Le public a connu Carol Cassistat sous les traits de Barbouille dans l’émission Sur la rue Tabaga. Il a ensuite su prendre la place qui lui revenait à Télé-Pirate, après le départ de Guy Jodoin. Même s’il ne regrette pas ces années à la télé, celui qui est aujourd’hui directeur artistique de la compagnie Le Théâtre du Gros Mécano admet qu’elles ont été plutôt éprouvantes, au point qu’il a dû faire un choix.
«C’était un train de vie d’enfer, raconte le comédien originaire du bas du fleuve. J’avais beaucoup de plaisir à jouer au théâtre le soir à Québec. Je tripais aussi le jour à Télé-Pirate à Montréal, mais au bout de trois ans, j’étais brûlé.»
La fin de Télé-Pirate en 1996, combinée à la naissance de sa fille, l’ont amené à se retirer du petit écran. «Je ne voulais pas, pour un choix de carrière, tasser tout le reste», explique-t-il. Il a décidé de favoriser le travail au théâtre dans la ville de Québec. «Ma carrière aurait probablement été différente si j’étais venu m’installer à Montréal », croit l’homme de théâtre, admettant que les opportunités en télévision y auraient été plus nombreuses.
Il demeure tout de même comblé par la tournure des événements. Après avoir joué au théâtre pour différentes compagnies, il a commencé en 2001 à occuper des fonctions de direction artistique au théâtre du Gros Mécano, avant qu’on lui passe officiellement le flambeau en 2004. «Ce qui est le fun, c’est de faire naître des projets, affirme-t-il. J’ai la chance de travailler avec des auteurs et je peux offrir de l’emploi à plusieurs comédiens.» En tant que directeur artistique, il apprécie aussi d’avoir plus de temps pour s’impliquer dans la création des projets et de pouvoir s’y consacrer pleinement.
Comédien par accident
Carol Cassistat ne se croyait vraiment pas prédestiné au domaine artistique. «Quand j’étais jeune, je me disais qu’être comédien, c’était un métier de crève-faim», raconte-t-il. Son ambition était plutôt de devenir pilote ou médecin dans l’armée, c’est pourquoi il a d’abord choisi d’étudier au Collège militaire royal de Saint-Jean. « J’ai beaucoup aimé l’armée, même si c’était difficile, explique-t-il. Ça rejoignait ce que le petit gars de 17 ans en moi avait besoin de vivre. » C’est un problème de myopie qui l’a empêché de poursuivre dans le domaine du pilotage.
«Je suis retourné à Rimouski faire mes sciences pures, raconte-t-il. J’étais un peu désorienté à ce moment-là.» Heureusement, il s’est rapidement découvert une passion pour les arts de la scène, par «accident». Cela s’est produit lors d’une partie d’improvisation à laquelle un ami l’avait invité. «J’ai retrouvé plein de choses que j’avais vécues dans l’armée: l’esprit d’équipe extrêmement fort et le fait d’être en danger», se souvient-il. Ces deux choses, pourtant très différentes, lui sont alors apparues comme essentielles à son bonheur, si bien qu’il est entré au Conservatoire d’art dramatique de Québec l’année suivante.
Orienté vers les jeunes
Dès sa sortie de l’école de théâtre, le domaine jeunesse s’est rapidement imposé dans le travail de Carol Cassistat. Le théâtre du Gros Mécano est d’ailleurs spécialisé en pièces pour les jeunes. «On fait des lectures en milieu scolaire avec des jeunes de tous les âges, c’est très important pour nous d’intégrer les jeunes dans le résultat final», affirme le directeur artistique.
Tout au long de ces années, il a aussi continué d’animer des ateliers de théâtre avec les jeunes, ce qui constituait pour lui autant un gagne-pain qu’un moyen de trouver l’inspiration chez son public cible. «Ça ne m’a pas empêché de bien gagner ma vie, finalement, parce que j’ai diversifié mes activités en faisant de la mise en scène et en continuant à jouer dans d’autres compagnies», explique le comédien. Il continue d’ailleurs d’avoir toutes sortes de projets pour la suite de sa carrière, dont faire des voix dans les dessins animés.
Ses dernières apparitions télévisuelles marquantes ont beau dater de près de 20 ans, Carol Cassistat admet être encore reconnu dans la rue à l’occasion. «Quand les gens me reconnaissent pour mes rôles à la télé, c’est certain que je suis touché, mais quand on me reconnaît pour les rôles en théâtre, là je suis vraiment fier», indique-t-il.
Tout le mois de novembre, le comédien joue dans la pièce La Librairie dans la région de Montréal. Une production qui l’a déjà mené au Japon et qu’il présentera à New York en janvier prochain.