on voit très rarement des classes de100 personnes et plus.»
Celui qui a étudié plusieurs années au Japon confirme que, malgré la plus grande proximité qu’offrent de telles classes, la hiérarchie demeure très importante. «Il s’agit d’une relation dominant-dominé, souligne-t-il. Les étudiants sont littéralement au service de leur professeur.» Il n’est pas rare, par exemple, de voir un étudiant effectuer du travail pour un professeur sans que cela ait un lien avec le cours, selon M. Richard.
L’expérience qu’ont vécue les étudiants de l’UdeM s’avère toutefois un peu différente, car ils fréquentaient un programme spécialisé pour les étrangers qui souhaitent perfectionner leur maîtrise de la langue japonaise. «Les professeurs japonais étaient très près des étudiants,et la participation en classe occupait vraiment une place centrale dans les cours», soutient l’étudiant au baccalauréat en études est-asiatiques à l’UdeM Simon Plante, qui a effectué un échange avec l’Université Yamagata au Japon.
Malgré qu’ils aient fréquenté beaucoup d’étrangers dans leurs cours, le dépaysement restait total, puisque peu d’Occidentaux étaient du lot. «Contrairement aux universités des grandes villes, celles des campagnes où sont allés les étudiants de l’UdeM accueillent principalement des Orientaux, soutient M. Richard. Le niveau de japonais qui y est enseigné est donc plus fort, et il est presque impossible pour les étudiants de trouver quelqu’un à qui parler en anglais.»
Danièle et Simon n’ont pas trouvé trop lourde la charge de travail qu’on leur imposait, et ce, même s’ils devaient en même temps s’adapter à ce nouveau pays. «Les exigences étaient beaucoup moins élevées qu’à l’UdeM. Les travaux comptaient pour peu de points, et il était facile de passer les cours», relate Simon Plante.
Même s’il participait à un programme particulier, la réalité qu’il a vécue se compare à celle des Japonais, selon son professeur Michel Richard. «Les examens d’entrée à l’uni l’université sont très difficiles au Japon, précise-t-il. Mais une fois que l’étudiant est admis, le parcours universitaire, qui s’étale sur quatre ans, est beaucoup moins exigeant. » Par exemple, les étudiants doivent suivre plusieurs cours de culture générale qui ne sont pas nécessairement en lien avec leur domaine d’études, et la formation pratique se donne le plus souvent sur les lieux de travail.
Soudé au groupe
«Ce qui m’a le plus marqué, c’est l’importance et le sérieux qui sont accordés aux clubs », estime Danièle Bien-Aimé. Ces activités parascolairessont parfaitement intégrées auxécoles, de la maternelle à l’université.
«Pour les Japonais, l’intégration à un club est le processus normal pour socialiser, note Michel Richard. L’individualisme y est beaucoup moins présent que chez nous, c’est l’appartenance à un groupe qui définit l’identité.» Alors que Danièle Bien-Aimée n’avait jamais ressenti l’intérêt des’inscrire à une activité en dehors des cours à l’UdeM, elle s’est empressée de participer à un club de dessin manga à l’Université de Kanazawa. Pour elle, c’était la façon la plus naturelle de s’imprégner de la culture japonaise, qu’elle n’avait que quelques mois pour découvrir.