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( Illustration : Mélaine Joly )

Pertinence toujours contestée

Les étudiants avaient jusqu’à la mi-octobre pour payer leur facture de frais de scolarité sans pénalités. Mais, avec la migration vers le nouveau progiciel de gestion, Synchro, la tâche a été plus compliquée que prévu pour plusieurs d’entre eux. Ce changement a aussi affecté le travail des employés de l’UdeM, et plusieurs sont à bout de souffle.

Que ce soit pour compléter leurs choix de cours ou pour régler leur facture, plusieurs étudiants ont eu du mal à s’adapter à Synchro. « Ils disaient que ce serait plus simple, mais ce n’est vraiment pas le cas », croit l’étudiante au certificat en toxicomanie Cloé Beauséjour. Comme bien d’autres, elle dit avoir payé sa facture en retard à cause de la migration vers Synchro. « En octobre, je n’avais toujours pas reçu de facture, ni par la poste ni par courriel, explique-t-elle. Je suis donc allée sur internet et j’ai vu que j’étais en retard. Si j’avais reçu ma facture par la poste, j’aurais payé à temps!»

Plusieurs étudiants interrogés par Quartier Libre affirment s’être informés au sujet de leur facture après avoir discuté avec des amis. « Synchro, c’est compliqué ! C’est en parlant avec mes amis que j’ai su que je devais payer ma facture pour le 15 octobre», confie entre autres l’étudiante en action communautaire Vicky Nhouvannasack. Comme plusieurs étudiants, elle n’a pas été en mesure de consulter son relevé officiel. «C’est difficile d’aller voir les détails de notre facture, déplore-t-elle. Ce n’est pas clair ce qu’on paie et les frais non obligatoires. »

Une situation difficile à chiffrer

Difficile toutefois de savoir si la situation est pire que les sessions précédentes. De son côté, le porte-parole de l’UdeM, Mathieu Filion, rapporte que l’Université n’a pas remarqué de changement significatif cet automne. «Des problèmes de paiement ont été repérés, puisque certaines personnes utilisaient leur code d’accès informatique plutôt que leur nouveau matricule étudiant pour payer leur facture, mais, en général, il n’y a pas eu plus de retards», affirme M. Filion.

Il indique cependant que les étudiants ont été beaucoup plus nombreux à solliciter les ressources de l’Université pour cette première rentrée avec Synchro. «Il y a eu beaucoup de demandes de la part des étudiants, surtout à la rentrée et pour l’inscription aux cours, ajoute-t-il. Le Registrariat a décidé de créer des postes pour offrir de l’aide. » Présentement, deux étudiants travaillent afin d’offrir du soutien à leurs collègues. Le porte-parole assure qu’il pourrait y avoir d’autres embauches pour répondre à la hausse des demandes en période de pointe.

Des employés épuisés

Problèmes avec la diplomation, dossiers étudiants bloqués, erreurs dans le calcul des moyennes : la venue de Synchro est la source de bien des problèmes depuis plusieurs mois pour les techniciens en gestion de dossiers étudiants (TGDE). Selon Josée*, une employée de l’UdeM, plusieurs TGDE sont épuisés. Certains auraient même devancé leur retraite afin d’éviter le transfert vers Synchro. « Plusieurs employés sont en congé de maladie à long terme parce qu’ils n’en pouvaient plus des problèmes avec le nouveau système, dénonce-t-elle. Il est fréquent que des collègues viennent me voir en pleurant. Une personne m’a même confié qu’elle consultait son médecin, car elle se réveille la nuit à cause des problèmes de Synchro.»

Le porte-parole de l’Université, Mathieu Filion, rappelle qu’il est important que les employés parlent de ces situations. «Il ne faut pas garder ça en dedans, recommande-t-il. Il faut aller voir les bonnes personnes, en parler avec son superviseur ou avec les ressources humaines.»

La pression était déjà bien présente en avril dernier alors que le Syndicat des employés de l’UdeM a fait part à l’Université de ses inquiétudes. Dans un compte-rendu de réunion sur la santé et la sécurité, on peut lire que le Syndicat a averti l’UdeM que le manque de formation adéquate a pour effet de créer une surcharge de travail et que cette situation était très difficile pour les TGDE. 

*Le nom de l’employée a été changé pour respecter son anonymat.

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