Culture

La professeure de à l'UQAM Lucie Robert, le caricaturiste Garnotte, le directeur des pages culturelles du Devoir, Jean-François Nadeau et le professeur à l'UQAM Raymond Monpetit participait à la table ronde sur la caricature. (Crédit photo: Dominique Cambron-Goulet)

La caricature toujours pertinente?

La caricature occupe une place importante dans la presse écrite depuis ses débuts. À l’heure des nouveaux médias, ce mode d’expression est-il toujours aussi pertinent et important? Lors d’un colloque consacré au personnage de Baptiste Ladébauche utilisé par le caricaturiste Albéric Bourgeois, ce vendredi au Centre d’archives de Montréal, la question a été soulevée.

Une table ronde composée de professeur d’université et d’acteurs du milieu journalistique se sont penchés sur les enjeux actuels de la caricature au Québec. Ce colloque était organisé par le Centre de recherche interdisciplinaire sur la littérature et la culture québécoise (CRILCQ) et conjointement entre l’UdeM et l’UQAM.

Parmi ceux-ci, Michel Garneau, alias Garnotte, caricaturiste pour le quotidien Le Devoir croit que son métier n’est pas en danger. « Il reste de l’espace pour la satire graphique avec les nouvelles technologies, soutient-il. C’est sûr que le rythme a changé, mais la recette reste basée sur l’exagération. »

De tout temps le caricaturiste a occupé une place centrale dans les journaux. « On lui réserve un espace à part, rappelle Jean-François Nadeau, directeur des pages culturelles du Devoir. Ils ont été de tout temps des vedettes populaires. » Le professeur de littérature à l’Université McGill Yvan Lamonde abonde dans le même sens. « Les caricaturistes peuvent être considéré comme des essayistes puisqu’ils expriment une pensée critique au travers des pages éditoriales. »

Attaquer ou critiquer

Lors de la table ronde, il a été évoqué par l’auditoire que le caricaturiste avait un devoir de responsabilité peut-être plus grand aujourd’hui. L’exemple donné est celui des dessins de Mahomet, publiés au Danemark, qui ont provoqué la colère de beaucoup d’islamistes. « Ce n’est pas un phénomène nouveau, rappelle M. Nadeau. Un conseiller municipal de la ville de Montréal a déjà envoyé des fiers-à-bras casser la gueule d’un caricaturiste au 19e siècle. »

Si beaucoup de journalistes plaide en faveur d’une liberté d’expression presque absolue, Garnotte pense que les caricaturistes sont souvent les premiers à savoir si un message éditorial va trop loin. « Nous sommes les premiers à être bastonnés, dit-il. Mais le fait que nous ne puissions pas faire notre métier est toujours le signe que la société a un problème plus profond. » 

Il souligne donc une auto-censure plus marquée chez les caricaturistes que les autre éditorialistes. « Les dessins ne doivent pas être uniquement des attaques, avance Garnotte. Je crois que c’était le cas avec les dessins de Mahomet. Moi je me demande toujours si la personne qui est victime pourrait rire avec moi de ma caricature. »

Au Québec, plusieurs caricaturistes ont marqué leur époque. C’est le cas d’Albéric Bourgeois qui a oeuvré à La Presse de 1905 à 1954. Le personnage de Baptiste Ladébauche qu’il a repris de son créateur Hector Berthelot a tellement marqué l’esprit populaire que des monologues du personnage ont été enregistrés sur disque. Plus de 80 disques 78rpm aurait été produits en une vingtaine d’années au début du 20e siècle. Il pourrait être considéré comme le penchant de Gérard D. Laflaque aujourd’hui.

 

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