Volume 20

Le sociologue Vincent Paris croit que la sociologie doit aussi étudier les petites choses comme la popularité des morts-vivants. (Crédit photo : Pascal Dumont)

Des zombies et des hommes

Le professeur de sociologie au cégep de Saint-Laurent Vincent Paris vient de lancer un livre intitulé Zombies – Sociologie des morts-vivants. Un ouvrage qui traite autant de la sociologie que des zombies en eux-mêmes et qui n’aurait peut-être pas vu le jour sans le printemps érable.

Quartier Libre: Pourquoi avez-vous écrit un livre sur les morts-vivants ?

Vincent Paris: De nombreux films et livres existent sur ce thème. Donc, le sujet en lui-même ne sort pas de l’ordinaire. Mais, le traiter d’un point de vue sociologique sort de l’ordinaire, car les sociologues préfèrent étudier de grands enjeux sociaux. C’est peut-être la conséquence d’une sociologie soixante-huitarde qui s’intéresse plutôt aux grandes choses comme le néolibéralisme, l’État ou la mondialisation. On oublie que la sociologie réside aussi dans les petites choses.

Observer le phénomène mort-vivant signifie observer, sans discriminer, tous les phénomènes sociaux pos- sibles. En dernière instance, c’est le phénomène qui doit gui- der la sociologie, et non l’inverse !

Q.L. : Les zombies étaient-ils donc un prétexte pour exposer votre vision de votre métier ?

V.P. : J’ai écrit ce livre pendant le conflit étudiant avec l’idée que le sociologue devait garder une certaine réserve par rapport au monde. Pourquoi et comment devrait-il dire à la société comment les choses devraient se dérouler ?

Dans le livre, je me demande en quoi le phénomène mort-vivant représente quelque chose de symptomatique sur le plan social. Plutôt que de considérer le phénomène comme un symptôme, pourquoi ne pas essayer de le comprendre de l’intérieur en ayant en tête le souci de décrire et non prescrire?

Q.L.: Pourquoi avez-vous écrit ce livre pendant le mouvement étudiant ?

V.P. : Si je choisis de ne pas prendre position dans le mouvement et de ne pas porter de carré rouge ou vert, que me reste- t-il à faire ? Pendant le conflit étudiant, pour quiconque tenait à ce devoir de réserve, il n’y avait rien à faire d’autre que d’at- tendre. Et, en attendant, faisons donc de la sociologie !

Comme Max Weber [le fondateur de la sociologie moderne], je pense que la politique n’a pas sa place dans une salle de cours. Je respecte toutefois les sociologues qui ont voulu s’engager. Mais, perdre l’observation au profit de la rhétorique politique en est le prix à payer.

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Les zombies et la société moderne

Dans son livre Zombies – Sociologie des morts-vivants, le sociologue Vincent Paris montre qu’il est très facile de comparer les récits de zombies à des réalités de la société moderne. selon lui, les risques qui existent dans cette société proviennent de l’intérieur, c’est-à-dire du fonc- tionnement de la société en elle-même, et non d’une volonté externe comme celle de Dieu ou de la prophétie. selon M. Paris, l’invasion des zombies est un récit de la fin des temps plus adapté à la société moderne que le récit de l’Apocalypse. 

 

Crédit photo : Pascal Dumont

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