Douze étudiants de l’UdeM ont lancé le 12 avril dernier Le Treizième, un recueil de nouvelles, de récits et de poèmes dans lequel ils entretiennent le flou le plus total sur l’auteur de chaque texte. Tous font partie d’un collectif d’écriture créé il y a deux ans nommé La mystérieuse société secrète de la confrérie (MSSC).
«Le titre est à la fois mystérieux et ironique, explique l’étudiante en création littéraire et écriture scénaristique Lydia Képinski. On voulait trouver un nom absurde.»
Le nom de ce collectif a particulièrement surpris la professeure adjointe au Département de littératures de langue française Claire Legendre, qui dispense le cours de création littéraire.
«Cela m’a d’abord vraiment étonnée, avant de m’apparaître comme un pacte ludique, relate-t-elle. Et ça fait partie du labyrinthe proposé au lecteur.»
C’est durant le cours de Mme Legendre, en 2012, qu’est venue l’idée de ces étudiants de monter un projet littéraire. «C’est né d’une envie d’écrire, de se lire, se rappelle l’étudiante en littérature Juliette Périers-Denis. Dans le fond, c’était un cercle d’écriture.»
Un projet collectif d’abord
En décidant de garder secrète leur identité, les douze étudiants ont voulu mettre en avant un travail collectif. «Chacun de nous a écrit un texte en utilisant un alter ego, précise Juliette. L’utilisation des alter ego nous oblige à endosser collectivement les douze textes.»
Ainsi, au lieu d’inscrire leur véritable identité au bas de chaque texte, les membres du collectif ont utilisé des pseudonymes parfois ironiques. Choisis au hasard, La justicière démasquée ou Le truand représentent quelques-uns des auteurs des douze textes. «On ne voulait pas que ce soit de la publicité personnelle », souligne Lydia.
Mme Legendre félicite quant à elle cette création à plusieurs, de l’initiative jusqu’au lancement. «Le Treizième n’est pas juste un recueil, c’est un projet multiforme et transdisciplinaire, avec des images, des personnages et des hétéronymes créés sur mesure pour chacun des auteurs», détaille-t-elle.
Continuer à créer
Le projet est né pour pallier un manque de pratique en création littéraire. «On trouvait qu’on n’avait pas assez de cours en création littéraire, se rappelle Lydia. Une fois le cours de Mme Legendre terminé, on s’est dit qu’on allait continuer à écrire chacun un texte par semaine et s’autocorriger.» Sur une cinquantaine d’étudiants, douze se sont montrés emballés par le projet et ont commencé à se rencontrer une fois par semaine.
L’étudiant en études cinématographiques Maxime Harvey apprécie l’idée de se faire corriger par ses collègues ou de récolter leurs remarques sur ses écrits. « Ça me permet de prendre du recul sur mon travail, affirme-t-il. Au final, on fait un meilleur travail. »
C’est après des semaines d’écriture et d’autocorrections qu’est né Le Treizième. «C’était difficile de faire en sorte que douze étudiants s’accordent sur un thème, confie Juliette. Le Treizième représente l’absent. » Il s’agit là d’une autre façon de renforcer le mystère qui entoure la MSSC.
EN GRANDE POMPE
La soirée de lancement de Le Treizième a eu lieu le samedi 12 avril à l’Espace théâtre la Risée dans le quartier Rosemont. Six comédiens : Rose-Anne Déry, Philippe Prévost, Florence Blain Mbaye, Marie-Anick Blais et Sylvianne Beauséjour ont déclamé des extraits des douze textes du recueil devant environ cent-cinquante personnes. Parmi les invités, il y avait la professeure adjointe au Département des littératures de langue française, Claire Legendre et la chargée de cours du département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, Renée Beaulieu. Cent cinquante recueils sur quatre cents ont été vendus, et le groupe ne compte pas s’arrêter là. « Nous pensons déjà à un autre projet collectif », indique Lydia. La MSSC figure désormais dans le bottin officiel des éditeurs francophones du Canada.