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Carlos Soldevila estime que Quartier Libre est un bon entrainement avant d’intégrer le marché du travail. (crédit photo : Adil Boukind)

Divertir en racontant

Carlos Soldevila, aujourd’hui président et producteur exécutif d’une compagnie de production de vidéos, est l’un des hommes qui a créé il y a 20 ans le journal que vous lisez aujourd’hui. Selon lui, Quartier Libre lui a offert une expérience inestimable en création et en gestion d’entreprise culturelle. Le tout premier directeur et rédacteur en chef du Quartier Libre revient sur la création du journal en 1993.

Ancien journaliste pour L’affranchi, le journal étudiant indépendant de l’UdeM à l’époque, il se voit proposer la direction du journal Continuum par le secrétaire général de la Fédération des associations étudiantes du campus de l’UdeM (FAÉCUM). «Durant l’été 1993, j’ai réuni mes anciens collègues de L’affranchi et mes nouveaux du Continuum pour leur proposer la création d’un nouveau journal indépendant », explique-t-il. Selon lui, les deux journaux proposaient chacun un contenu intéressant, mais d’une part L’affranchi ne possédait pas suffisamment de fonds, et d’autre part le Continuum appartenait à la fédération étudiante. «Le but de Quartier Libre était vraiment de devenir indépendant, raconte M. Soldevila. On pouvait critiquer la Fédération des étudiants ou le rectorat si c’était nécessaire.»

Vingt ans plus tard, le premier rédacteur en chef de l’histoire de QL est satisfait de cette décision. «Je pense que la plus grande fierté a été de savoir saisir l’occasion de créer un journal étudiant qui, 20 ans plus tard, existe toujours», commente-t-il. Le journal, qui s’est basé sur le modèle du journal étudiant de l’UQAM Montréal Campus, a profité en partie d’un financement de la part du rectorat de l’UdeM. «Il était important d’avoir un journal étudiant au sein de l’Université et ça, ils l’ont compris, se remémore-t-il. La nouvelle a eu un écho au-delà des murs de l’UdeM parce que l’on créait vraiment un changement dans le monde du journalisme étudiant.»

Le même travail 20 ans plus tard

C’est après un an et demi de travail à QL que l’ancien étudiant de l’UdeM décide de voyager. Il est entre autres devenu pigiste pour Le Soleil et La Presse lorsqu’il était basé à La Havane. Parallèlement à son voyage, il a aussi rédigé trois livres, dont un sur Cuba publié aux éditions Ulysse.

Après quelques années en tant que pigiste, l’ancien de QL fonde sa propre compagnie de production vidéo spécialisée dans le domaine télévisuel, nommée Trio Orange. «Le travail que je faisais pour Quartier Libre ressemble beaucoup au travail que je fais aujourd’hui, se souvient M. Soldevila. Diriger un journal de façon financière, c’est exactement ce que je fais avec mon agence Trio Orange. Les seules différences, c’est que je travaille sur une autre échelle et que les médias ne sont pas les mêmes

Sa compagnie, dont l’ambiance aux bureaux est très décontractée, comprend actuellement 25 employés, mais travaille en collaboration avec plusieurs centaines de pigistes chaque année. Elle est d’ailleurs titulaire de plusieurs prix Gémeaux dans diverses catégories, comme celle du meilleur documentaire ou de la meilleure émission culturelle avec l’émission du magazine culturel VOIR.

L’évolution de Quartier Libre

Pour l’ancien directeur, il est important d’arriver à divertir tout en éduquant le lecteur. «On a la responsabilité de susciter la curiosité intellectuelle chez le lecteur, mais aussi de le divertir, explique-t-il. Au centre de ma motivation, il y a toujours cette volonté d’avoir une entreprise qui raconte des histoires. » Selon lui, le journal doit réussir à encadrer l’étudiant et raconter les histoires là où il se trouve. «La présentation de la version papier est vraiment magnifique, dit-il en regardant les derniers numéros parus cette session. Je suis encore plus agréablement surpris de voir que QL a été élu meilleur journal étudiant en 2013.»

Selon lui, QL papier étant bien maitrisé, le journal va devoir se tourner vers les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. «J’explorerais une nouvelle façon pour QL d’encadrer plus l’étudiant, en faisant un lien avec CISM, ou les applications mobiles par exemple », conseille-t-il. Au moment de la création du journal, internet commençait à se propager sur le globe. «À l’époque, j’incitais déjà le journal à mettre l’accent sur ce nouveau média, explique M. Soldevila. Aujourd’hui la stratégie est la même sauf que de nouveaux médias sont apparus.»

Selon l’ancien rédacteur en chef, Quartier Libre reste avant tout une école pour les étudiants et les prépare au monde du travail. Selon lui, le journal étudiant est à un niveau professionnel. Que cela soit pour travailler en télévision ou en presse écrite, l’idée générale de divertir reste la même, seul le média change.

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