Culture

L’an dernier, Pier-Philippe Chevigny est allé

Silence, on tourne !

Il y a quelques semaines, le court-métrage Tala, réalisé par l’étudiant à la maîtrise en études cinématographiques de l’UdeM Pier-Philippe Chevigny, était nommé meilleur film étudiant aux Rendez-vous du cinéma québécois. Le processus de création d’un court-métrage étudiant comme celui-ci nécessite de nombreuses ressources techniques et financières.

«Les courts-métrages sont de plus en plus reconnus dans le milieu cinématographique, déclare l’assistante à la réalisation à l’Alliance québécoise des techniciens de l’image et du son et ancienne étudiante en maîtrise en cinéma à l’UdeM, Geneviève Courcy. Avant, c’était plus un exercice, mais maintenant, il y a de plus en plus de festivals de courts-métrages.»

Un court-métrage, quelle que soit sa nature, ne doit pas excéder 30 minutes. « Il en existe trois grands types, explique l’étudiant à la maîtrise en études cinématographiques Francis Binet. Les courts-métrages expérimentaux sont plutôt axés sur l’esthétique et l’art. Il y a également les courts-métrages documentaires, et enfin, les courts-métrages de fiction.»

Les étudiants en cinéma peuvent compter jusqu’à un certain point sur l’aide de l’Université. « On prête l’équipement aux étudiants seulement dans le cadre de projets universitaires, explique la coordonnatrice du Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, Julie Pelletier. La seule exception est dans le cadre de la politique de soutien aux films étudiants, où l’on sélectionne entre un et trois projets tournés en dehors des cours, selon la disponibilité du matériel.»

La plupart du temps, un étudiant n’aura qu’un semestre pour rendre un court-métrage, parfois deux semestres dans le cadre d’un cours étalé sur deux sessions. « En moyenne, je passe au minimum trois mois sur la préproduction, affirme Francis. La production est l’étape la plus courte, elle dure entre une journée et deux semaines, et pour la postproduction, je passe en général de quatre semaines à quatre mois.»

L’organisme ou la personne qui finance les projets peut également imposer des délais, tout comme l’Université met des délais à cause du matériel qu’elle prête ou lorsque le projet est réalisé dans le cadre d’un cours. Tout cela implique une réduction considérable du temps passé sur chacune des étapes de production.

Étape par étape

Comme pour n’importe quel film, la préproduction précède le tournage. «La préproduction est la préparation logistique avant le tournage», explique Pier-Philippe. Cela consiste à trouver une équipe pour réaliser le court-métrage et tout ce qui concerne les aspects matériels du film: trouver des lieux, l’équipement, un scénario.

C’est pendant la phase de préproduction qu’il faut contacter les acteurs, lorsque le réalisateur veut en inclure dans le court-métrage. «On passe par des agences de casting parfois, mais on utilise de plus en plus Facebook pour trouver des acteurs professionnels, et on leur envoie le script en espérant que ça leur plaise», affirme Pier-Philippe.

Il faut aussi mettre sur pied une équipe pour le tournage. «C’est souvent des amis ou des connaissances du baccalauréat, confie Francis. Dans le monde du cinéma, ça marche beaucoup comme ça. Il faut compter au minimum cinq personnes et en moyenne une quinzaine de personnes.»

Une fois l’équipe formée et les locaux trouvés, le réalisateur peut se lancer dans la production. À ce chapitre, le facteur humain engendre souvent quelques contraintes. « Pour un court-métrage, les personnes ne sont généralement pas rémunérées», explique Geneviève.

Sans rémunération, il est moins évident d’exiger des horaires précis à respecter par toute l’équipe. «Les personnes de l’équipe travaillent sur le court-métrage en fonction de leurs disponibilités, ce qui augmente le temps nécessaire pour produire le court-métrage», admet Francis.

L’étape finale est la postproduction. «C’est le montage des images, l’étalonnage qui consiste à accorder la couleur des différentes scènes filmées, le mixage pour le son», décrit Pier-Philippe. On peut également ajouter des effets spéciaux. De plus en plus de gens tournent devant un écran vert.»

Une fois le court-métrage réalisé et prêt à être visionné, l’ultime effort des étudiants consistera à mettre leur œuvre en avant, sur le campus ou en dehors.

 

LA VIE D’UN COURT-MÉTRAGE

«La durée de vie d’un court-métrage est généralement d’un ou deux ans», explique Pier-Philippe. Pour faire connaître leurs courts-métrages, les étudiants en cinéma ont plusieurs occasions. Chaque année, l’UdeM organise une rétrospective en mai à la salle Ludger-Duvernay sur le boulevard Saint-Laurent, où les étudiants du baccalauréat voient leurs courts-métrages diffusés.

Il n’existe pour l’instant aucun équivalent pour les étudiants de maîtrise, mais l’association étudiante des étudiantes et étudiants de cinéma de l’UdeM (AEECUM) a organisé récemment une demi-journée de diffusion des courts-métrages de maîtrise à l’UdeM pour pallier ce manque. La plupart du temps, c’est aux étudiants de prospecter des festivals afin de voir leurs films diffusés. Quelques-uns de ces festivals imposent des frais de dossier, qui sont à la charge des étudiants.

Certains étudiants peuvent aussi tenter de trouver un distributeur. Des organismes publics tels que la Société de développement des entreprises culturelles ou Téléfilm Canada accordent parfois des subventions qui comprennent la diffusion du film.

Au bout d’un an ou deux, une fois la période des festivals terminée, plusieurs étudiants publient leurs films dans internet.

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