Faire du sport l’été en pleine canicule peut s’avérer dangereux si on ne prend pas de précautions. Plusieurs facteurs tels que la couleur des vêtements portés ou la vitesse du vent doivent être pris en considération pour éviter les coups de chaleur et la déshydratation.
SELON le professeur au Département de kinésiologie de l’UdeM Raynald Bergeron, le principe de base dans n’importe quelle situation à laquelle fait face notre corps, c’est le maintien de sa température corporelle. « Il faut savoir que faire de l’exercice physique fait monter notre température, remarque le professeur. Notre corps est beaucoup plus tolérant au froid qu’au chaud, et les dommages corporels liés à la chaleur sont plus graves.» Au moment de faire de l’exercice physique, il faut prendre plusieurs précautions afin de diminuer les risques occasionnés par l’augmentation de notre température. Par exemple, la vitesse du vent est un facteur de refroidissement du corps. « Lorsque nous sommes en mouvement, on crée un courant d’air relatif qui permet à l’eau de s’évaporer plus rapidement, explique M. Bergeron. Cela permet une meilleure régulation de la température.»
Plus on génère de la chaleur pendant l’exercice physique, plus notre performance en souffre. «Lorsqu’on fait un effort, on sollicite notre corps et celui-ci trouve des stratégies pour y arriver, affirme le professeur. Notre cœur se met à pomper plus d’oxygène et envoie des nutriments vers nos muscles. »
L’organisme doit alors combiner l’envoi de nutriments et le maintien de la température. C’est pourquoi les exercices de longue durée sont à proscrire l’été pour éviter à notre corps de privilégier un aspect au détriment de l’autre. «Même par grande chaleur, on n’annule jamais un entraînement, admet l’étudiant en sciences économiques et joueur de soccer des Carabins Alexandre Bilali-Ibaku.
On fait quand même très attention et on prend beaucoup de pauses. Si on a des matchs, on va jouer trois fois 30 minutes au lieu de deux fois 45 minutes.» Lorsque vient le temps de s’entraîner, Alexandre conseille de le faire soit en matinée soit en soirée, quand le soleil n’est pas trop présent. « S’entraîner vers 13 heures ou 16 heures est très dur pour l’organisme, fait savoir l’athlète. Nous sommes vite déshydratés et nous n’avons pas toute notre lucidité à cause de la chaleur.»
Porter des vêtements de couleur pâle, comme le blanc, permet d’éviter d’absorber une partie de la chaleur du soleil en reflétant ses rayons. «S’il fait nuageux, la couleur des vêtements n’a pas d’impact, assure M. Bergeron. On peut alors porter n’importe quelle couleur.» Il ne faut pas non plus porter trop d’équipement sur soi. « L’équipement sportif, par exemple celui des joueurs de football, ne permet pas à la sueur de s’évaporer», note le professeur. Cela a pour conséquence de garder la chaleur à l’intérieur du corps.
Bien s’hydrater
Faire de l’exercice physique implique de boire beaucoup. Pourtant, l’eau ne suffit pas. «Lorsqu’on sue, on perd du sodium et un peu de potassium, qui aident au maintien des fonctions cellulaires de l’organisme», observe M. Bergeron. Si on ne remplace pas ces nutriments, comme en ne buvant que de l’eau, on dilue la concentration de sels de notre organisme. C’est ce qu’on appelle l’hyponatrémie. «Le système nerveux a besoin de nutriments pour bien fonctionner, rappel le le profes seur . L’hyponatrémie est beaucoup plus dangereuse qu’une déshydratation, et les symptômes s’apparentent beaucoup à un coup de chaleur. »
C’est pourquoi donner juste de l’eau à une personne qui a un malaise peut aggraver son état. Selon M. Bergeron, la recette idéale pour bien s’hydrater et maintenir un bon taux de sels dans le corps est d’ajouter deux grammes de sel de table dans un litre d’eau. «Je sais que ce n’est pas ce qui goûte le meilleur, mais c’est efficace et cela permet de réduire les risques », confirme-t-il. En moyenne, il faut boire entre 600 ml et un litre par heure d’exercice physique. À l’inverse, les boissons sucrées pendant l’effort peuvent se révéler problématiques. Il faut savoir que le sucre a besoin d’eau pour être digéré, ce qui crée un appel d’eau. «Le sucre draine une grande partie de notre eau vers le système digestif, ce qui fait en sorte de réduire les liquides de la peau et des muscles nécessaires lors de l’effort physique », soutient le professeur. L’étudiant en administration et joueur de rugby pour les Carabins, Tanguy Dargent, favorise une alimentation légère avant ses entraînements avec l’équipe. «Je mange des légumes et des fruits, rien de trop rassasiant », explique-t-il. Cela permet à son système digestif de ne pas lui drainer trop d’énergie.
Ne pas confondre
COUP DE CHALEUR/INSOLATION
Un coup de chaleur survient lorsqu’il y a une défaillance de l’organisme dans le contrôle de la température corporelle. Les symptômes sont : une peau sèche, rouge et chaude, un pouls et une respiration rapides, des maux de tête, une confusion et parfois une perte de connaissance.
DÉSHYDRATATION
La déshydratation survient lorsque l’individu ne s’approvisionne pas assez en eau durant l’exercice physique. Les symptômes sont : une peau pâle, froide et moite au toucher, un pouls faible et rapide, une respiration profonde et rapide, ainsi qu’une pression artérielle très basse. Les personnes peuvent être anxieuses, agitées et la peau des genoux et des coudes peut devenir tachetée.