La jeunesse québécoise s’est exprimée haut et fort lors du printemps érable, mais depuis, elle peine à se faire entendre. Trois étudiants québécois ont donc décidé de créer Point de fuite, un site internet qui se veut un espace de débat où les jeunes de tous horizons peuvent publier des articles d’opinion.
Lancé en février dernier lors du Sommet sur l’enseignement supérieur, le site Point de fuite a été créé par trois étudiants en droit et en économie des universités McGill et de Sherbrooke, Michaël Lessard, Nicolas Benoît-Guay et Léo Fugazza.
L’idée de Point de fuite leur est venue en réaction au silence des médias sur les questions touchant les jeunes une fois le conflit étudiant terminé. « On écoute les jeunes seulement quand il y a une problématique jeune », regrette M. Fugazza. Les discours étaient très polarisés lors du printemps érable. « Les positions étaient souvent très campées, déplore M. Lessard. Il n’y avait pas de place pour les nuances, la diversité et les nouvelles idées. »
Le nom Point de fuite n’a pas été choisi au hasard. « En art, le point de fuite est un point imaginaire où se rejoignent les lignes direc- trices d’un dessin qui servent à lui donner de la perspective, commente M. Fugazza. L’idée est donc que des jeunes de toutes origines puissent se joindre à un endroit. » Le site se veut non partisan. Tous les jeunes de moins de 30 ans peuvent s’exprimer sur des thèmes en lien avec le Québec, tels que l’éducation, l’économie, la justice, l’environnement, la culture ou encore la politique. Par exemple, au sujet du droit de grève étudiant, deux textes s’affrontent, l’un constituant une réponse à la thèse avancée par l’autre.
Un argumentaire sérieux
L’étudiant en droit de l’UdeM et collaborateur à Point de fuite, Mathieu Santos-Bouffard, apprécie l’ouverture du projet. «Ce site est une voix hors cadre pour les jeunes : aucun groupe particulier n’est visé, tout le monde peut y écrire», explique-t-il. Mais Point de fuite reste vigilant quant à la qualité du contenu publié. Les articles soumis doivent présenter une argumentation soutenue ainsi que leurs sources. Les textes sont révisés par un comité avant d’être publiés. D’autres réviseurs, également âgés de moins de 30 ans, seront bientôt recrutés.
Pour l’ancien étudiant en philosophie de l’UdeM et collaborateur à Point de fuite, Jonathan Folco, la solidité argumentaire du texte prime. « Ce qui permet de trancher le débat, ce n’est ni la force ni la rhétorique, mais c’est le meilleur argument, celui qui va être capable, justement, de faire avancer les idées puis de passer à l’action, » explique-t- il. Tout comme M. Santos-Bouffard, il souhaite voir se développer une section « commentaires ». « Cela me permettrait d’éclaircir certaines affirmations qui peuvent être très catégoriques parfois, précise M. Folco. Le débat permettrait de nuancer, d’améliorer et de corriger mes propos ». Selon M. Lessard, des sections « commentaires » et « débat de la semaine » seront prochainement créées.
Point de fuite connaît déjà un beau succès. « En un mois, nous avons récolté 310 “J’aime” par l’intermédiaire de Facebook. C’est quand même bien, mais cela m’étonne beaucoup, s’enthousiasme M. Lessard. Plus de visibilité permettrait de relayer le message vers d’autres médias. » Le site ambitionne également de porter le débat à l’attention des autres générations et des décideurs.