Campus

(crédit photo : Katy Larouche)

«À vos balles de laine!»

Les étudiants de l’UdeM vont pouvoir participer à une nouvelle activité ludique sur le campus tout en s’impliquant pour une bonne cause. La doyenne en science de l’éducation, Louise Poirier, a ouvert un club de tricot afin de financer des consultations gratuites au Centre de soutien en orthopédagogie, qui ouvrira ses portes en janvier 2014.

«Au privé, ce type de consultation coûte de 75 à 100 $ de l’heure, affirme la doyenne. On s’entend que les parents de milieu défavorisé ne peuvent pas payer ces sommes-là. » La finissante en enseignement au primaire à l’UdeM Jessica Côté estime aussi que ces services sont essentiels. « Il faut dépister très jeune les problèmes en orthopédagogie, autrement le risque de décrochage devient très sérieux au secondaire », affirme l’étudiante.

Devant les montants conséquents à amasser pour rendre accessibles ces services dispendieux, la doyenne s’est demandé comment elle pouvait aider. «Comme je tricote beaucoup, il y a une limite au nombre de chandails que mes petits-enfants peuvent porter », plaisante- t-elle. Loin des campagnes de financement typiques, Louise Poirier a préféré mettre à profit son passe-temps favori pour la bonne cause. C’est ainsi que sont nés «les tricots de la doyenne», qui lui ont permis d’amasser à elle seule plus de 3000 $ en un an. En effet, avant d’ouvrir le club de tricot, la doyenne vendait uniquement ses propres créations.

Devant la popularité grandissante du projet, elle a décidé d’élargir le cercle. «Je fournis la laine et tout le matériel», explique-t-elle. Elle invite maintenant étudiants et membres du personnel à se joindre à elle afin de produire des pièces uniques qui seront mises en vente. Expérimenté ou débutant, Mme Poirier accueille tous les intéressés les mercredis midis au pavillon Marie-Victorin. Une quinzaine de personnes se sont déjà lancées dans l’aventure, «dont deux garçons», spécifie-t-elle.

L’étudiante en sociologie Chloé Dauphinais a rapidement répondu à l’appel de la doyenne. « Les cercles de tricot, ça manque à l’UdeM, estime Chloé. C’est plus motivant que de tricoter seule dans son salon et en plus, ça fait rencontrer des gens que tu ne rencontrerais pas autrement. » Bien qu’elle sache déjà tricoter, il s’agit selon elle d’une bonne occasion d’apprendre de nouvelles techniques.

La doyenne qui s’improvise professeure de tricot pour l’occasion affirme que chacun va à son rythme. « Pour tricoter des bas et des mitaines, il faut être un peu plus avancé, mais les débutants vont tout de suite participer à des créations en faisant des carrés pour des couvertures », explique la passionnée.

Pas la fibre du tricot ?

Depuis qu’elle a lancé sa campagne, le bureau de Louise Poirier au local B-516 du Pavillon Marie-Victorin s’est transformé en petit kiosque de vente. Un grand tiroir est rempli de bas, de mitaines sans doigts, d’étuis à cellulaires et d’autres créations multicolores qui attendent preneur. «Lors d’une journée de retrouvailles de nos diplômés, nous avons aussi fait un petit kiosque qui a eu un bon succès », indique-t-elle. Tous les profits sur la vente des pièces, dont le prix varie entre 5 et 35 $, servent à financer des consultations en orthopédagogie.

Là ne s’arrête pas le projet de la doyenne. Elle imagine déjà ouvrir son Club de tricot aux mamans immigrantes du quartier. «Elles pourront venir briser l’isolement en participant au financement des leçons de leur enfant, sans avoir l’impression qu’on leur fait la charité», souhaite-t-elle. Selon la vision de la doyenne, le Centre de soutien en orthopédagogie, qui ouvrira ses portes en janvier prochain, ne sera pas qu’un lieu de pratique pour ses étudiants, il s’intégrera aussi concrètement dans leur communauté.

Partager cet article