Pop
Keith Kouna
Le voyage d’hiver
Le voyage d’hiver est le projet presque improbable sur lequel le chanteur Keith Kouna planche depuis août 2009. Reprenant la musique du cycle de 24 lieder de Franz Schubert, Winterreise, il a réécrit les textes afin d’y camper son univers unique. Si la version originale est écrite pour voix et piano, Kouna a collaboré avec le musicien René Lussier pour réorchestrer l’œuvre. L’ajout de guitare, de cordes et de sons hétéroclites ponctuent les pièces de Schubert québécisées. Puisque le projet a mijoté en même temps que son album Du Plaisir et des bombes, certains éléments stylistiques et les thèmes abordés nous le rappellent dans les textes. Les arrangements sont intéressants, parfois kitsch, mais toujours intrigants. En somme, Le voyage d’hiver est une grande fresque démontrant que l’univers de Keith Kouna est très près de celui des musiciens romantiques, avec toute leur noirceur et leur décadence.
Etienne Galarneau
Electro
Robert Charlebois
Tout égratigné
Le producteur électronique montréalais Poirier a choisi de privilégier la création plutôt que la reprise pour rendre hommage à Robert Charlebois, qui fête son demi-siècle de carrière cette année. Avec Tout égratigné, le directeur artistique propose une œuvre expérimentale, majoritairement instrumentale, qui déconstruit les rythmes et triture les mélodies des grands classiques de cette légende vivante de la musique québécoise. Pour l’occasion, il s’est entouré d’une dizaine de producteurs locaux reconnus, notamment KenLo et Toast Dawg, et de quelques pointures internationales, dont le Californien Oh No. Le résultat des 19 pistes est diversifié: on va de l’électro au hip-hop, en passant par le funk et le reggae. La seule constante réside dans la vision créatrice homogène de Poirier. L’audace artistique qui s’en dégage rappelle celle qui, à une époque pas si lointaine, guidait Charlebois vers des lieux encore inexplorés de la chanson québécoise.
Olivier Boisvert-Magnen
Folk
Caltâr Bateau
Verbal Boisson #7
Pour ce dernier mois de l’année, le septuor montréalais Caltâr-Bateau nous réserve une belle surprise avec son premier album, Verbal Boisson #7. Une introduction à la voix et au piano ouvre le disque dans une ambiance assez swing qui perdure tout au long des huit chansons. Toutefois, différents genres se succèdent au fil des paroles d’Alexandre Beauregard, qui oscillent entre l’absurde et le surréalisme sur des thèmes comme le voyage. Après des chansons plus mélodramatiques, l’album fait transparaître le côté plus folk de ce septuor. L’accompagnement, composé d’instruments à cordes tels que la mandoline, le banjo ou le violoncelle, rappelle la musique traditionnelle et parfois le swing des années 1940. Verbal Boisson #7 est maîtrisé, que ce soit au niveau des compositions ou de la production. Le travail de Caltâr-Bateau mérite que l’on y prête une oreille. Il est intéressant, et une seule écoute permet de se sentir plus léger!
Rodolphe Parent