Volume 21

La brutalité policière ne sera pas examinée lors de la Commission spéciale d'examen des événements du printemps érable. (Crédit photo: Pascal Dumont)

Une commission en trompe-l’oeil

La Commission spéciale d’examen des événements du printemps érable, demandée par le Parti québécois (PQ) peut être remise en question. Plusieurs acteurs de premier plan ont appelé à son boycottage. Certains syndicats policiers ont d’ores et déjà annoncé qu’ils n’y participeraient pas, tout comme l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) .

La commission se concentrera sur l’analyse des circonstances de la tenue des manifestations et des actions de perturbation tenues au Québec ainsi que sur l’identification des facteurs ayant contribué à une détérioration du climat social. Elle devra également évaluer l’impact des événements sur la population puis dégager des constats basés sur des faits vérifiables et finalement formuler des recommandations au ministre de la Sécurité publique .

«Une commission à huis clos qui se base sur une participation individuelle s’avère une fausse mesure pour s’occuper d’un problème réel et tangible de brutalité policière», déplore le secrétaire aux finances et porte-parole de l’ASSÉ, Benjamin Gingras. Une commission d’enquête publique et indépendante, c’est pourtant ce que désirait l’ASSÉ. La commission spéciale proposée par le Parti québécois (PQ) ne correspond pas au mandat d’une commission d’enquête initialement suggérée. C’est pour cette raison que l’ASSÉ n’y participera pas. Rappelons que cette organisation représente 70000 étudiants au niveau collégial et universitaire, et est à l’origine de la Coalition large de l’ASSÉ (CLASSE) .

 

Des mandats limités

Le professeur de science politique de l’UQAM, Francis Dupuis-Déri, demandait lui aussi, via un article publié dans Le Devoir, la tenue d’une commission d’enquête indépendante sur la police. «Des quatre mandats de la commission d’examen, aucun ne porte sur les abus policiers perpétrés lors du printemps de la matraque 2012», regrette le professeur de l’UQAM .

M. Dupuis-Déri ne comprend pas le refus de certains syndicats policiers d’y participer puisque les abus des forces de l’ordre ne sont plus susceptibles d’être réprimandés ou même analysés lors de la commission spéciale d’examen. « Le mouvement étudiant, lui, fait déjà l’objet d’une enquête et d’un procès; les militants devront répondre de leurs actions », précise le professeur, notamment à cause des arrestations massives et des multiples constats d’infraction municipaux octroyés aux manifestants.

La Fraternité des policiers et policières de Montréal (FPPM) n’a pas souhaité s’exprimer à ce sujet. Par voie de communiqués, elle a déjà confirmé que ses membres ne se présenteront pas à la commission, pas plus que les membres de la Fédération des policiers et des policières municipaux du Québec (FPMQ). La FPPM et la FPMQ invitent également leurs associations à faire de même. Par ailleurs, le président de la FPMQ, Denis Côté, a remis en question la transparence de cette commission. Il se questionne sur la nécessité de cette dernière. Il stipule qu’il existe déjà des instances chargées d’analyser et de sanctionner les abus policiers, tel que la déontologie policière.

 

La FEUQ au rendez-vous

Le président de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), Antoine Genest-Grégoire, a quant à lui mentionné que son organisation serait au rendez-vous. «L’appel au boycottage par les syndicats policiers n’empêchera pas pour autant que des policiers et policières viennent témoigner individuellement sur les événements du printemps 2012», soutient- il. Il réitère que tous les points de vue doivent être entendus, mais qu’on ne peut contraindre les organisations à y participer contre leur gré. La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) participera également à la rencontre.

Rappelons que le rapport et les recommandations sont prévus pour décembre 2013.

 

 

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