L’ancienne rédactrice en chef de QL obtient son premier poste de journaliste généraliste au quotidien régional français Le Dauphiné libéré. Aurore Lehmann devait alors traiter de sujets d’information générale. «Il y a une liberté de passer d’un domaine à l’autre, explique Mme Lehmann. Tu n’es pas blasée par une spécialité, mais c’est un éternel recommencement.»
Hors de sa zone de confort, couvrir les faits divers fut pour elle un défi, et chaque jour était un apprentissage. «Je suis arrivée à un premier poste en tant que journaliste avec une licence en lettres de la Sorbonne et ça a quand même pris trois ans pour que mon patron me dise qu’il avait du plaisir à me lire», s’amuse-t-elle aujourd’hui. De cette expérience, elle a appris à s’adapter à n’importe quel type de personnes, de situation et de sujets en vue d’en tirer la matière intéressante.
Changement de continent
En arrivant au Québec en 2000, la jeune Française présente sa candidature pour un poste au quotidien La Presse. Elle est vite ramenée à la réalité, puisqu’on lui fait comprendre qu’elle a besoin de connaître la société québécoise avant de pouvoir y être journaliste.
C’est à ce moment qu’elle décide d’entreprendre des études au certificat en journalisme à l’UdeM. Afin d’acquérir de l’expérience en sol québécois, elle décide alors d’intégrer l’équipe de Quartier Libre. «C’était une expérience formidable, se rappelle-t-elle. J’ai eu l’occasion de me faire un nom plus rapidement au Québec, et c’est irremplaçable comme opportunité.»
Après un an à la pige pour QL, Aurore Lehmann est promue comme rédactrice en chef du journal en 2001. Promotion qui s’avère être un grand défi pour Mme Lehmann. «J’étais très préoccupée au départ d’être crédible dans ce poste alors que je ne connaissais pas très bien la société québécoise.» Toutefois, elle garde de très bons souvenirs de son passage à Quartier Libre. Elle dit avoir adoré l’atmosphère légère et amicale qui y régnait et ce, malgré le stress des réunions avant les dates de tombées.
Elle souligne l’importance pour les futurs journalistes de se pratiquer et de se développer un réseau. «Quartier Libre est une expérience inouïe pour tout aspirant journaliste qui veut faire ses premières armes, assure Mme Lehmann. Je m’y suis développé un réseau de contacts professionnel et amical.»
C’est d’ailleurs par l’entremise d’un contact qu’elle intègre, après son passage à QL, l’équipe de rédaction du journal Voir à titre de pigiste. «J’avais essayé d’entrer par moi même et je n’ai jamais eu de réponse, reconnaît Mme Lehmann. Mais dès que j’ai évoqué le nom d’un contact qui y travaillait, on m’a aussitôt contactée.»
Tout en acceptant des contrats de pige pour Elle Québec, Clin d’œil et Premium, Aurore Lehmann, qui avait gardé contact avec les patrons de Voir, s’est vu offrir un poste de remplacement de congé de maternité à titre de chef de section Mode de Vie ainsi que de l’ancienne rubrique Voir Rive Nord/Rive Sud.
Virage professionnel
Après 15 ans de journalisme d’information, elle considère avoir fait le tour et ressent le besoin d’un défi plus grand. «Je suis maman et j’étais toujours à la recherche d’activités à faire avec mon enfant, explique-t-elle. L’idée de créer une plateforme de services est donc née de ce besoin.»Elle suit donc une formation de gestion d’entreprise et fonde La Marelle, un Webzine proposant des activités culturelles familiales.
Mis à part occuper les postes d’entrepreneur, d’éditrice, de rédactrice en chef, de gestionnaire de communauté pour son site et de cumuler des contrats de pige, Aurore Lehmann trouve le temps de travailler à temps partiel pour une firme de communication.
Bien qu’avant elle croyait à une séparation stricte des journalistes et des communicateurs, aujourd’hui, elle accepte l’idée qu’une même personne peut avoir les deux métiers. «La séparation se fait davantage dans la pratique, précise-t-elle. Lorsque je porte le chapeau de journaliste, je le fais avec l’éthique journalistique et vice versa. Les deux ne se mélangent pas.»
Elle ajoute que le journalisme s’apprend et qu’il ne suffit pas d’avoir une bonne capacité d’écriture pour être journaliste. «Aujourd’hui, les chroniqueurs sont beaucoup mis en valeur, au détriment des journalistes, déplore-t-elle. Mais, il y a des règles, des techniques qu’il faut maîtriser, donc ce n’est pas tout le monde qui peut s’improviser journaliste.»