Chaque mois, Quartier Libre fait le portrait d’un comédien de série télévisée jeunesse qu’on ne voit plus à l’écran. Vous pouvez participer à la sélection du prochain comédien sur la page Facebook du journal.
Hugo St-Cyr est honnête avec lui-même : ce n’est pas par choix qu’on ne le voit plus à la télévision. Le comédien vedette de Watatatow a longtemps essayé de surfer sur la vague de cette série-culte pour adolescents qui a pris fin en 2005. À 34 ans, celui qui incarnait Michel Couillard est retourné vers le jazz, son premier amour.
Direct dans ses propos, Hugo St-Cyr se livre avec franchise, sans amertume. « Même si je suis cassé, c’est vraiment l’fun de faire de la musique ! » Depuis un an et demi, il a créé son propre ensemble de jazz, le Hugo St-Cyr sextet, dans lequel il joue de la batterie.
L’acteur voit dans ce changement de carrière un retour aux sources. « Mon père a été musicien, c’est lui qui m’a initié au jazz en m’assoyant derrière une batterie quand j’étais très jeune, confie-t-il. Il m’amenait régulièrement au Biddle’s, maintenant devenu la House of Jazz. Je me rappelle de l’odeur de cigarette, des trompettes, des miroirs, du décor enchanteur.
Tout ça a marqué mon enfance. »
Quelques années plus tard, Hugo obtenait le premier rôle dans la série Watatatow, qui allait marquer deux générations d’adolescents. Sa passion pour la batterie est alors mise à profit puisque son personnage, Michel Couillard, en joue également. « Ça m’a beaucoup aidé lors de mon audition », se rappelle-t-il.
Sept prix Métrostar, un Gémeaux et près d’une décennie et demie plus tard, Hugo termine son aventure. « C’était le temps de passer à autre chose, dit-il. Après 14 ans, j’avais besoin d’être plus libre. » Confiant de se trouver autre chose dans le domaine, l’acteur dans la vingtaine frappe un mur. « Quand ça s’est calmé, j’ai essayé beaucoup de choses qui ont plus ou moins marché, confie-t-il. J’ai fait de la rénovation, j’ai été monteur de ligne. Tout ce qui me restait après avoir essayé tout ça, c’était la musique. Je devais retourner à la base. »
Après quelques essais plus ou moins fructueux en animation télévisuelle, Hugo tente alors d’entrer en musique au Cégep de Saint-Laurent. « Je n’avais pas assez de crédits pour entrer là, vu que j’avais manqué trop de cours au secondaire à cause des tournages, avoue-t-il. J’ai donc rapidement laissé tomber l’idée. Maintenant, j’ai avalé ma pilule. À la place, j’ai fait mon chemin par moi-même en allant m’insérer dans la clique jazz. »
Un domaine fermé
Loin d’être rongé par les regrets de son ancienne vie, le batteur comprend la réalité difficile du domaine télévisuel. « C’est un petit marché, il n’y a pas assez de travail pour tout le monde, analyse-t-il. Moi, je ne suis plus à la mode, alors je ne travaille pas. Parfois, ça me fait de la peine, mais ce n’est pas grave. »
Avoir été une vedette à un aussi jeune âge comporte également bon nombre de conséquences qu’Hugo constate beaucoup mieux maintenant. Il avoue ne pas avoir vu venir le creux de la vague. « Quand l’argent rentre à coups de milliers, tu dépenses sans trop regarder, confie-t-il. Mais tout ça ne dure qu’un temps, et tu déchantes quand ça s’arrête. Personnellement, je me sens prêt à jouer autre chose qu’un bum avec une casquette, mais il y a ben des gens qui ne veulent même pas me passer en audition, malheureusement. »
Malgré tout, l’ex-idole des ados se fait reconnaître fréquemment en public, même après toutes ces années. « Ça arrive presque à chaque fois que je sors au centre d’achats ou dans un resto, révèle-t-il. Ce sont souvent des gens de mon âge qui viennent me dire que j’ai marqué leur adolescence. Ces contacts-là, c’est la seule paye qui me reste. »
La fraternité avant tout
Le contact humain est d’ailleurs ce qui l’a poussé à retourner officiellement vers son premier amour il y a maintenant presque deux ans. « J’aime la fraternité de la scène jazz montréalaise, lance-t-il. Tout le monde est ensemble, on ne fait pas de discrimination avec personne. Jamais, je n’ai entendu des choses comme » ah, checke l’acteur qui s’essaie! « . Au contraire, j’ai été choyé par la vie et j’ai eu de l’aide pour m’améliorer. »
Bien ancré dans ce nouveau monde, Hugo est-il prêt à faire une croix sur sa carrière d’acteur ? « Je ne suis pas encore prêt à ça, croit-il. J’ai encore un agent et je passe encore des auditions. Avec mes années d’expérience, ce n’est pas long pour moi d’apprendre un texte et d’être naturel. Alors, non, je n’ai pas encore fait ma croix. »
Chaque troisième jeudi du mois, Hugo a l’honneur de jouer à l’endroit qui a vu naître sa passion de la musique : la House of Jazz. Un album live de son sextet, enregistré dans l’institution de la rue Aylmer, sera d’ailleurs lancé au courant du mois de novembre prochain.