Quel étudiant ne s’est pas déjà senti complexé par un aspect de son physique, aussi minime soit-il ? Toutefois, si les complexes étaient l’apanage des femmes auparavant, ce sentiment d’infériorité touche aussi désormais les hommes.
La nutritionniste du Centre de santé et de consultation psychologique (CSCP) Chantal Riopel remarque que plusieurs étudiants consultent pour des raisons familiales ou à cause de leur entourage. «Parfois, pour les parents, il est très important de bien s’alimenter ou de bien paraître et cela va se répercuter sur l’individu, constate-t-elle.Cela engendre par la suite des troubles de comportement, car ils veulent que tout soit parfait.»
Les parents, un soutien essentiel
Le professeur titulaire au Département de psychologie Jean-Claude Lasry estime que les étudiants doivent avoir une bonne communication avec leurs parents. «De cette manière, les parents seront en mesure de rassurer l’individu concernant ses doutes, ses complexes et surtout ses peurs.» Le sentiment d’infériorité que peut ressentir une personne a tendance à diminuer lorsqu’elle entretient de bonnes relations avec ses parents.
C’est ce que confirme l’étudiante au certificat en sciences humaines à l’UQAM Marta Rosa Quintanilla. «J’ai toujours été complexée par ma tache de naissance située au niveau de mon ventre, dit-elle. Par contre, mes parents m’ont toujours encouragée et rassurée à ce sujet. C’est en partie grâce à eux qu’aujourd’hui que je l’accepte, puisque c’est quelque chose que je ne peux pas contrôler.»
L’étudiante se souvient que lorsqu’elle était jeune, sa tache était comme un frein dans plusieurs de ses activités quotidiennes. «J’exigeais de porter un maillot de bain 1 pièce, parce que j’étais gênée, déclare-t-elle. J’avais peur que les gens confondent ma tache avec un bleu et pensent que je me faisais battre par mes parents. J’étais souvent mal à l’aise lorsque j’étais obligée de la montrer, par exemple dans mes spectacles de danse orientale.»
Selon Mme Riopel, les médias sont en grande partie responsables des complexes et d’une mauvaise image corporelle de la part des individus. « Premièrement, les magazines utilisent souvent des mannequins qui sont en dessous du poids santé, affirme-t-elle. Ensuite, la plupart des images sont retouchées avec Photoshop et montrent des femmes filiformes. Souvent, les étudiants qui viennent consulter ont cette image de la norme, mais ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que c’est une norme sociale créée, et non une norme sensée et santé.»
Les hommes aussi complexés
Les complexes affectent davantage les femmes, mais de plus en plus d’hommes n’hésitent pas à consulter pour améliorer leur image corporelle. «Contrairement aux femmes qui veulent une perte de poids, les hommes veulent avant tout avoir des muscles, déclare la nutritionniste du CSCP. C’est ce qu’on appelle le syndrome d’Adonis.» Le syndrome d’Adonis est un terme employé pour caractériser les hommes qui ne trouvent jamais leurs muscles assez gros.
« Avant, je me comparais souvent aux autres, remarque l’étudiant au certificat en toxicomanie à l’UdeM Aaron Emmanuel a longtemps été complexé par sa taille. Aujourd’hui, j’ai arrêté de le faire et je m’accepte beaucoup mieux. Je suis fait comme ça et je n’ai pas le pouvoir de changer quoi que ce soit. »
L’étudiant en communication à l’UdeM Julio César Gracias pense que les hommes sont de plus en plus touchés par cet aspect de la société en raison du phénomène de surconsommation. « Les compagnies développent des produits cosmétiques et mettent sur le marché des articles qui autrefois étaient destinés exclusivement aux femmes », constate-t-il.
Marta Quintanilla remarque également que les hommes sont de plus en plus influencés par ce nouveau mode de vie. « On peut c lai r ement l e voi r dans la cul tur e douchebag des téléréalités comme Jersey Shore, qui véhicule l’idéal des gros muscles et du teint basané des salons de bronzage », relate l’étudiante de l’UQAM. Plusieurs études ont démontré que passée la puberté, les hommes vivent une amélioration de leur perception de leur image corporelle alors que celle des femmes a tendance à diminuer.
Selon M. Lasry, il est primordial de communiquer ses angoisses à un professionnel ou même à un ami ou un parent qui soit capable d’écouter sans juger. «Ces personnes n’ont pas le choix de consulter pour vaincre leur inconfort face à leur image corporelle, déclare-t-il. Ils ont besoin d’une aide extérieure. Ce climat d’écoute, de compréhension va favoriser une acceptation de soi et la personne va apprendre à s’aimer.» Toutefois, il souligne qu’il faut diminuer l’impact des complexes sur l’individu en misant sur d’autres caractéristiques, comme l’humour, le charisme, la communication, le talent sportif ou musical. En vieillissant, les individus ont tendance à mieux s’accepter parmi les nombreux standards de beauté que véhicule la société.