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(Crédit Photo: Flickr/Jori Avlis)

Qui a peur des Chinois?

Élites corrompues, problèmes de transparence, brutalité policière, ça vous dit quelque chose ? Il semblerait que la Chine est accablée de problèmes assez similaires aux nôtres.

Des « hommeries » comme celles de la constable 728, de Zambito ou des firmes de génie-conseil. On dit que la Chine est si loin de nous qu’en creusant suffisamment, et toujours en ligne droite, on peut s’y rendre . Ses ressemblances avec nous se résument- elles à se  vices ? Il faut dire qu’on part de très loin. Les Chinois ont toujours eu, aux yeux des Occidentaux, le rôle peu enviable de l’étranger. Ils représentent l’ultime mystère humain, l’insondable. Nos ancêtres les ont gentiment surnommés « le péril jaune ».

L’essor à la vitesse grand V de ce pays fait le bonheur des marchands de périodiques qui annoncent régulièrement « le siècle chinois », ou quelque chose du genre. Les grandes absentes de ce formidable éveil sont de bonnes relations publiques. De ce que j’en sais, ce problème n’est pas nécessairement attribuable aux Chinois eux-mêmes ni à leur « étrangeté ». Les relations avec l’extérieur sont essentiellement le fait de quelques milliers de mandarins du Parti communiste qui censure, endort, étouffe, torture et emprisonne une fascinante société de plusieurs centaines de millions d’êtres humains.

Entre la couverture des élections américaines, qui se mesure en milliers d’heures de télévision et en kilomètres de commentaires et d’éditoriaux, et celle du congrès du Parti communiste chinois, qui n’a intéressé que quelques universitaires ou curieux dans le monde, la différence est frappante.

Que le silence radio en provenance de la société chinoise soit presque maintenu tient de l’exploit. Mais les choses changent. D’abord, comme l’indiquait The Economist dans ses pronostics annuels en décembre dernier, les entreprises chinoises comprennent de mieux en m ieux qu’elles doivent s’adresser au monde entier. Il leur faut trouver des noms faciles à retenir et engager des spécialistes de la société de consommation pour mieux saisir leurs futurs clients, nous, les riches Occidentaux.

Il semblerait que le marché intérieur de la Chine s’essouffle. Les probabilités qu’elle paraisse désormais un peu moins différente en cette matière sont élevées, puisqu’au bout de tout ce processus, il y a du profit à faire pour les intéressés.

Le travail le plus difficile reste à faire pour l’immense majorité des citoyens accablés par l’un des plus féroces et, surtout, efficaces systèmes répressifs de la planète. Ces gens qui sont prêts à en endurer beau coup pour profiter des quelques opportunités que leur offre leur système vacillant.

On les voit dans toute leur humanité dans Last Train Home de Lixin Fan, primé par la critique. On constate la pluralité de cette société dans l’émouvant Ai Weiwei : Never Sorry, tout en découvrant un être d’exception.

Surprise ! la Chine n’est pas un monolithe. Tout cela n’est qu’une invitation à vous déplacer au club vidéo. Allez-y, dévorez des films portant sur la richesse de cette civilisation millénaire. Les Chinois sont différents, comme nous.

Charles-Albert Morin

 

 

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