L’UdeM a décerné lundi dernier un doctorat honoris causa à la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde. Dans son discours, qui donnait l’envoi de la 20e édition de la Conférence de Montréal, Mme Lagarde s’est montrée reconnaissante de la condition que lui a apportée une éducation de qualité.
Dans cette allocution devant le Forum économique mondial des Amériques, l’invitée d’honneur a rappelé les racines de la plus grande institution d’enseignement supérieur francophone d’Amérique. « J’ai observé la devise de votre Université : Fide splendet et scientia. J’avoue que chercher des plats dans la vérité et dans la connaissance correspond précisément à l’éducation que j’ai eue, a récité la femme politique avant de poursuivre plus légèrement. Le privilège que j’ai reçu de mes parents (mon père était professeur d’université et ma mère était professeure de français, de latin et de grec), c’est peut-être ce qui me permet de comprendre ces trois mots. »
Elle en a profité pour saluer l’initiative du président fondateur de l’événement, Gil Rémillard, qui avait pour l’occasion invité plusieurs étudiants. « Ce matin, j’ai rencontré des étudiants qui m’ont fait comprendre que la connaissance et l’éducation, sont de magnifiques passeports pour le développement. Et ce passeport leur permettront d’accomplir ce qu’ils veulent, à condition de sortir du moule», affirme Christine Lagarde.
Pour elle, la coopération et l’éducation ne font qu’un. « Ce qui vous permet de vous dépasser, c’est l’équipe. Qu’il s’agisse du sport, du secteur privé ou qu’il s’agisse de combattre la crise économique, c’est parce que nous avons su travailler en équipe que nous avons pu y arriver, rappelle la directrice générale du FMI. Ce sont les éléments fondateurs de la civilisation. Sachez toujours vous accrocher à ces deux remparts contre la médiocrité. »
Interventions udemiennes
Le secrétaire général de l’UdeM, Alexandre Chabot, avait tout d’abord ouvert la cérémonie, dans la salle où l’on attendait 1 200 invités principalement issus du milieu des affaires, de la politique et de l’économie. La remise du doctorat a eu lieu pendant le déjeuner-causerie du Forum international économique des Amériques, présidé par le premier ministre du Québec, Philippe Couillard.
Le recteur de l’UdeM, Guy Breton, a ensuite pris la parole le temps d’un discours de cinq minutes. Il était d’ailleurs attablé avec Christine Lagarde et des personnalités politiques connues, comme Jean Charest, Jean Chrétien et Denis Coderre, ainsi que des personnalités du monde économique et des affaires, comme Jean-Claude Trichet, Hélène et Paul Jr. Desmarais, tous invités d’honneur à ce déjeuner-causerie.
Dans son discours, M. Breton s’est fait élogieux à l’endroit de Mme Lagarde. « À travers cette distinction, l’Université de Montréal met à l’honneur une femme talentueuse, déterminée et dont la position de leader mondial n’est plus à prouver, a déclaré Dr Breton. Il était logique qu’elle rejoigne le prestigieux cercle des docteurs honoris causa de notre université, dans la droite lignée de Louise Arbour, Michelle Bachelet ou bien encore Jean-Claude Trichet. »
Une femme en or
Christine Lagarde est diplômée de l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence, duquel elle est aujourd’hui présidente du conseil d’administration. En 1981, elle joint le barreau parisien pour ensuite être engagée dans le cabinet d’avocat Baker & Mckensie. En 2004, elle devient présidente du comité stratégique mondial de cette même entreprise.
L’année 2005 marque l’entrée dans le monde politique français de Christine Lagarde, alors qu’elle est nommée ministre du Commerce extérieur. En 2007, elle passe au ministère de l’Agriculture et de la Pêche pour un court temps, avant de devenir ministre de l’Économie et des Finances pendant la crise économique et financière de 2008. Elle est la première femme a avoir occupé cette fonction dans un pays membre du G7. Depuis presque trois ans, elle est à la tête du FMI.
À la suite de la remise du doctorat, dans son entretien avec l’éditeur en chef de la revue The Economist, John Mickethwait, Mme Lagarde a réaffirmé qu’elle n’était pas candidate à la présidence de la Commission européenne, comme la rumeur le voulait. Questionnée s’il était préférable d’attendre qu’on lui demande directement, elle a laissé planer le doute d’un large sourire.