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Les toilettes sans chasse d'eau manuelle ont été installées à l'UdeM il y a cinq ans.

Gaspillage torrentiel

L’UdeM a un problème de gaspillage d’eau dans ses toilettes. Plusieurs étudiants constatent que des chasses d’eau automatiques fonctionnent plusieurs fois de suite. Si la direction des immeubles reconnaît le problème, elle juge que le système électrique a plus d’avantages que le système manuel.

« Des fois, la chasse ne se tire pas, ou sinon ça le fait plusieurs fois, ce n’est pas régulier »,raconte l’étudiante au baccalauréat en économie, Jeanne Bergeron. Questionnée par Quartier Libre à la sortie d’une toilette pour filles du pavillon 3200, rue Jean-Brillant, elle se demande pourquoi la chasse d’eau n’est pas activée manuellement. « C’est du gaspillage d’eau, c’est énervant », renchérit à côté d’elle Sæta Chevalier, étudiante au baccalauréat en économie politique. Même son de cloche du côté des hommes. « Ça le fait trois ou quatre fois de suite, le capteur doit être trop sensible puisque ça arrive souvent », témoigne Justin Fréchette Leblanc, étudiant au baccalauréat en psychologie. Certains étudiants collent du papier toilettes sur le détecteur de la chasse d’eau pour éviter que celle-ci se déclenche.

La technicienne en coordination du travail de bureau de la Direction des immeubles de l’UdeM, Catherine Linerte, explique que le problème touche seulement les chasses d’eau plus vieilles. « Certaines chasses d’eau plus anciennes sont sur batterie,précise-t-elle. Lorsque la batterie faiblit, elle ne fonctionne que par intermittence et peut donc partir deux fois de suite pour une seule personne. »

Les chasses d’eau et les robinets automatiques ont été installés il y a cinq ans « dans un souci d’économie d’eau et pour une question d’hygiène », explique Catherine Linerte. Les chasses d’eau défectueuses sont remplacées au fur et à mesure par un système électrique plus sophistiqué. Il est toutefois difficile pour elle d’en estimer les coûts.

Toilettes inefficaces

L’UdeM pourrait aller plus loin, estime la professeure adjointe au Département de géographie de l’UdeM et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en gouvernance urbaine, de l’eau et des services publics, Kathryn Furlong. « Installer des toilettes efficaces serait une très bonne idée pour économiser de l’eau »,suggère-t-elle.

Elle mentionne que le modèle habituel au Québec utilise 17 litres d’eau chaque fois que la chasse est tirée. « Quand on se compare aux ÉtatsUnis ou à certaines municipalités canadiennes, il s’agit d’une quantité d’eau assez élevée », évalue Mme Furlong. Une toilette efficace et écologique utilise beaucoup moins d’eau, entre cinq et sept litres. Il y a également des modèles avec deux boutons pour tirer la chasse manuellement. Le premier bouton utilise moins d’eau que le deuxième, le choix dépendant du type de besoin effectué. « Il y a plusieurs options »,conclut-elle.

Du côté de l’UdeM, on utilise déjà des toilettes qui consomment moins d’eau à certains endroits dans le pavillon Marie-Victorin. « Les dernières toilettes installées en 2012 consomment 4,8 litres par chasse », précise Catherine Linerte. Ce sont uniquement les toilettes défectueuses qui sont changées pour le nouveau système et la direction des immeubles de l’UdeM ne songe pas pour l’instant à installer des toilettes efficaces sur tout le campus. Il est difficile de savoir combien de litres consomment les autres toilettes.

Un problème beaucoup plus grand que l’Université?

Selon Kathryn Furlong, la plupart des individus font l’erreur de ne pas se préoccuper d’économiser parce qu’il y a plusieurs gros plans d’eau au Québec. Ils se disent que l’eau est facilement renouvelable.

« L’eau est nettoyée à partir d’usines de traitement, mais elles ont une capacité limitée », prévient-elle. Elle mentionne qu’agrandir le système de traitement de l’eau de la Ville de Montréal demanderait un investissement important. Ainsi, limiter la consommation d’eau permet d’éviter ces coûts potentiels.

La professeure révèle qu’il y a gaspillage avant même que l’eau n’arrive au robinet ou dans la toilette. « Il y a des systèmes de traitement de l’eau, notamment à Montréal, qui sont très vieux et qui ont des fuites énormes, expose Mme Furlong. Il y a beaucoup de gaspillage à l’intérieur de ces systèmes. » Elle souligne que ce défaut, en plus de la consommation à la maison ou dans les institutions, fait en sorte que le Québec consomme plus d’eau que les autres provinces.

La tarification de l’eau pour contrer le gaspillage ne serait toutefois pas une solution viable selon la professeure. «La responsabilité et les conséquences de cette mesure reviendraient seulement à l’individu, objecte-t-elle. Dans certains cas, ça va punir les gens moins fortunés.» Elle ajoute que les institutions gouvernementales comme les universités ou les hôpitaux sont exclues des tarifications municipales quand elles dépassent le volume d’eau permis. Mme Furlong pense qu’il faut plutôt s’inspirer des lois d’autres pays occidentaux, qui limitent l’usage de l’eau des toilettes, des douches ou des robinets, par exemple.

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